Pour l’amour des objets

Le 17e Salon des collectionneurs s’est tenu la semaine dernière à la mairie de Nouméa. Durant trois jours une vingtaine de passionnés présentaient leurs séries de timbres, de figurines et autres vinyles. Autant de trésors et d’histoires à partager. Nous y avons fait quelques rencontres.

On connaît la philatélie, l’art de collectionner les timbres, la télécartophilie dédiée aux cartes, la bibliophilie dédiée aux livres, la billetophilie aux billets de banque, la fabophilie pour les fèves, la lécythiophilie pour les miniatures de parfum… et il existe une multitude de collections de ce genre, presque autant, finalement, que les objets qui ont traversé les époques.

Les collectionneurs rencontrés au salon, certains pour la première fois, partagent aussi cette passion des objets « culte » et le loisir de les regrouper, d’en prendre soin. Des passions qui pour certaines ont commencé durant l’enfance ou parfois à la retraire. Le passe-temps est en tout cas un grand plaisir, qu’ils étaient tout heureux de partager.

Christophe Pyszniak effectuait avec sa femme Stella, son deuxième salon. Ce lumipétrophile collectionne les lampes à pétrole. Il en possède une cinquantaine, les objets trônant, comme autant de trésors à la maison, parmi le mobilier. Pourquoi cette passion ? Christophe se souvient de ces objets, fragiles, « qu’il ne fallait pas toucher » lorsqu’il était enfant, au risque de les casser. Des objets dont il aime le côté précieux et également cette lumière tamisée, d’un autre temps. N’ayant plus ces objets familiaux, Christophe s’est mis en tête d’en trouver d’autres et ainsi de suite. Et désormais il a, dans sa collection, des lampes françaises, américaines, chinoises, en laiton, en cuivre, en porcelaine, toutes très différentes, la plus ancienne datant de 1886. Le collectionneur se refuse d’utiliser internet pour ses recherches et fonctionne beaucoup par « le bouche-à- oreille » sur le territoire. Il en vend de temps à autre pour se procurer des pièces détachées et faire en sorte que toutes ses lampes soient en état de marche.

Autre stand, autre passion, Michel Laffitte, est un acier militaire qui a développé très tôt une passion pour les insignes, commençant sa collection vers l’âge de 15-16 ans après en avoir reçu quelques-unes de son père, également militaire. Aujourd’hui, la collection est immense puisqu’elle est composée de 3 500 pièces (avec les siennes issues de 16 ou 17 affectations en trente ans) ! Michel Laffitte avait choisi pour la salon de rester fidèle à la marine, mais sa collection s’étend à toute l’armée (infanterie, légion, artillerie…). « Chaque insigne est une unité, avec une histoire, des anecdotes et ce sont ces recherches qui me passionnent au-delà des objets qui peuvent aussi être très beaux et précieux », nous précise-t-il. En métal, laiton, cuivre, émail ou en résine, selon les époques, ces insignes s’achètent sur internet ou auprès d’autres collectionneurs, plus ou moins cher « selon leur rareté et leur ancienneté ». Elles peuvent coûter 500 francs comme 300 000 francs pour les plus précieuses. Michel Laffitte nous précise qu’un insigne est fabriqué sur une idée d’un colonel, d’un commandant ou d’un capitaine. Il faut ensuite qu’elle soit acceptée par le Service historique des armées et suivre certaines règles, notamment héraldiques. Les insignes ne contiennent pas en général de visages, mais font souvent référence au pays d’origine avec un certain attachement.

Léon Fuchs était particulièrement content de participer à son premier salon. Cet ancien mécanicien-tourneur de la Vallée-du-Tir a pu faire admirer sa magnifique locomotive à vapeur : une réplique parfaite d’un petit train de Decauville, la Petite Marguerite de Païta. Parce qu’elle lui rappelait les locomotives qui le passionnaient tant dans son enfance passée en Alsace, Léon s’est mis en tête de reconstruire de ses mains ce train : dix ans et 6 500 heures de travail étaient nécessaires ! « Je n’ai rien acheté. J’ai réalisé toutes les pièces, il y en a plus de 500 », nous dit-il. L’engin, qui fonctionne à la vapeur, pèse une tonne, avec puissance de 5 chevaux, et peut tirer une voiture ou bien « quinze gosses » ou six adultes. Elle peut avancer jusqu’à 52 km/h et prévient même quand elle part d’un magnifique « tchou tchou ». Elle a aujourd’hui 8 500 km au compteur, mais entre 10 000 et 11 000 au réel, selon son constructeur. Elle est faite de bronze, d’inox et d’alu, d’une chaudière, d’une boîte à fumée. Léon Fuchs aura dépensé environ 8 millions de francs pour cette magnifique réplique qu’il continu de sortir « pour amuser les gosses« , animer les évenements.

Pour JR Puel, les Lego, c’est un peu l’affaire de sa vie. Plus précisement, il n’a « jamais décroché » depuis tout gamin.
Ses parents avaient gardé tous ses jouets et il a depuis largement agrémenté son matériel… au point de pouvoir reconstituer une ville entière si grande qu’elle lui a valu de devoir louer un camion pour l’exposition. Pour lui, c’est un « rêve de gosse qui se réalise ». Sa ville est composée de divers mondes, de magasins, d’un chantier, d’univers pirates, Moyen-Âge, Star Wars, Far West, etc. Un train circule tout autour. Cette passion prend beaucoup de place, forcément (une pièce à la maison), mais aussi un peu d’argent : lui, y consacre entre 1 500 et 1 600 euros par an, près de 200 000 F. Mais c’est d’une passion toute intacte que JR nous montre l’évolution des Lego, des bâtiments, des couleurs, des intérieurs que l’on peut maintenant aménager et « qui sont de plus en plus réalistes », en particulier cette gamme Creator Expert dédiée aux adultes. Ses prochains projets : motoriser le train et illuminer la ville.

C.M