Première correction locale du bac : « Aucun doute à avoir sur notre capacité »

Pour la première fois, les baccalauréats général et technologique seront corrigés localement à la fin de l’année. Un événement « historique », juge le monde éducatif, pour lequel des « garanties » sont apportées et qui doit permettre en particulier d’utiliser dans sa totalité le dernier trimestre de l’année.

La session 2017 du bac restera dans les annales. Pour la première fois, conformément au projet éducatif de la Nouvelle-Calédonie et au souhait exprimé fin 2016 par les élus du Congrès, les épreuves écrites des baccalauréats général et technologique passées par les candidats de Nouvelle-Calédonie, de Wallis-et-Futuna et du lycée français de Port- Vila ne partiront pas vers la Métropole et seront corrigées localement. Moment « important » voire « historique », ont jugé mardi le vice-recteur, Jean-Charles Ringard-Flament, et Hélène Iekawé, membre du gouvernement en charge de l’enseignement. Et c’est un fait : l’académie de Nouvelle-Calédonie était la dernière de la République à continuer à envoyer chaque année ses quelque 1,5 tonne de copies pour qu’elles soient corrigées en Métropole.

Quelles garanties ?

Évidemment, le sujet est sensible et aura généré autant de discussions que d’inquiétudes dans les sphères éducatives et publiques. Des inquiétudes qui n’ont plus lieu d’être, estiment les représentants de l’éducation qui assurent avoir « bétonné » leur organisation pour une correction tout à fait normale des épreuves. Quatre garanties sont précisément apportées par l’État qui, si besoin était de le préciser, continue d’être le garant des corrections et de la délivrance des diplômes.

La première est « l’objectivité des corrections ». Les sujets restent élaborés en Métropole, ainsi que la grille d’évaluation. Le déroulement des corrections se fera, comme ailleurs, en « loge » : tous les correcteurs seront convoqués au même endroit et au même moment et recevront les  consignes identiques de correction lors de la réunion dite d’harmonisation. Tout le corps d’inspecteurs local sera mobilisé et dans les cas où des inspecteurs d’académie font défaut dans une discipline donnée comme en sciences, physique et chimie, en anglais, ou encore en histoire-géographie, des inspecteurs d’autres académies de France ont été missionnés.

Deuxième point, et autre cause passée de friction, « l’anonymat des copies ». Ici, le vice- rectorat est catégorique : aucun enseignant ne pourra corriger une copie d’un de ses élèves compte tenu des modalités de brassage des copies qui ont été prévues. (Par exemple, une poignée de copies de trois établissements répartis géographiquement sera corrigée par un quatrième). En revanche, les disciplines à faible flux d’effectifs d’élèves ou d’enseignants (chinois, hôtellerie…) pour lesquelles le brassage est techniquement impossible feront l’objet d’une correction dématérialisée. Les copies seront numérisées et transmises à l’académie de Nancy-Metz.

Pour cette première, le ministère de l’Éducation a par ailleurs mandaté un inspecteur général de l’Éducation nationale qui viendra attester du bon déroulement des épreuves et des corrections sur le plan réglementaire et opérationnel. Alain Henriet étant un spécialiste national du baccalauréat, « sa venue est profitable pour tout le monde, les équipes éducatives, les élèves et leurs parents. Une assurance au moins pour cette première année », a noté Hélène Iekawé.

Dernière assurance, et pas des moindres : la délivrance du diplôme par l’académie de Nancy-Metz afin « de garantir la valeur nationale du diplôme et de faciliter l’inscription des jeunes bacheliers calédoniens dans les universités métropolitaines », comme l’avait réclamé la majorité des élus.

Des enjeux plus vastes

Outre la valeur symbolique de la correction locale du baccalauréat la légitimation de l’action pédagogique des enseignants confrontés à une pratique globale d’évaluation certificatrice ou encore la praticité de la manœuvre, ce véritable « challenge » est surtout « un moyen pour atteindre un objectif », a martelé le vice-recteur, celui de « gagner en temps scolaire ». « En ayant la maîtrise totale des examens, on s’est organisé pour dégager du temps scolaire et désormais le 3e trimestre sera un vrai trimestre et non pas réduit à un mois », a-t-il commenté.

Concrètement, de la même manière que les épreuves des examens professionnels, qui avaient été décalées en 2016, les épreuves écrites du bac et anticipées interviendront deux semaines plus tard qu’auparavant, le BTS une semaine plus tard et le brevet se déroulera durant la dernière semaine scolaire. La mobilisation concernera élèves et professeurs jusqu’à une semaine après la date de fin des classes avec des délibérations des examens jusqu’au 20 décembre et les publications et affichages des résultats jusqu’au 21 décembre.

De fait, l’année 2017 correspond plus largement à la modification du calendrier avec une augmentation du temps de présence en classe sur ce dernier trimestre pour l’ensemble des collégiens et lycéens. Tous les conseils de classe pour le passage en classes supérieures ont ainsi été reportés et n’interviendront pas avant le 15 novembre. « Nous sommes pratiquement sur le modèle maximal sur lequel on peut aller, a commenté le vice-recteur. Imaginez que les enfants entrés en 6e en 2018 auront pratiquement gagné une année scolaire en arrivant au bac. » Ils auront au moins le même temps scolaire que leurs camarades de la République. De quoi augmenter les chances de réussite, espère le vice-rectorat.


Quelques chiffres

13 848 candidats passent un examen
(2 élèves du second degré sur 5) dont :
• 4 357 pour le brevet
• 2 056 pour les épreuves anticipées
• 1 497 pour le bac professionnel
• 1 310 le bac général
• 1213 pour le BEP
• 1181 pour le CAP,
• 859 pour le bac technologique
• 669 pour le BTS
• 425 pour le CGF, certificat de formation générale.


Baisse de la démographie, mais montée en compétence

Il y aura cette année 143 élèves en moins aux épreuves. Une baisse imputable aux plus faibles effectifs en brevet et plus largement à une baisse démographique.
Par ailleurs, il est à noter que les candidats en bac, bac général et BTS sont en augmentation, tandis que les candidats au CAP et au CFG diminuent. Pour le vice-rectorat, ces chiffres traduisent concrètement « une montée en compétence », et « la réorganisation d’un système qui était hypertrophié par de nombreuses filières professionnelles ».


Épreuves écrites : les dates

Bacs général et technologique : du 27 novembre au 1er décembre

Épreuves anticipées : 27 et 29 novembre Bac pro : du 24 novembre au 4 décembre BTS : du 13 au 17 novembre
BEP : du 20 au 24 novembre

CAP : du 20 au 27 novembre
CGF : du 30 novembre au 1er décembre DNB : 11 et 12 décembre.

 

C.Maingourd