Provinces : les présidences installées

Les trois assemblées provinciales ont désigné, vendredi dernier, leur nouvel exécutif. S’il a fallu deux tours pour élire Sonia Backes dans le Sud, Paul Néaoutyine a décroché un cinquième mandat dans le Nord et Jacques Lalié remplace Néko Hnepeune dans les Îles.

L a nouvelle présidente se présentait face Roch Wamytan pour le FLNKS et Milakulo Tukumuli pour l’Éveil océanien, le nouveau venu des élections provinciales. Au premier tour, Sonia Backes a recueilli 20 voix, Roch Wamytan 7, Milakulo Tukumuli 4 et il y a eu neuf bulletins blancs, ceux de Calédonie ensemble, qui n’a pas présenté de candidat. Au deuxième tour, l’Éveil océanien s’est retiré donnant ses voix à Sonia Backes, qui a été élue avec 23 voix, Roch Wamytan en a recueilli 7 et il y a eu les 9 bulletins blancs de Calédonie ensemble ainsi qu’un bulletin nul (une enveloppe qui contenait un vote Backes et un blanc). La nouvelle présidente de la province Sud semble donc avoir obtenu le soutien de Milakulo Tukumuli.

« La présidente de tous ceux qui vivent ici »

Sonia Backes, a tout d’abord voulu se positionner, lors de sa première prise de parole à la tête de l’assemblée, en tant que la présidente de tous ceux « qui vivent ici, dans notre province. De celles et ceux qui y ont leurs racines, de celles et ceux qui sont venus des provinces Nord et des Îles pour y résider, mais aussi de celles et ceux qui sont venus d’ailleurs, de Métropole, du Pacifique, qui ont participé à son développement et qui ont choisi d’y faire souche, mais qui n’ont pas pu participer à cette élection. » Et d’ajouter : « Je serai une présidente à temps plein. Une présidente à l’écoute, attentive à tous, qui respectera toutes les sensibilités et les opinions qui s’exprimeront dans cet hémicycle. »
Après avoir ensuite salué son prédécesseur, Philippe Michel, pour qui elle a été une « opposante déterminée », Sonia Backes a tenu à adresser un message particulier à l’Éveil océanien, à « ceux qui appartiennent à la force politique qui fait son entrée dans cet hémicycle ». La nouvelle présidente a tenu à leur dire : « Si vous êtes là, c’est que nous n’avons, sans doute, collectivement pas su répondre aux attentes de la communauté wallisienne et futunienne. Notre responsabilité sera d’écouter le message que vous nous avez fait passer avec ce vote. »

Sonia Backes est ensuite revenue sur le vote de ces provinciales, en rappelant que les Calédoniens ont adressé un message clair, celui de changement. « Ils veulent d’abord que nous changions notre façon de faire de la politique (…) Je crois qu’ils attendent un comportement différent de leurs élus. Plus d’engagement, plus de respect et plus de pragmatisme. Peut-être un peu moins d’idéologie et davantage de bon sens. Ils attendent aussi plus de proximité et davantage d’humanité, d’écoute, de patience et de tolérance », a-t-elle dit.

Une ligne de conduite qui guidera son « action à la tête de l’institution. » Un renouvellement de la pratique politique qui passera, selon elle, aussi par un travail « main dans la main » avec les maires de la province, l’État et les autres provinces, une main tendue aux élus « qui ne sont pas de sa famille politique » parce que le « dé du vivre ensemble et les enjeux qui nous attendent sont énormes, nous avons plus que jamais besoin de sérénité, de calme et d’une farouche volonté d’avancer ensemble », a t-elle ajouté.

Les vice-présidences vont à L’Avenir en confiance

Il aura fallu plusieurs tours et près de deux heures pour connaître le nom des trois vice-présidents de la province Sud, L’Avenir en confiance proposant pour chaque siège un candidat, tout comme le FLNKS et l’Éveil océanien. Au final, ce sont trois postes qui vont à la liste de L’Avenir en confiance : Philippe Blaise (Républicains calédoniens) a été élu au deuxième tour avec 21 voix contre 7 pour Ithupane Tieoue (FLNKS), Gil Brial (MPC) retrouve son fauteuil de deuxième vice-président au deuxième tour, avec 21 voix contre 8 pour Sylvain Pabouty (FLNKS) et Yoann Lecourieux (Rassemblement) est élu troisième au troisième tour de scrutin, à la majorité relative par 20 voix contre 7 pour Alosio Sako (FLNKS) et 4 pour Milakulo Tukumuli.

L’Avenir en confiance occupe donc tous les postes de l’exécutif. Pour Sonia Backes, il s’agit « d’un symbole fort, car tous les sièges occupés par une même composante à la tête de l’assemblée, cela n’était pas arrivé depuis 1999. Certes, un exécutif de L’Avenir en con ance, mais je travaillerai avec tout le monde ».
Un message d’ouverture qui laisse planer le doute chez Calédonie ensemble. Pour Philippe Dunoyer, « le premier acte qui aurait pu symboliser cette main tendue aujourd’hui cela aurait pu être au moment de l’élection des vice-présidents, cela ne s’est pas vu ».

