Nouvelle-Calédonie : terre sarkozyste ?

C’est officiel depuis le début de la semaine, Nicolas Sarkozy est candidat à l’investiture pour l’élection présidentielle de 2017. Si cette annonce n’est pas une surprise, elle a le mérite de relancer la campagne des primaires qui connaîtra son épilogue le 27 novembre. D’ici-là, en Nouvelle-Calédonie, le comité de soutien présidé par Pierre Frogier, va mener campagne en faveur de l’ancien président de la République sur des terres qui lui ont toujours été favorables.

«J’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle de 2017. La France exige qu’on lui donne tout. J’ai senti que j’avais la force pour mener ce combat à un moment si tourmenté de notre histoire ». C’est donc par cette formule pour le moins gaulliste que Nicolas Sarkozy a annoncé sa candidature en quatrième de couverture du livre Tout pour la France publié cette semaine.

L’annonce était attendue, elle a désormais le mérite d’être affichée et étayée. Mais cette déclaration n’est pas non plus sans conséquence sur le paysage politique calédonien puisque chez Les Républicains, et plus généralement chez les partisans du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France, chacun doit désormais prendre clairement position et ce n’est pas anodin.

Il faut se souvenir qu’au deuxième tour du scrutin de 2012, qui l’opposait à François Hollande, Nicolas Sarkozy avait recueilli plus de 63 % des suffrages, soit environ 62 000 voix, c’est-à-dire un peu mieux que les résultats obtenus cinq ans plus tôt, en 2007, lors de son élection à la présidence de la République.

« Tout pousse chez moi à croire au maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France »

Il faut aussi garder à l’esprit que le 28 août 2011, à l’Arène du Sud de Païta, devant l’ensemble des élus et responsables politique locaux, le Président Sarkozy, évoquant l’avenir institutionnel de la Nouvelle- Calédonie déclarait : « Ici, chaque force politique a sa préférence. Vous connaissez la mienne : tout pousse chez moi à croire au maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France. Personne ne peut me reprocher ce choix, parce qu’il vient du cœur et qu’il repose sur la conviction que c’est l’intérêt de la Nouvelle-Calédonie et des Calédoniens. »

Nous étions alors bien éloignés de l’équidistance et si la parole a bien un sens, ce discours sonne aujourd’hui encore comme un encouragement et un soutien à ce que souhaitent, comme ils l’ont montré dans les urnes, la majorité des Calédoniens. Mais Nicolas Sarkozy ne nourrit pas que des ambitions pour la Nouvelle- Calédonie, il désire ardemment le réveil de la France et, en quelque sorte, la refondation du pays au plan identitaire, moral, économique et social.

Il sera suivi en Nouvelle-Calédonie sur cette voie par ceux qui sont de longue date ses compagnons de route À commencer par le sénateur Pierre Frogier, qui, ce n’est plus un secret, a eu et a toujours l’oreille de Nicolas Sarkozy. Il est indéniable que Harold Martin s’engagera aussi dans cette démarche de soutien, lui qui salue depuis des années la connaissance et la proximité qu’a l’ancien président de la République du dossier calédonien. Parmi les autres personnalités à soutenir Nicolas Sarkozy, il faudra aussi compter sur Sonia Backes, chef du groupe Les Républicains au Congrès ou sur Thierry Santa, président de la première institution du pays, et sur Éric Gay, maire du Mont-Dore mais aussi président de l’Association des maires.

Incompatibilité entre Sarkozy et Calédonie ensemble

Il sera beaucoup plus difficile et de toute façon totalement peu crédible, en revanche, de voir des personnalités issues des rangs de Calédonie ensemble soutenir le candidat Sarkozy. Premièrement, en raison d’un réel passif lié par exemple à l’idée d’un troisième accord et deuxièmement, parce qu’il y a une incompatibilité quasiment philosophique d’un point de vue économique entre ce que proposent Les Républicains au niveau national et les mesures que tente de mettre en place localement le gouvernement Germain, avec le soutien de la gauche de la gauche.

C.V. ©AFP