« Mettre les savoirs à la portée de tous »

La Fête de la science se déroulera du 22 septembre au 24 octobre sur l’ensemble du territoire. De nombreux événements sont prévus pour permettre au plus grand nombre d’entrer en contact avec le monde scientifique. Rencontre avec le professeur Moulay Abdelghani-Idrissi, délégué territorial à la recherche et à la technologie du haut-commissariat, qui assure la coordination de cet événement national.

Quels sont les enjeux de la Fête de la science ?

Je voudrais rappeler que cet événement est placé sous l’égide du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La Fête de la science est une impulsion nationale déclinée dans les régions. Pour l’organisation, nous poursuivons le partenariat avec l’association Symbiose qui nous permet de mailler l’ensemble du territoire. L’idée est de permettre à tous les citoyens, quels que soient leur sexe et leur origine, d’accéder aux sciences et aux techniques qu’ils peuvent rencontrer dans la vie quotidienne. La France est une société de connaissances. Notre réflexe, quand on cherche à résoudre un problème, est de questionner les sciences. Pour prendre l’exemple du corail, qui est un sujet d’actualité à la tenue de l’Ifrécor, dans le cadre de la préservation et pour éviter les erreurs, nous avons une approche scientifique. La biodiversité et sa richesse sont d’ailleurs une signature de la Nouvelle-Calédonie. Cela a permis de développer une expertise avancée dans ces domaines de recherche qui représentent des sources de croissance économique potentielle importantes. L’information autour des sciences permet aussi de comprendre qu’elles ne sont pas antagonistes avec les traditions culturelles. Les savoirs kanak sont notamment une richesse culturelle et des sciences, comme l’anthropologie, permettent d’accompagner et de valoriser ces savoirs. La science permet aussi de comprendre les croyances, les influences de ces croyances et les interactions entre les individus. Un autre enjeu est de familiariser la société avec l’ensemble des sciences de façon à ce que chacun comprenne mieux ce qui nous entoure. La technologie nous paraît parfois naturelle, comme le fait de prendre un téléphone, par exemple. La science et les technologies sont partout et certains jeunes ont parfois besoin de comprendre à quoi servent leurs enseignements. La Fête de la science est aussi l’occasion de susciter des vocations.

En matière de recherche, comment se positionne la France aujourd’hui ?

Elle est reconnue au niveau international pour son potentiel de recherches. