Passe d’armes sur le nickel

Grégoire Bernut et Jacques Leguéré (Les Républicains) ont adressé une lettre ouverte au député Philippe Gomès (CE), administrateur d’Eramet, suite à sa dernière intervention sur le nickel, notamment, sur les ondes de NC 1ère.

Les anciens membres du conseil d’administration de la STCPI et de la SLN, qui disent avoir été remerciés par Philippe Gomès pour « la seule et unique raison qu’ils ne partageaient pas (sa) vision économique » ont « confirmé volontiers cette réalité » après avoir entendu le député au journal télévisé du 13 mars dernier. Et ils ont tenu à revenir sur un certain nombre de points évoqués en direct.

En premier lieu, ils réfutent l’affirmation du député selon laquelle « le niveau de l’action d’Eramet n’aura aucune conséquence sur la SLN ». « La valeur de l’action Eramet dépend de trois secteurs clés : le nickel, le manganèse et les alliages spéciaux. Or, ces trois secteurs sont actuellement dans une situation de crise grave, commentent-ils. Une situation exceptionnelle dans la mesure où les trois métaux sont touchés en même temps (…) alors que par le passé, les bons résultats dégagés par un secteur compensaient bien souvent ceux en difficulté. » De fait, selon eux, ces difficultés vont inévitablement rejaillir sur les résultats de la société avec bientôt des conséquences directes, « quand les caisses seront totalement vides ».

Autre point discuté, ce commentaire sur le fait que la SLN aurait pu être sauvée si les caisses n’avaient pas été vidées. Selon Les Républicains, le député omet de préciser que « la province Nord, qui perçoit 75 % des dividendes distribués par la SLN par l’intermédiaire de la STCPI, était très favorable à la perception de ces dividendes, dépensés depuis par la Sofinor dans divers projets dans le Nord » et également qu’ils ont contribué à renflouer les caisses de la province Sud au terme de sa « gestion dispendieuse de la mandature 2004- 2009 ».

Le député a par ailleurs déclaré que « la SLN aurait économisé 10 milliards de FCFP par an » si la nouvelle centrale avait été réalisée ces dernières années. Et Les Républicains d’ironiser sur le fait que Philippe Gomès étant « déjà à l’époque un responsable important », aurait pu « intervenir de façon énergique pour engager cette construction » au lieu d’avoir « délibérément centré le débat de ces dernières années autour de la prise de participation majoritaire de la Nouvelle-Calédonie au capital de la SLN »… Philippe Gomès a finalement formulé une proposition pour la réalisation de cette centrale, visant à créer une « structure locale associant Enercal, la STCPI et la SLN ». Aux représentants de lui répondre qu’en définitive, c’est à la SLN et aux contribuables calédoniens qu’il reviendra de payer l’énergie au prix fort. « La centrale de Prony est l’exemple emblématique de ce qu’il ne faut plus faire », arguent-ils.

Sur la gestion des exportations, Grégoire Bernut et Jacques Leguéré regrettent que le refus d’autoriser les exportations de quantités limitées de minerai vers la Chine aient fait perdre un « temps précieux » aux acteurs économiques. En ce qui concerne la gestion des réserves en nickel, ils déplorent par ailleurs que le député « continue de s’abriter derrière le prétendu sacrifice des générations futures » alors que, selon eux, « il est évident que des exportations limitées de minerai à basse teneur, voire des déchets miniers, ne dilapideront pas le patrimoine ». De démontrer que ce sont des centaines d’emplois qui sont mis en péril, notamment sur la côte Est…

Enfin, des questions sont posées sur cette « défense acharnée » de l’usine de Corée, alors que la transformation locale du minerai semble la plus intéressante pour la Nouvelle-Calédonie. Ou encore sur la non-anticipation de la situation de QNI en Australie…

Les Républicains concluent en espérant que le député « cessera de sacrifier l’économie de la Nouvelle-Calédonie à la politique en (s’) accrochant aveuglément à la doctrine nickel de la province Nord ».

C.M.