Quinze jours pour découvrir la presse

Chaque année depuis 26 ans, la presse s’invite dans les écoles, collèges et lycées. La Semaine de la presse est une quinzaine en Calédonie qui relaie l’événement depuis quatre ans. L’idée est de faire découvrir aux élèves les médias et leur diversité, ainsi que l’importance d’une presse libre dans l’exercice d’une démocratie.

 

Censure, manipulation, collusion, partis pris… Beaucoup de mots qui suscitent tous les fantasmes et collent à la peau de beaucoup de médias. À raison parfois, mais très souvent à tort. Et lorsque l’on demande aux jeunes s’ils connaissent le mot déontologie (*), la réponse fuse, « oui, c’est un truc au temps des dinosaures ! ». Presque…

La Semaine de la presse, organisée depuis vingt-six ans en Métropole, permet précisément de lutter contre ces idées reçues qui sont partagées un peu partout autour du globe. À cette occasion, l’Éducation nationale s’appuie tout particulièrement sur le Clemi, le centre d’éducation aux médias d’information qui produit des fiches pédagogiques, mais aussi des médias, de plus en plus nombreux, qui viennent à la rencontre des jeunes, un public particulièrement difficile à toucher pour les médias traditionnels.

Une participation
de 67 établissements

En Calédonie, le rendez-vous est relayé depuis quatre ans, même si des opérations étaient ponctuellement organisées auparavant. Pour des questions pratiques, la semaine est étirée sur quinze jours afin de permettre à tous les établissements de recevoir des professionnels, étant donné leur faible nombre. Et chaque année, ils sont plus nombreux à participer, autant du côté des médias que des écoles, collèges et lycées. Cette année, 67 établissements se sont inscrits auprès du Centre de documentation pédagogique (CDP qui est rattaché au Clemi).

Pour Sabine Ollivier, responsable du pôle documentaire du CDP, cette quinzaine est importante. Grâce au soutien des Nouvelles messageries calédoniennes de presse qui fournit 10 000 exemplaires de revues, « les tout petits établissements qui n’ont pas de budget d’acquisition, peuvent avoir accès aux revues, ce qui n’est pas forcément le cas le reste de l’année en Brousse et aux Îles ». Mais au-delà du manque de matériel qui est parfois une réalité, la quinzaine met un coup de projecteur sur les revues disponibles dans les CDI, « que les jeunes ne consultent pas nécessairement » le reste de l’année, relève Marie-Pierre Fèvre, professeur documentaliste au lycée Jules-Garnier.

Internet et la rumeur

Un constat qui pousse Marie-Pierre Fèvre à faire réfléchir les jeunes autour des problématiques liées à l’Internet, média privilégié chez les ados, et plus particulièrement les questions de rumeurs et de véracité de l’information. L’idée est de leur en faire comprendre l’importance pour leur travail scolaire, mais pas seulement.

Au-delà de mieux se retrouver dans la jungle de l’information, le rendez-vous et la rencontre avec les professionnels s’inscrivent dans le cadre de l’éducation civique et de la réflexion sur la démocratie et la liberté d’expression. Une question qui se pose avec d’autant plus d’acuité après les attentats de Charlie Hebdo qui était un des thèmes de cette édition, au même titre, par exemple, que les stéréotypes sexistes qui sont encore légion dans les publications.

 

* Le code de déontologie est un ensemble de droits et de devoirs qui régissent une profession en vue du respect d’une éthique.

 

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Ça bouge dans les médias métropolitains

La boulimie de Patrick Drahi, le patron d’Altice, n’en finit d’alimenter la polémique. Après avoir racheté Libération, l’Express, l’homme d’affaires, qui ne fait pas vraiment l’unanimité, lance une offre publique d’achat sur NextradioTV qui comprend notamment la chaîne BFM TV et la radio RMC. Cette opération va notamment à l’encontre d’une règle de la profession qui veut qu’un patron de presse ne détienne pas plus de deux sur trois des grands médias (radio, télé et presse écrite nationale), ce qui sera le cas de Patrick Drahi au cas où l’OPA aboutirait. Le Syndicat national des journalistes s’inquiète des conséquences de cette concentration sur le contenu éditorial ainsi que sur l’emploi.

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Charlie Hebdo devient « solidaire »

Le journal satirique sera le premier a adopté le tout nouveau statut d’entreprise solidaire de presse. Ce statut impose notamment de réinvestir au moins 70 % des bénéfices annuels dans l’entreprise. Le volet fiscal manque encore au dispositif. Des dispositions devraient en effet permettre à des sociétés ou des lecteurs-citoyens d’investir dans ces entreprises en échange de réductions d’impôts.