Qui va prendre la présidence du Congrès ?

Après l’annonce de Nicolas Metzdorf et de Nina Julié de quitter Calédonie ensemble et la réponse de leur ancien parti, difficile de dire qui aura la majorité, vendredi, lors de l’élection de la présidence du Congrès. Pourtant, si on se réfère aux dernières déclarations, il se pourrait bien que le parti de Philippe Gomès arrive à tirer son épingle du jeu pour la présidence, avec l’appui des loyalistes.

Dès le résultat des élections provinciales, les tractations entre L’Avenir en confiance, Calédonie ensemble et l’Éveil Océanien se sont multipliées pour savoir comment les trois composantes pouvaient se répartir les sièges et les présidences de la province Sud, du Congrès et du gouvernement. Des tractations parfois très délicates entre les représentants de L’Avenir en confiance et Calédonie ensemble. L’Éveil océanien campant visiblement depuis le début sur ses positions en faveur du camp loyaliste.

L’élection de la province Sud passée, mettant Sonia Backes en toute logique au perchoir, la nouvelle présidente annonçait qu’il fallait impérativement pour le Congrès « trouver des équilibres, avoir des discussions pour répartir les responsabilités ». Un équilibre que voulait, semble-t-il, Calédonie ensemble, dans la voix de Philippe Dunoyer : « Pour nous, le souci est d’assurer une majorité au Congrès (..) La clé de ce problème se trouve d’une manière évidente entre les mains, non pas uniquement de L’Avenir en confiance, mais entre celles de trois partis. »

Et pourtant, même si volonté il y avait, aucun accord n’a pu être trouvé jusqu’à mardi, L’Avenir en confiance avait pourtant proposé la présidence du Congrès à Calédonie ensemble, alors que le parti voulait la présidence de la province Sud et celle du gouvernement en échange d’une alliance dans l’hémicycle du boulevard Vauban. « Philippe Gomès a malheureusement balayé cette offre généreuse et responsable, refusant ainsi la constitution d’une majorité non indépendantiste », indiquait L’Avenir en confiance, la semaine dernière, alors que Calédonie ensemble répliquait pour se défendre qu’un « accord de partage des responsabilités a toujours été conclu entre les formations non indépendantistes en 2009 comme en 2014. L’équation a toujours été la même : le mouvement qui arrive en tête décide de l’institution qu’il souhaite présider entre la province et le gouvernement, la formation qui est en deuxième assume la responsabilité de l’autre institution et enfin, la formation arrivée en troisième position, préside le Congrès. »

Un pavé dans la mare

Calédonie ensemble n’acceptant pas la proposition de L’Avenir en confiance, la situation semblait donc figée et inquiétante quant à l’élection du Congrès et de sa présidence. Si aucun accord n’était trouvé d’ici vendredi entre les non-indépendantistes, au nombre de voix, le Congrès passerait donc aux mains des indépendantistes.

Mais c’était sans compter sur la position de deux membres de Calédonie ensemble qui, mardi soir, ont jeté un pavé dans la mare. Nina Julié et Nicolas Metzdorf ont annoncé dans une lettre aux militants et confirmé à la presse qu’ils décidaient de quitter Calédonie ensemble à la suite de manœuvres politiciennes de leur direction lors de l’élection de l’assemblée de la province Sud. La direction du mouvement leur aurait demandé de voter pour « mettre en minorité L’Avenir en confiance à l’assemblée de la province Sud, et ce, grâce à une alliance avec le FLNKS et l’Éveil océanien », ce qu’ils auraient refusé, avançant que cette décision ne respectait pas les résultats des dernières élections et qu’elle était contraire aux engagements pris lors de la campagne.

« À aucun moment nous n’avons évoqué l’éventualité d’une alliance avec l’Union calédonienne, ni avec le FLNKS. Nous avons même insisté sur l’importance que les institutions du pays reflètent la volonté de la majorité des Calédoniens : celle de continuer à s’émanciper, dans la paix et dans la France. » De fait, Nina Julié et Nicolas Metzdorf siègeront sans étiquette à la province Sud pour les deux et au Congrès pour Nicolas Metzdorf. Faisant suite à cette déclaration, l’Éveil océanien a tenu à préciser dans un communiqué qu’il avait « également refusé cette proposition d’alliance mentionnée par Nina Julié et Nicolas Metzdorf (…) afin de respecter la volonté de la majorité des électeurs de la province Sud. »

La réponse de Calédonie ensemble ne s’est pas fait attendre avançant qu’il s’agissait d’une « fake news », mais que le parti prenait « acte de la défection de Nina Julié et de Nicolas Metzdorf. »

Deux blocs

En tout cas, si de telles manœuvres politiciennes se sont produites avant le vote de l’assemblée de la province Sud, au sein du parti de Philippe Gomès, cela signe bien le début d’une implosion et peut être la fin de Calédonie ensemble. Les détracteurs et les mécontents semblent de plus en plus nombreux au sein du parti. Ils n’avaient pas imaginé pouvoir se lier aux indépendantistes pour gouverner. Pourtant ils avaient été prévenus…

Concernant les blocs du Congrès, Calédonie ensemble passe de 7 à 6 élus, Nicolas Metzdorf siège sans étiquette, l’Éveil océanien compte 3 sièges, Agissons pour le Nord, 2, et L’Avenir en confiance en a 16, soit 28 contre 26 pour des indépendantistes. Il est donc indispensable que les non-indépendantistes arrivent à s’unir vendredi. Un Congrès qui passerait aux mains des indépendantistes aurait de graves répercussions dans cette dernière mandature de l’Accord de Nouméa, si ce n’est la vision que pourrait avoir Paris sur la Calédonie et les efforts que l’État pourrait nous consentir, quelques mois seulement après le référendum. Sans parler de la situation et de la confiance économique, de l’avenir institutionnel ou de la question des 41 000 exclus des provinciales.

Alors même si la gestion du futur Congrès est ardue et délicate compte tenu du poids en sièges (28 contre 26) des deux camps, l’étiquette du président et de son bureau sera donc déterminante pour l’avenir de la Calédonie.

Quid des votes ?

Que peut-on alors dire des votes à cette heure-ci ? Si on se réfère aux dernières déclarations, pour Nicolas Metzdorf, « si Calédonie ensemble présente un candidat à la présidence du Congrès, nous voterons pour lui. S’il y a un troisième tour, nous voterons pour le candidat non indépendantiste le mieux placé ». Pour Philippe Gomès, « Calédonie ensemble votera pour son candidat à la présidence du Congrès, conformément aux échanges avec L’Avenir en confiance et l’Éveil océanien. Il en sera de même pour le candidat non indépendantiste pour la présidence du gouvernement ».

Les intentions des deux hommes sont donc claires et pour obtenir la majorité des voix, les loyalistes, accompagnés de l’Éveil océanien, n’ont d’autre choix que d’appuyer la candidature d’un élu Calédonie ensemble pour que la présidence du Congrès n’aille pas aux mains des indépendantistes et vraisemblablement, le nom de Philippe Michel est murmuré dans les couloirs. Réponse ce vendredi…

C.S.