Philippe Blaise : « Une conception à la fois libérale et populaire de la République française ! »

Vice-président des Républicains calédoniens, mais à la province Sud, Philippe Blaise explique la genèse de ce nouveau groupe politique, que préside Sonia Backes. Il s’inquiète toujours autant de la situation économique qui se dégrade, malgré les autosatisfecit du gouvernement Germain, et appelle à la mobilisation de tous les loyalistes pour « gagner largement le référendum de sortie ».

 

L’appel à « l’union sacrée des loyalistes », que vous avez lancé il y a maintenant une semaine, ne semble pas avoir été entendu. Les plus de 12 000 suffrages de Sonia Backes, ceux de Harold Martin dans la 2e circonscription, les voix du Front national, du Rassemblement et de l’UCF, qui vous ont suivis ainsi que d’autres petits partis ne sont toujours pas représentés par la plateforme…

En effet, les signataires de la plateforme refusent d’engager le dialogue que nous avons appelé de nos vœux. 40 % des électeurs des législatives ne sont pas représentés dans cette plateforme à but électoral, qui n’a donc pas la légitimité pour parler au nom de tous les loyalistes. Avec le dépôt de ce groupe CE-Rassemblement-MPC, on a confirmation qu’ils ne pèsent que 23 élus sur 54 au Congrès et auront 5 membres du gouvernement sur 11. Ils n’ont donc aucune majorité, ni au Congrès, ni au gouvernement. Comment espèrent-ils diriger le pays s’ils refusent toute concertation avec nous ? Avec le FLNKS ? Ce dialogue entre loyalistes, il est incontournable pour parler de la sortie de l’Accord de Nouméa et pour parler des questions urgentes qui se posent à nous avec la crise économique, les destructions d’emplois et la situation catastrophique des finances locales.

En ce qui nous concerne, nous sommes responsables et la porte reste ouverte au dialogue, car c’est une question d’intérêt général. J’espère que la plateforme saura sortir de sa posture de mépris et d’arrogance.

Dans le laps de temps, le discours indépendantiste s’est encore radicalisé et intrigue même l’Etat. Comment l’analysez-vous ?

C’est très simple : Philippe Gomès avait une entente avec le Palika et un élu de l’UC depuis avril 2015. C’est comme cela qu’il a eu une majorité au Congrès et au gouvernement. Il a choisi de renier cette entente pour gagner les législatives et aujourd’hui, le Palika lui demande évidemment des comptes, car les indépendantistes ne comprennent pas qu’il renie les promesses qui leur avaient été faites. C’est un comble ! Calédonie ensemble a fait campagne sur leur capacité à être des « chefs de paix » et là, ils viennent de crisper les indépendantistes. On pourrait en plaisanter, mais en réalité c’est très inquiétant. Entendre le Palika dire qu’il ne veut plus négocier qu’avec l’Etat, c’est dangereux parce que c’est une remise en question du tripartisme entre signataires. Il faut rapidement calmer le jeu et ramener tout le monde à la table des discussions.

Vous avez choisi de présenter la candidature de Grégoire Bernut
au 1er tour pour la présidence du Congrès. Une façon de marquer votre différence, notamment sur les questions économiques et sociales ?

En l’absence de volonté de dialogue de la plateforme, qui croit être majoritaire sans l’être, pour parler des questions économiques, nous n’avons pas d’autre choix de que donner un signal d’alerte. Si on continue comme depuis ces deux dernières années, on va au crash. Il faut tout remettre à plat et dire la vérité, pas la cacher comme le fait en ce moment le gouvernement Germain. Grégoire Bernut est plus que compétent en matière économique et budgétaire, il n’a cessé de dénoncer les dérives qui nous ont amenés à la situation actuelle. Sa candidature était de circonstance.

Vous venez de créer un groupe Les Républicains calédoniens, mais autonome au Congrès. Faut-il y voir la même fracture qu’en métropole entre les « constructifs » et les tenants d’une ligne franchement à droite ?

Les contextes calédonien et métropolitain ont toujours été différents et non transposables. Ce qui nous intéresse d’abord, ce sont les enjeux locaux. Mais Républicains, nous le sommes viscéralement, je rappelle que j’ai moi-même fondé un parti, le Mouvement républicain calédonien, en 2011 quand la droite s’appelait encore l’UMP. Il y a naturellement une proximité avec les Républicains de Métropole, tant sur une certaine idée de la grandeur de la France que sur une conception à la fois libérale et populaire de la République française. Nous sommes pour la Calédonie dans la France, indéfectiblement et depuis toujours, et nous ne voulons plus de la politique socialiste qui a été menée ici depuis 2015 par le gouvernement Germain et Calédonie ensemble, parce qu’elle a été destructrice pour notre économie et nos emplois.

Quelle ligne adopterez-vous vis-à-vis des autres loyalistes ?

Nous l’avons dit la semaine dernière : il faut une ‘union sacrée’ pour gagner le référendum et permettre à la Calédonie de rester dans la France, parce que c’est le meilleur avenir possible pour tous les Calédoniens. Mais pour le reste, et notamment la politique économique, sociale ou fiscale, nous sommes libres. Nous ne nous sommes pas compromis pour des postes. Nous dirons ce que nous pensons et nous voterons en notre âme et conscience pour ce que nous pensons être l’intérêt des Calédoniens. Quitte à aller au conflit sur des textes qui seraient néfastes.

Un groupe de six élus au Congrès vous permet d’obtenir un membre du gouvernement en cas de renouvellement. Qu’en est-il exactement ?

Oui, nous aurons un membre au gouvernement. C’est important et je rappelle que la plateforme n’en aura que cinq et ne sera donc pas majoritaire seule. Nous attendons de voir s’ils vont accepter de dialoguer avec nous ou chercher à monnayer des voix indépendantistes. Mais le groupe, c’est surtout indispensable pour participer aux discussions officielles sur la sortie de l’Accord de Nouméa et au Comité des signataires. C’est d’abord cela qui nous a motivés à nous réunir pour porter la parole de tous les Calédoniens que la plateforme ne représente pas. La priorité, c’est de pouvoir défendre l’avenir des Calédoniens en restant français. Nous serons mobilisés pour gagner le plus largement possible le référendum et vigilants sur l’avenir statutaire.

 

Propos recueillis par M.Sp.