Mission parlementaire

Bernard Monot, député français au Parlement européen, et sa collègue Joëlle Bergeron, tous deux représentants du groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD), seront sur le territoire entre le 30 octobre et le 3 novembre pour une mission d’observation.

DNC : Quel est l’objet de votre mission à la veille du référendum d’autodétermination ?

Bernard Monot : Le Parlement européen nous a accordé, à Joëlle Bergeron et moi-même, une mission d’observation pour ce scrutin référendaire important pour la Nouvelle Calédonie. Elle consiste à rencontrer autant de personnes des divers groupes sociaux formant la population calédonienne, que celles-ci soient en faveur de l’indépendance ou pour le maintien dans la République française, et à veiller à la bonne tenue de l’opération électorale et du scrutin. Nous nous y attelons avec rigueur et sommes très honorés de pouvoir signifier, par notre présence, l’attachement que nous portons à la Nouvelle-Calédonie et à ce processus démocratique.

Quelle est votre position sur cette échéance et le choix qui se pose aux Calédoniens ?

Comme observateur de l’Union européenne, mais aussi en tant que personne qui ne vit pas et ne travaille pas en Nouvelle- Calédonie, je me dois de respecter un devoir de réserve. Cependant, compte tenu de mes engagements politiques passés et présents, il est clair que tout connaisseur de la vie politique sait que je suis profondément attaché à la France et à la Nouvelle-Calédonie.

Si la Nouvelle-Calédonie quittait la France, elle quitterait l’Union européenne. Une perte selon vous ? Si oui, pourquoi ?

La Nouvelle-Calédonie jouit d’un statut juridique particulier en droit européen : elle est un territoire associé, comme la Polynésie française ou Wallis-et-Futuna. Ce qui signifie qu’elle n’est pas intégrée directement dans l’Union européenne même si tous les Néo-Calédoniens sont pleinement citoyens européens. Elle n’est donc pas soumise à la TVA et pas membre ni de la zone euro ni de l’espace Schengen. Le territoire bénéficie d’une association portant sur le développement économique et social, l’intégration et la coopération régionale, ce qui lui permet d’accéder aux Fonds européens de développement (Fed). Sur le 10e Fed, la Nouvelle-Calédonie a obtenu de 19,81 millions d’euros (2,3 milliards de francs CFP) principalement dédiés à la formation professionnelle.

Autres illustrations, dans le cadre du 11e FED, de 2017 à 2020, le territoire bénéficiera de 29,8 millions d’euros (3,6 milliards de francs), concentrés sur l’emploi et l’insertion professionnelle. Elle recevra aussi une partie des 36 millions d’euros (4,3 milliards de francs), après la signature, le 10 avril dernier, entre le gouvernement et l’UE, de la convention relative au financement du 11e FED destiné aux pays et territoires d’outre-mer (PTOM) du Pacifique pour la mise en œuvre d’un programme régional en faveur de l’environnement et de la gestion durable des ressources naturelles.

De ce point de vue, il est clair que l’issue de la consultation référendaire aura des conséquences budgétaires significatives.

Que souhaitez-vous pour l’après-référendum et l’avenir du territoire ?

Ce que je souhaite le plus à la Nouvelle-Calédonie, c’est qu’elle poursuive sa projection dans l’avenir selon un rythme soutenu et pour le plus grand bénéfice de toute sa population et en particulier dans le respect des valeurs et des traditions de toutes les composantes de la populations calédoniennes. La Nouvelle-Calédonie est une terre magnifique, pleine de richesses humaines, culturelles et économiques, qui doivent pouvoir s’épanouir dans le meilleur contexte possible et pour le bonheur et la prospérité de tous.

Propos recueillis par C.M.


BIO EXPRESS

Bernard Monot est député au Parlement européen de la circonscription Massif central-Centre. Il s’est imposé lors des élections européennes de 2014 avec plus de 24 % des suffrages, devant l’UMP et le PS, avec l’étiquette FN-RBM, dont il a été l’un des principaux conseillers.

Cette année, il a quitté le groupe Europe des nations et des libertés (ENL) au Parlement pour rejoindre le groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD) où l’on trouve les démissionnaires du FN dont Florian Philippot. En Métropole, il a rejoint en mai dernier le parti Debout la France, de Nicolas Dupont- Aignan.

Bernard Monot a mené une longue carrière au sein d’établissements financiers privés et publics de renom, tels que HSBC (ex-CCF), Allianz Group (ex-AGF), Natixis Asset Management (BPCE) et, depuis 2008, au sein de la Caisse des dépôts et consignation (CDC).

C’est le constat « d’une situation économique française de plus en plus catastrophique » qui l’a conduit à « s’engager pleinement dans la vie publique, avec l’objectif de redonner espoir à ses compatriotes dans le redressement de la France, le retour au plein emploi et la prospérité économique par une indépendance retrouvée ». C’est un défenseur de la libre entreprise, des principes d’une « économie de marché protégée et régulée raisonnablement dans le cadre d’un État de droit, compétent qui maitrise les risques systémiques extérieurs ».

Bernard Monot est membre de la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen (ECON), ainsi que des commissions Budget et spéciale TAX3 (crimes financiers et évasion fiscale). Il est également membre des délégations du Parlement européen pour les relations avec les États d’Asie du Sud-Est ainsi que du Caribbean Forum.