Parc de la mer de Corail : un eldorado à protéger, selon Pew

Pew Charitable Trusts Nouvelle- Calédonie est revenu cette semaine sur le processus relatif à la gestion du parc naturel de la mer de Corail.
L’organisation s’est félicitée de la reprise des discussions – au point mort depuis avril 2017 – et de l’adoption du plan de gestion 2018- 2022, même si ce dernier, et c’est regrettable, se résume à une simple « feuille de route », « sans mesures nouvelles ». Le dit plan, on s’en souvient, avait suscité la grogne des ONG et du public.

L’important maintenant, estime Pew, représenté localement par Christophe Chevillon, est qu’il y ait un « vrai changement de ton » de la part des autorités du gouvernement et de l’État et des propositions concrètes « désormais prises en considération ».

Comité de gestion et ateliers ont précisé la volonté de classer tous les récifs pristines (Chesterfield-Bellona, Pétrie-Astrolabe) avant la fin de l’année. On parlerait pour ceux-là de protection intégrale, excepté pour une zone ouverte aux croisières strictement encadrées du type Ponant.

Les autres récifs ainsi que les monts sous-marins et les îles hautes obtiendraient également un statut en 2018. Un nouveau comité de gestion va se réunir en juin pour statuer avant que des arrêtés soient pris par le gouvernement.

Si tout se passe bien, on passerait de 0,2 % (protection d’Entrecasteaux) à 2 % de haute protection de notre parc (23 000 km2 sur 1,3 million de km2), l’objectif étant, pour Pew, d’arriver au moins à 30 % selon les recommandations internationales*.

« C’est une étape pour une protection plus globale du parc » qui représente, selon Pew, un eldorado à protéger. « Le Vanuatu vient d’accorder 150 licences, il y a les blue boats… tout cela va se répercuter sur nous si l’on ne fait rien. » Mais Christophe Chevillon de concéder que les considérations économiques prennent forcément de la place, une telle zone valant « de l’or », et que la « mise sous cloche est impossible ».

La question de la pêche, tout comme celle du tourisme, reste donc primordiale et un zonage précis permettra, espérons-le, de faire bien les choses. L’éventuelle exploitation des sous-sols reste secondaire, estime l’organisation, « sans pressions imminentes » et avec « des fonds à 3 000 ou 4 000 mètres dans une zone cyclonique au milieu du Pacifique ». Mais il y a de toute façon cette volonté locale d’y mener des études « pour savoir ce que l’on possède ».

Enfin, le sujet de la gouvernance, qui s’est avéré un « vrai frein à l’avancée du processus », « les affaires maritimes étant également responsables de la pêche », est aussi au cœur des réflexions. Il a été suggéré de confier cette gouvernance à un organisme dédié et indépendant.

Pour convaincre le public de l’importance de la création d’une réserve marine XXL au sein de ce parc, Pew s’est doté d’un nouvel ambassadeur, Pierre Crubillé. « Ravi » de cette mission, l’apnéiste s’associera à divers évènements à commencer par le Festival de l’image sous-marine de Sub’limage, organisé du 23 au 27 mai.

*Le parc est actuellement une AMP, aire marine protégée, selon la réglementation calédonienne. Mais Pew estime que selon la norme référentielle de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), le parc a le plus faible niveau de protection, soit une catégorie 6.

C.M.

© heos marine Nicolas JOB