Non-indépendantistes : un accord à quatre qui va chambouler les institutions

La plateforme signée à 48 heures du second tour de scrutin entre le Rassemblement de Pierre Frogier, Philippe Gomès et Calédonie ensemble, le MPC de Gaël Yanno et Tous Calédoniens de Pascal Vittori, a permis non seulement l’élection de deux députés Calédonie ensemble, mais régit aussi (et surtout, diront certains) le renouvellement des institutions qui se prépare…

La déclaration du 15 juin. – « Adopter une position commune entre non-indépendantistes pour préparer le référendum de 2018 et mieux discuter avec le partenaire indépendantiste la sortie de l’Accord » : voilà pour la philosophie de la « déclaration commune », signée à quatre et intitulée « Pour une Nouvelle-Calédonie dans la France et dans la paix ». Sa signature remonte au jeudi 15 juin.

« Avec humilité ». – « L’extrême division des loyalistes, l’extrême abstention et l’extrême confusion générée par les consignes de vote d’Harold Martin de l’entre-deux-tours », en seraient à l’origine plutôt que des considérations électoralistes. Minimaliste dans son vocabulaire, accessible et compréhensible de tous, expliqué et vendu « avec humilité » par ses signataires, l’accord, conclu à la hâte, en aurait presque des accents de sincérité… Si l’on ne se rappelait les moult « pactes républicains » conclus avant ou après des élections, dont on attendait la lune sur un plateau et qui ont vécu, « le temps que vivent les roses », comme dit le poète.

Congrès first. – Pour autant, c’est cette déclaration commune que l’on retrouvera en filigrane des changements qu’impose notre calendrier institutionnel. À commencer par le renouvellement du bureau du Congrès, qui doit intervenir lors de la première séance qui suivra l’ouverture de la session administrative de l’assemblée délibérante. Soit avant fin juin. Thierry Santa, élu Rassemblement et proche de Pierre Frogier, sera-t-il reconduit en vertu de l’accord du 15 juin ? Il n’a certes pas démérité à la tête de la première institution de Nouvelle- Calédonie, à moins qu’un autre destin l’attende ailleurs, comme au gouvernement.

Démission au gouvernement. – Précisément au gouvernement… Pas de problème de cumul de mandats pour Philippe Gomès, qui ne fait que se succéder à lui-même. Philippe Dunoyer, membre de l’exécutif calédonien dispose, en revanche, d’un mois franc pour choisir son mandat : mais pas de doute qu’il « honorera » son mandat de député et quittera le gouvernement Germain. Traditionnellement aussi, le gouvernement change de facto après les législatives, qui constituent en quelque sorte une élection à mi-mandat de l’équipe collégiale qui assure l’exécutif. Récemment ce fut le cas en 2007 comme en 2012, alors…

Fin de mandat pour Germain ? – Dans la plupart des appareils politiques, on attend, certes, le départ de Philippe Germain. Après la crise, la montée du chômage et l’échec de sa politique économique, fustigée par nombre d’élus du Congrès (y compris son actuel président, qui était descendu dans l’arène des travées pour le dénoncer), Philippe Germain devrait logiquement céder son fauteuil. Et l’on voit bien Philippe Gomès le confier (sous tutelle) à l’un de ses nouveaux alliés, histoire de faire taire la grogne sociale dans les assemblées… Ce serait judicieux, à court terme. Sauf que les candidats et volontaires ne sont pas légion. Et finalement, il se dit aussi que Germain pourrait rempiler, faute de postulant…

Réponses en juillet. – À court terme aussi, il faudra trouver un point de chute à Gaël Yanno et un honorable strapontin à Pascal Vittori : sénatoriales pour l’un, poste au gouvernement pour l’autre, disent certains… Mais ce serait accréditer la thèse que cet accord entre quatre formations non-indépendantistes ne visait qu’à une répartition des postes. Ce qui n’est évidemment pas le cas, puisque chacun le dément. Les réponses de cette refonte du paysage institutionnel sont à attendre début juillet, avec la baisse des températures.

M.Sp.