Promosud persiste et signe

Suite à la publication du rapport de la Chambre territoriale des comptes, la présidente du conseil d’administration et le directeur de Promosud ont organisé une conférence de presse afin de clarifier leur position et préciser la situation financière de la société d’économie mixte.

Finalement, tout va bien. C’est en substance le message qu’ont souhaité faire passer Martine Lagneau, la première vice- présidente de la province Sud et présidente du conseil d’administration de Promosud, et Michel Lasnier, le directeur de la société d’économie mixte (SAEML). Suite à la publication du rapport de la Chambre territoriale des comptes, les deux responsables ont jugé nécessaire d’organiser une conférence de presse afin de rassurer quant à la situation financière du bras armé économique de la province Sud.

Il faut dire que le document a de quoi faire peur. Les magistrats y pointent de nombreux dysfonctionnements et une situation budgétaire alarmante (lire notre édition du 26 juillet). « Aucun risque ne pèse sur le groupe Promosud », assure Michel Lasnier. Si les perspectives de la société sont si sombres (un déficit de quatre milliards de francs), c’est que les magistrats de la CTC se sont basés sur les projections de 2015. Or, insiste le directeur, les choses ont été remises à plat depuis. Et de fait, Promosud affiche une trésorerie de près de 1,7 milliard de francs contre une prévision de déficit de 42 millions de francs. Une situation qui n’est pas rose, du fait d’un assèchement des dividendes versés par les sociétés dans lesquelles Promosud a investi, mais loin d’être au bord du gouffre.

Aucune idée de l’efficacité de la dépense publique

En revanche, les responsables de la société ne lâchent rien sur le reste et en particulier sur l’efficacité de la dépense publique. Sur la rentabilité des sociétés, mais aussi le nombre d’emplois créés, Martine Lagneau estime qu’elles n’existeraient tout simplement pas sans l’intervention de Promosud et que, par conséquent, tous les emplois de ces sociétés sont à mettre sur le compte de la dépense publique. Une vision qui fera probablement tousser les experts qui soulignent, dans une multitude de rapports, l’absence d’évaluation des politiques publiques. La gestion de l’argent public en province Sud ne fait pas exception.

Idem sur la durée de portage des sociétés qui tourne autour de dix ans. La vice-présidente estime qu’il s’agit d’une durée normale compte tenu du fait que les sociétés sont créées pour 99 ans. Si Promosud n’a pas nécessairement vocation à gagner de l’argent, comme l’ont rappelé les élus, son objectif n’est pas non plus d’en perdre. La reprise des participations ou leur dépréciation sont, dans près de 40 % des cas, le fruit d’une liquidation des sociétés. Sur la période 2008-2016, le taux de recouvrement des investissements de Promosud est de seulement 38 %. Sur cette même période, les pertes de la SAEML se montent à 1,049 milliard de francs. Et les piètres résultats du Sheraton de Bourail ne devraient pas permettre d’améliorer la situation.

Pour autant, Michel Lasnier estime que la création d’un comité des investissements, recommandée par la CTC, n’est pas nécessaire du fait de la composition du conseil d’administration. Selon le directeur, la présence de représentants des banques, des chambres consulaires et de chefs d’entreprise est largement suffisante pour juger de la viabilité ou non des projets examinés. Mais les magistrats recommandent également qu’une analyse juridique approfondie soit réalisée afin d’éviter toute atteinte à la liberté du commerce et de l’industrie, autrement dit, pour ne pas décourager l’initiative privée.

Un rapport d’activité présenté aux élus prochainement

Des recommandations qui pourraient pourtant aider Promosud à améliorer l’efficacité de ses interventions. Paradoxalement, sur l’opportunité d’assurer un meilleur contrôle de gestion de ses filiales, elle avait répondu à la CTC qu’un poste avait été créé en septembre 2016. Détail amusant, à peine une semaine après la publication du rapport, un appel à candidatures pour un contrôleur de gestion pour les filiales était diffusé.

Répondant à une autre recommandation, Promosud devrait prochainement présenter son rapport d’activité aux élus de l’assemblée de la province Sud. On ne peut que souhaiter qu’ils puissent mesurer le rapport coûts- bénéfices pour la collectivité et s’assurer que les Calédoniens payent pour la structuration de filières, en évitant de subventionner des filières non viables sans le soutien des finances publiques.

M.D.