Le membre Républicains calédoniens du gouvernement ne cache pas sa déception devant le plan Germain : « Alors que les Calédoniens attendaient des mesures concrètes et fortes sur un sujet qui pénalise toutes les communautés de Nouvelle-Calédonie, ils ont droit à un énième plan qui propose des actions de communication, un concours de courts métrages, des sites internet, des actions de sensibilisation, la création de conseils qui existent déjà… », écrit Christopher Gyges dans un post sur les réseaux sociaux. Et d’ajouter : « Très clairement, ce plan n’est pas à la hauteur de la gravité de la situation ! » Sa conclusion est plus politique, mais tout aussi motivée : « Les Républicains calédoniens souhaitent plus qu’un catalogue de bonnes intentions, des mesures concrètes visant à garantir la sécurité des Calédoniens en cette période importante. »

Pour mémoire, le parti de Sonia Backes avait écrit la semaine dernière au haut-commissaire, afin que l’État soit plus vigilant que jamais sur la sécurité des biens et des personnes, « avant, pendant et après le référendum d’octobre 2018 ». Les Républicains calédoniens demandaient aussi que les questions liées à la sécurité et du maintien de l’ordre public soient inscrites à l’ordre du jour du prochain Comité des signataires, qui devrait se tenir, selon les dernières rumeurs parisiennes, autour du 16 mars prochain, à Matignon. Pour l’heure cette lettre serait sans réponse. S’agissant toujours des questions de maintien de l’ordre et de justice, on relève une remarque de Philippe Blaise sur les réseaux sociaux à propos de l’interview du procureur de la République, Alexis Bouroz, parue cette semaine dans Les Nouvelles calédoniennes. « Je suis surpris, dit l’élu, que le procureur s’aventure sur un terrain hautement politique qui dépend du législatif en déclarant qu’il faut impérativement ‘calédoniser’ la justice. Si la délinquance a augmenté dans des proportions inacceptables, ce n’est pas parce que la justice n’est pas ‘calédonisée’. C’est parce que la justice actuelle ne fonctionne pas. Soit par manque de places de prison, ce que nous dénonçons depuis longtemps, soit par excès de protection des délinquants par l’appareil judiciaire », ajoute Philippe Blaise. Et de s’interroger : « Combien de fois avons-nous entendu dire par des forces de l’ordre, qui font leur travail avec courage, que les voyous sont aussitôt relâchés une fois arrêtés ? »

En clair, pour les Républicains calédoniens, mais aussi pour les forces de l’ordre, de la sécurité routière ou les professionnels de la santé et des addictions, qui s’expriment sous le boisseau, le « plan Germain » n’est qu’un rhabillage du plan Isa de Sylvie Robineau, « servi avec une sauce com trop parfumée : on se rend vraiment compte que Bocuse est mort ! », ironise un avocat de la place. Encore une fois, mais qui paiera l’addition de la plateforme ?

L.N.