Philippe Germain réélu avec toutes les voix indépendantistes : « Un accord dans le dos des Calédoniens », dit Christopher Gyges

Alors que le Premier ministre s’apprête à monter dans l’avion pour Tontouta, Philippe Germain a été reconduit ce vendredi matin à la présidence du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. C’est donc un chef de l’Exécutif de plein droit qui accueillera Édouard Philippe. Mais un président loyaliste élu avec toutes les voix indépendantistes.

Une seule voix indépendantiste aurait suffi à la réélection de Philippe Germain : il les a toutes eues ! Seule la voix de Christopher Gyges lui a fait défaut, comme par le passé. Résultat : Philippe Germain retrouve officiellement son fauteuil de président du gouvernement avec 10 voix sur 11. Le représentant des Républicains calédoniens n’a pas non plus signé la déclaration commune, diffusée à l’issue de cette séance du gouvernement, et paraphée par les représentants de la plateforme et ceux des formations indépendantistes, au Congrès et au gouvernement.

« Dans moins d’un an, se tiendra le scrutin d’autodétermination prévu par l’Accord de Nouméa. Pour préparer cette consultation […] est apparue la volonté partagée d’ouvrir un dialogue approfondi entre indépendantistes et non-indépendantistes. Les signataires, de cette déclaration, considèrent que le fonctionnement des institutions doit faciliter ce dialogue nécessaire », peut-on notamment y lire. Plateformistes et indépendantistes s’engagent par ce document à travailler dans un « esprit de confiance » comme « à assurer un fonctionnement collégial, solidaire et consensuel du gouvernement, conformément à la lettre et à l’esprit de l’Accord ». C’est bien le minimum : mais cela signifie-t-il que ce n’était pas le cas avant, comme le soulignaient récemment encore les indépendantistes ?

Reste que pour Christopher Gyges et les Républicains calédoniens, l’élection de Philippe Germain avec toutes les voix indépendantistes témoigne d’un accord passé « dans le dos des Calédoniens ». « Philippe Germain avait la possibilité de débloquer la situation en s’entendant avec une formation loyaliste qui représente 18 000 électeurs. Il a préféré l’exclure des discussions pour négocier avec les formations indépendantistes ».

Pour l’élu des Républicains calédoniens c’est clair : « Il y a quelques semaines Paul Néaoutyine proposait de débloquer le gouvernement contre l’ouverture de discussions sur la souveraineté partagée. Une semaine après, Philippe Gomès lui a répondu qu’il était d’accord pour partager, y compris les compétences régaliennes. Aujourd’hui Philippe Germain retrouve son fauteuil de président du gouvernement… Désormais, conclut-il, chacun connaît le prix de cette réélection ! ».

M.Sp.