Nouvelle-Calédonie-Vanuatu, une affaire qui marche

Le premier accord de coopération entre le Vanuatu et la Nouvelle- Calédonie remonte à 2002. En 2015, le contenu était revu afin d’améliorer l’efficacité des actions de coopération. En 2017, un nouvel accord venait renforcer ce partenariat. C’est dans ce cadre que le Premier ministre, Charlot Salwai, était présent en Nouvelle- Calédonie, le 22 juin, afin de définir les projets cette année.

Le Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie entretiennent des relations étroites depuis de nombreuses années. Au- delà de leur passé avec la France, les deux territoires présentent des points communs et leurs populations ont développé de nombreux échanges. Le premier accord de coopération a concrétisé cette proximité en 2002. Depuis lors, la convention régionale a été renouvelée tous les quatre ans sans discontinuité et couvrait un grand nombre de secteurs. En 2015, la commission mixte réunissant les élus des deux territoires, ainsi que les représentants de l’État recentrait l’accord sur le seul secteur de l’éducation, de la recherche et de la francophonie, à la demande du Vanuatu. Deux ans plus tard, le cadre des relations diplomatiques entre le Vanuatu et la Nouvelle- Calédonie était complété par un accord bilatéral pour 12 secteurs prioritaires. C’est dans ce cadre que le Premier ministre du Vanuatu, Charlot Salwai, et son ministre de l’Éducation, Jean-Pierre Nirua, étaient présents au centre culturel Tjibaou, le 22 juin. L’idée de la rencontre, à laquelle participaient également le représentant de l’Agence française de développement et le président de l’Université de Nouvelle-Calédonie, était de faire le point sur les projets mis en œuvre et de définir les projets pour cette année et plus particulièrement dans le secteur de l’éducation.

L’éducation au cœur de la coopération

Les discussions ont permis d’étendre l’accord à quatre nouvelles thématiques liées à l’environnement et la préservation de la biodiversité, les aires marines protégées le traitement des déchets et la gestion des risques. Le sport et la culture ont également été identifiés comme de nouvelles thématiques de coopération. Et force est de constater que depuis près de trois ans, les relations entre les deux territoires se sont renforcées. C’est du moins le constat dressé par le Premier ministre du Vanuatu et le président de la Nouvelle- Calédonie. Cela s’observe « au niveau des échanges commerciaux, mais aussi au travers du nombre de touristes et d’investisseurs au Vanuatu », souligne Charlot Salwai.

Et l’idée de recentrer les thématiques n’y est pas étrangère. Auparavant, le grand nombre de secteurs traités rendait diffus l’impact de la coopération dont les effets se voyaient relativement peu. Cibler l’éducation a permis une nette accélération du développement de ce secteur primordial pour le développement de l’économie du Vanuatu. Les résultats sont la création de plusieurs licences et d’un master, permettant aux étudiants vanuatais de poursuivre leurs études chez eux. Un gros avantage pour le pays tant sur plan pratique que financier, envoyer des étudiants à l’étranger coûtant relativement cher.

En matière d’éducation et de formation, il existe d’autres projets d’envergure dans les cartons autour de nouvelles filières universitaires dont une licence administration économique et sociale et une autre en tourisme et gestion hôtelière. Mais la création de l’Université du Vanuatu reste le principal sujet sur lequel travaille l’UNC, ainsi que l’administration calédonienne. Pour nos voisins, il s’agit d’une petite révolution. Les formations ont déjà commencé et le bâtiment viendra en quelque sorte concrétiser la création de cette université. Elle pourrait être livrée en 2020.

De nombreux projets

Financièrement, ces relations représentent un engagement annuel de 38 millions de francs pris en charge à hauteur de 18 millions de francs par l’État et 20 millions de francs par la Nouvelle-Calédonie. L’AFD intervient également grâce à des outils tels que la Ficol (facilité de financement des collectivités territoriales françaises). L’agence participe notamment au financement de la rénovation de la caserne des pompiers de l’aéroport Bauerfield de Port-Vila. Si le coût pour la Nouvelle-Calédonie est important, le territoire y trouve néanmoins son compte.

Comme le souligne Philippe Renault, le directeur de l’agence régionale basée en Nouvelle-Calédonie, « la mise en œuvre de la politique de développement permet de projeter des opérateurs calédoniens au Vanuatu, qu’il s’agisse de la SIC, de la CCI ou encore de la Secal. Ces dernières années, ce sont une vingtaine de partenariats qui ont été passés et d’autres sont en préparation », se félicite le directeur de l’agence. Prochainement, le Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie devraient avoir achevé l’élaboration de leurs listes positives de produits (*) qui pourraient conduire à des levées de barrières douanières, phytosanitaires ou fiscales et ainsi contribuer à renforcer encore davantage les relations économiques entre les deux territoires. Les responsables politiques devraient se retrouver bientôt afin de valider l’augmentation du trafic aérien entre Port-Vila et la Tontouta, un signe bien visible que les liens se renforcent.

(*) Les listes positives de produits sont des listes de biens que produisent le Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie et qu’ils aimeraient pouvoir échanger plus facilement.

M.D.