Du côté du FLNKS, Roch Wamytan a fait remarquer que « les partis non indépendantistes s’étaient jusqu’alors partagé la présidence de l’assemblée de la province Sud. Là, L’Avenir en confiance n’a pas voulu le faire et le fondement de l’exécutif n’est pas représentatif de la population de la province. Ce sont essentiellement les quartiers du sud qui sont représentés et je ne sais pas si Sonia Backes arrivera à faire passer son programme ainsi ». Un avis partagé par Milakulo Tukumuli qui a tenu à répéter que son « parti avait voté en son âme et conscience, non pas pour un parti loyaliste ou indépendantiste », qu’il « était pour la présidence dans la suite logique du choix des habitants de la province », mais qu’il regrettait « qu’il n’y ait pas eu de vice-président qui regroupe l’ensemble de partis politiques représentés dans la province Sud. »


Assemblée de la province Nord

Pas de changement en province Nord. Paul Néaoutyine a été réélu pour un cinquième mandat. Il est entouré de Nadège Faivre, première vice-présidente, Jean-Pierre Djaïwé, deuxième vice-président, et Victor Tutugoro, troisième.

Seul candidat à sa succession, Paul Néaoutyine a réuni, vendredi, 22 voix, soit la majorité de l’hémicycle de la province Nord, comprenant les 10 sièges de l’Uni, les 9 de l’UC-FLNKS et les 3 voix d’Agissons pour le Nord. C’est dans une ambiance décontractée durant laquelle le doyen de l’assemblée, règlement oblige, a présidé l’élection. Un doyen qui n’était autre que Paul Néaoutyine lui-même. À 67 ans, il a donc procédé au vote, lui-même successeur au poste de président. En tant que seul candidat, il a une nouvelle fois obtenu le siège, par 22 voix sur 22 possibles. « C’est un vote unanime. Je vais donc pouvoir proposer des politiques publiques pour mettre en œuvre ce que nous avons proposé. C’est aussi un signe de con ance important au moment où s’ouvre la dernière mandature de l’Accord de Nouméa », a déclaré le président dans l’hémicycle, lui qui entame sa 21e année de mandat. C’est la première fois en cinq mandats que Paul Néaoutyine est élu à l’unanimité.

Les vice-présidences

Nadine Faivre a été élue vice-présidente à la majorité relative par 10 voix (celles de l’Uni) contre 9 pour Henriette Hmae (UC) au troisième tour de scrutin. Pour la deuxième vice-présidence, Jean- Pierre Djaïwé (Uni), qui fait son retour à l’assemblée, l’a emporté au deuxième tour, avec 12 voix, 2 élus de plus que le groupe Uni, et 10 bulletins blancs. La troisième vice-présidence revient à Victor Tutugoro qui l’emporte à la majorité relative de 10 voix contre 9 pour Maria Waka et trois bulletins blancs, ceux d’Agissons pour le Nord. L’Uni conserve donc tous les postes de l’exécutif. L’UC espérait une vice- présidence.

Rappelons que la liste loyaliste Agissons pour le Nord a obtenu trois sièges avec le maire de Kouaoua, Alcide Ponga, Pascale Chiara Montagnat et le maire de Koumac, Wilfried Weiss. Pour Alcide Ponga, « nous avons respecté le choix des électeurs et nous allons accompagner comme il se doit la présidence ».

La première assemblée plénière est annoncée pour le 12 juin avec l’élection des présidents de commissions.


Assemblée de la province des Îles

La province reste à l’Union calédonienne. Seul candidat en lice, Jacques Lalié a été élu avec 12 voix sur 14. Dans son discours, il a tenu à rappeler qu’il fallait prôner l’unité dans le camp indépendantiste.

Après des négociations menées entre les forces indépendantistes des Îles avant l’élection, Jacques Lalié a été le seul à poser, vendredi, sa candidature pour le siège de président de la province. L’homme, qui représente 6 élus sur 14, succède à Néko Hnepeune grâce à 12 suffrages en sa faveur, un bulletin blanc et un nul. Un vote qui n’a duré que quelques minutes devant les coutumiers, les familles, les militants. Dans son discours d’investiture, Jacques Lalié a tenu à rendre hommage à Néko Hnepeune, président de l’assemblée pendant 15 ans, en saluant le « partenaire du Front, le Palika » et il a félicité Omayra Naisseline pour son entrée dans l’hémicycle. Avant de poursuivre : « Notre bilan partagé et commandé par l’exécutif sortant nous o re des perspectives pour réaliser au mieux les politiques publiques. Il importe donc d’envisager d’autres leviers et modes d’organisation innovante afin de pallier ces carences et ainsi répondre aux besoins de notre population. »

Le nouveau président souhaite ainsi qu’un travail « de partenariat proactif soit un des fondements de cette nouvelle gouvernance » et sa vision sera de « réformer la méthode de portage des politiques publiques. Et au-delà de la priorités donnée à l’aspect financier de la performance, l’approche générale du secteur public sera celle d’une culture du résultat ». En ce sens, Jacques Lalié souhaite responsabiliser les décideurs publics en insistant sur le contrôle de l’efficacité des actions publiques. « Cette vision permettra la construction de notre pays dans le respect de l’identité de chacun, et posera définitivement les grandes orientations de notre projet de société du FLNKS afin que notre nation souverain Kanaky Nouvelle-Calédonie soit une réalité pour 2020, c’est la raison pour laquelle je réaffirme la volonté de l’UC-FLNKS de prôner l’unité. »

Trois nouveaux à la vice-présidence

Robert Kapoeri, du Palika Îles, a été élu premier vice-président avec 12 voix et 2 bulletins blancs, Julienne Lavelloi, de l’UC-FLNKS, devient deuxième vice-présidente, là aussi avec 12 voix et 2 bulletins blancs, enfin, Omayra Naisseline, de la Dynamique autochtone, est la troisième, mais uniquement avec les votes de son parti et de l’UC-FLNKS, soit 8 voix pour et 6 blancs.

Les 14 membres de l’assemblée se retrouveront pour convenir des commissions spécialisées.

C.S