Retraites : l’appel au réveil des syndicats

L’intersyndicale, qui regroupe six syndicats de retraités, a tenu une conférence de presse concernant l’avancée de l’indexation du complément retraite de solidarité et la mise en place de la carte senior. Les responsables du mouvement exhortent les retraités à se mobiliser et annoncent que sans avancées sur ces deux points, des actions fortes seront menées.

Cela fait presque un an que plusieurs syndicats de retraités se sont regroupés en intersyndicale. Un an que ce mouvement représentant 35 000 retraités se confronte à des « blocages » du gouvernement. Le mouvement tient toutefois à préciser que ces oppositions sont surtout du fait du président du gouvernement, Philippe Germain. Si tous les syndicalistes ne partagent pas les idées politiques de Christopher Gyges, ils lui reconnaissent son engagement et sa volonté de trouver des solutions.
C’est le membre du gouvernement, responsable de la protection sociale et de la solidarité, qui avait été chargé du dossier par Philippe Germain, à l’issue d’une rencontre obtenue après une manifestation devant le gouvernement en octobre 2017. Pour les syndicats, l’idée était également de pro ter de ce travail pour faire un état des lieux de ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Le constat est sans appel:« Il n’y a rien qui va ! Il n’y a tout simplement pas de politique de retraite en Nouvelle-Calédonie », lâche Bruno Heuea Poroï, le porte-parole de l’intersyndicale.

Des retraités oubliés des politiques publiques

Des sujets de court et long terme ont été identifiés pour construire cette politique et bientôt, le mouvement entend bien faire aboutir les deux sujets sur lequel il travaille depuis près d’un an : l’indexation du complément retraite de solidarité sur l’évolution des prix et la mise en place d’une carte senior. Sur cette dernière, l’intersyndicale a relativement bien avancé puisqu’elle est parvenue à une définition de ce qu’est un senior et a rencontré l’ensemble des partenaires et notamment le syndicat des commerçants, mais aussi les élus a n de leur expliquer l’importance de cette carte et pas seulement pour les habitants de la province Sud.

Elle ne coûte pour l’instant rien aux collectivités puisqu’il s’agit pour le moment d’engagements des prestataires de services et des commerçants. La volonté, à terme, est de pouvoir proposer des prix avantageux sur des services tels que la poste, l’électricité, l’eau ou encore les poubelles. Et si les collectivités ont probablement à s’engager, les syndicats insistent sur l’importance que la gestion soit détachée du pouvoir politique.

Le second dossier qui coince concerne le complément retraite de solidarité (CRS), accordé aux personnes ayant cotisé, mais pas su ffisamment, pour que leur pension atteigne 90 000 francs. Un montant xe contrairement au minimum vieillesse de 85 000 francs qui est versé à toute personne vivant en province Sud avec des ressources inférieures à 85 000 francs, qui n’a pas forcément cotisé, et qui est indexé sur l’évolution du coût de la vie (le minimum est aujourd’hui de 88 034 francs).

Pour les syndicalistes, le fait que le CRS ne soit pas indexé sur le coût de la vie représente une profonde injustice. D’autant que cette indexation représente, selon les syndicats, un

peu plus de 50 millions de francs par an. En faisant les fonds de tiroir, Christopher Gyges a bien trouvé 43 millions de francs dans les comptes du GIP Union pour le handicap, une structure lancée en 2010 qui a fait long feu. Mais le président du gouvernement refuse de passer le texte en collégialité tant qu’un nancement pérenne ne sera pas trouvé. Un prétexte que les syndicats balayent de la main en mettant en avant les dizaines de millions de francs dépensés par le gouvernement par ce qu’ils n’estiment pas vraiment comme des priorités.

Une assemblée générale le 17 mai

En résumé, l’intersyndicale assure que les retraités sont totalement oubliés, ce qui est une erreur pour plusieurs raisons. La première est qu’ils votent. La deuxième est qu’ils ont un rôle important dans l’économie, de par leur consommation, mais aussi par leur implication dans l’économie informelle et en particulier au niveau associatif, un circuit économique mal considéré par les institutions calédoniennes qui remplit pourtant des missions fondamentales pour l’économie et la cohésion sociale. L’intersyndicale appelle donc l’ensemble des retraités à se réveiller et à venir participer à l’assemblée générale qui se tiendra le 17 mai, à la Maison des syndicats de la Vallée-du-Tir, a n de prendre les décisions qui s’imposeront devant un refus du gouvernement de faire avancer ces deux dossiers malgré les propositions qui sont sur la table. « Si le président du gouvernement nous cherche des poux, il va en trouver, glisse un membre de l’intersyndicale. Nous avons tous été syndicalistes, nous savions ce qu’il faut faire. » Un sursaut d’autant plus nécessaire alors que la réforme du système de protection sociale qui se pro le pourrait bien égratigner une nouvelle fois le pouvoir d’achat des retraités.

M.D