Perdre des kilos en mangeant moins vite

Manger plus lentement permet au corps de se rendre mieux compte de ce qu’il absorbe. Une récente étude japonaise sur 60 000 diabétiques démontre que cette affirmation n’est pas juste théorique, mais que manger plus lentement contribuait à perdre des kilos. Une astuce facile à mettre en place et qui nous intéresse particulièrement sachant que deux Calédoniens sur trois sont en surpoids et que la lutte contre la malbouffe est devenue une priorité sanitaire.

Chaque piste sérieuse qui peut faire perdre du poids est aujourd’hui étudiée de près par les pays industrialisés, tout comme en Nouvelle- Calédonie où le surpoids est considéré comme un véritable fléau au regard des chiffres de l’Agence sanitaire et sociale. À l’échelle mondiale, « le nombre de personnes obèses a pratiquement doublé depuis 1975 avec plus de 1,9 milliard d’adultes en surpoids dont 650 millions sont obèses. 41 millions d’enfants de moins de 5 ans sont en surpoids ou obèses », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En France métropolitaine, on estime qu’il y a environ 6,5 millions d’obèses (soit 14,5 % de la population adulte). Mais là où les chiffres explosent, c’est bien chez nous, avec plus d’un adulte sur trois qui est obèse (37,7%) et trois adultes sur dix qui sont en surpoids (29,3%).

À cela s’ajoute un phénomène préoccupant d’augmentation de poids chez les enfants. Selon une étude de l’ASS-NC réalisée en 2011-2012, 19 % des enfants calédoniens sont concernés par le surpoids ou l’obésité dès l’âge de 6 ans.

Une situation qui n’est visiblement pas près de s’améliorer. « Il faut s’attendre à un tsunami d’obésité, prévient Frédéric Lemaître, chercheur de la clinique île Nou-Magnin. On parle d’épidémie, certains parlent même de pandémie, c’est-à-dire que l’on ne contrôle plus. » Et cela coûte cher à la société et à notre système de santé. Un rapport de 2012 du docteur Nathalie Deboucher, du CHT, fait état d’un coût de 2 % à 6 % du total des dépenses de santé. Des chiffres qui deviendraient nettement plus importants si l’on ajoute le poids du diabète et des Evasan liées aux conséquences de l’obésité.

Pourtant, si depuis des années l’Agence sanitaire et sociale mène sa campagne de prévention « Mange mieux, bouge plus », il n’en reste pas moins que les habitudes alimentaires des Calédoniens se sont dégradées et que les e orts en matière de prévention restent relativement modestes.

C’est pour cette raison que la dernière étude sur le sujet fait parler les professionnels de santé. Des chercheurs japonais, en e et, ont observé les habitudes alimentaires de 60 000 diabétiques de type 2 et sont arrivés à la conclusion que manger lentement permettrait de perdre du poids.

L’étude sur les habitudes alimentaires

Les scientifiques nippons ont suivi l’évolution du poids, du tour de taille, de l’indice de masse corporelle (IMC), ainsi que les résultats biologiques sanguins, urinaires et de la fonction hépatique entre 2008 et 2013. Les malades étaient également interrogés sur leurs habitudes alimentaires et notamment sur la vitesse à laquelle ils mangeaient a n d’établir trois catégories : rapide, normale et lente.

Il en est ressorti que ceux qui mangeaient plus lentement étaient en meilleure santé que les autres. Ainsi, par rapport à ceux qui avalent rapidement leur nourriture, ceux qui mangent à vitesse normale ont 29 % de risques en moins de devenir obèses et ceux qui mangent lentement 42 %. Par ailleurs, même si la diminution de tour de taille est faible, elle est plus marquée chez ceux qui mangent lentement ou normalement. Les conclusions de cette étude ont d’ailleurs été publiées dans la revue BMJ du 12 février.

Comment expliquer le phénomène ?

Selon les chercheurs, le cerveau d’une personne qui mange trop vite n’a pas le temps de signaler au corps qu’il a reçu assez de calories. De fait, la personne continue à se nourrir plus alors qu’il n’y a pas de raison. En ralentissant le rythme, l’hypothalamus, un intermédiaire entre le cerveau et le reste des organes, assure une régulation ne du poids et de la prise alimentaire.

Une autre étude menée en 2015 sur 54 adolescents mexicains montrait déjà les bénéfices sur le poids et la santé d’une technique toute simple : faire une pause de deux secondes entre chaque bouchée. L’objectif était de réduire autant que possible la prise alimentaire avant que le cerveau n’envoie un signal de satiété. En prenant le temps de réfléchir entre chaque bouchée, les adolescents mesuraient mieux l’intensité de leur appétit, selon les chercheurs.

Les effets du grignotage

Grignoter deux heures avant d’aller se coucher a aussi un fort impact sur l’IMC. Les chercheurs japonais précisent néanmoins que leur étude n’est qu’une observation et ne permet pas de conclure à un lien direct de cause à e et, notamment parce que l’évaluation de la vitesse à laquelle on mange reste suggestive. Néanmoins, ils rappellent que manger trop vite est plus souvent associé à une intolérance au glucose et à une résistance à l’insuline, tout en concluant que changer ses habitudes alimentaires peut avoir des conséquences sur l’obésité, l’IMC et le tour de taille. Alors vous savez ce qu’il vous reste à faire, du moins comment manger…

Sources : AFP, ASS-NC, Dass-NC.

C.S