Premières Francofolies : un beau succès !

Trois jours de festival, un choix judicieux d’artistes, un public survolté, une scène superbe et une organisation réussie… Le pari fou de MusiCal Productions d’exporter les Francofolies à Nouméa a été largement remporté.

À qui se demandait ce qu’allaient donner des Francofolies, festival mythique de La Rochelle, à l’autre bout de la terre, voilà une concrétisation qui est sûrement allée au-delà des attentes. Après New York, Montréal, La Réunion, Nouméa a su, elle aussi, relever le challenge et s’intégrer dans la famille des Francofolies, à « emmener la culture au-delà des frontières ».

Ce « projet de deux ans », né de « rencontres artistiques » entre Chris Tatéossian, Stéphanie Habasque-Tobie, de MusciCal Productions, et Gérard Pont, directeur des Francofolies, a fonctionné tant il est parvenu à retranscrire tout l’esprit des grands festivals et en particulier de ce festival populaire dédié à la chanson française. Ces têtes pensantes et leurs partenaires y sont pour beaucoup, tout comme les artistes de Métropole ayant accepté d’être les premiers à tenter l’aventure, mais aussi le public qui a répondu présent (8 000 fois !) donnant de la voix durant trois jours.

Trois styles et des publics

Le centre culturel Tjibaou a accueilli trois soirées, durant lesquelles se sont croisés artistes calédoniens et têtes d’affiche de Métropole. Le premier soir, très attendu, a drainé le plus grand nombre de spectateurs pour un show jeune, moderne et dynamique mêlant rock, ska, jazz et chanson française urbaine. On y a retrouvé Julia Paul, de plus en plus pro, l’excellent collectif Boulevards des airs, disque de platine avec Bruxelles, Claudio Capéo et son groupe, également convaincant, peut-être même plus encore que les filles de L.E.J., révélations scène des Victoires de la musique 2017.

Le deuxième soir était davantage dédié aux « engagés » entre chansons traditionnelles et rap avec un public encore plus jeune et bien nombreux. Côté programmation locale, on retiendra le passage de la Section autochtone du Pacifique, ses chants et instruments traditionnels, et des 100 Fous, quatuor qui « milite pour la portée du texte et la hauteur des mots ».
À noter aussi la très belle prestation du jeune duo Nasty & Reza, qui ont prouvé l’ampleur de leur talent, très prometteur, avec une assurance renforcée sur scène.
Que dire ensuite du brillant rappeur franco- congolais Youssoufa, qui a fait preuve d’une grande humanité durant son show et son séjour ? Un véritable coup de cœur pour beaucoup. Un artiste qui a su tisser des liens localement et que l’on devrait revoir sur le Caillou.
Enfin, inévitable, Black M, que l’on aime le style ou pas, a littéralement encensé la scène du centre Tjibaou et ses jeunes fans venus en masse.

La dernière soirée, dimanche, était dédiée aux « dinosaures » de la musique locale et métropolitaine qui ont clôturé avec brio, expérience et sons aboutis le festival des Francofolies : Celenod, Edou, Cali, Miossec et Hubert-Félix Thiéfaine, excusez du peu. Des incontournables. Il y avait certes moins de monde, mais le public, en a eu pour sa soirée avec des séquences émotion, du rock, de la poésie, un Cali remarquable, un Thiéfaine envoûtant et un Miossec… touchant. Les artistes métropolitains n’auront en tout cas pas ménagé leurs peines s’approprier leur public, à des milliers de kilomètres de la maison. Quant aux locaux, ils auront tout donné pour assurer (et mieux) les premières parties, de quoi faire valoir c’est certain leurs créations auprès de programmateurs internationaux.

Rendez-vous l’année prochaine

Il y aura donc eu des moments musicaux, des moments humains extrêmement forts au centre Tjibaou, mais aussi au cœur de Nouméa au village festivalier. La satisfaction est entière pour Chris Tatéossian : « On est vraiment comblé. On pouvait difficilement rêver mieux pour une première édition. » Le directeur des Francofolies Nouvelle-Calédonie de saluer les 200 à 250 bénévoles (notamment d’Expression Culturelle), Océania à la technique qui ont « bluffé » la représentation métropolitaine, les membres de l’organisation, de la sécurité, « sans qui tout cela n’aurait pas été possible ». Sans compter le Poemart avec qui s’est instauré « un vrai projet culturel » avec les artistes locaux (ateliers d’écriture, aide à l’export, coaching).

Et ces artistes justement ont été aussi comblés que leurs homologues métropolitains puisqu’ils devraient effectivement pouvoir bénéficier des retombées d’une telle vitrine avec des programmations hors territoire, notamment grâce à l’association francophone du Pacifique et des nombreuses Alliances françaises présentes sur le territoire à l’occasion du Forum francophone du Pacifique. Le « rayonnement » de l’événement a même fonctionné, via la presse, jusqu’en Métropole. Qui sait, les Francofolies amèneront peut-être dans quelques années un public régional, comme le souhaitent les organisateurs ? En attendant, l’équipe des Francofolies Nouvelle-Calédonie pense déjà à la deuxième édition l’année prochaine et a ouvert des pistes avec des artistes. « Je pense que l’on n’est qu’au début de cette belle aventure », conclut Chris Tatéossian. Et c’est tout ce qu’on nous souhaite !

Texte et photos C.M.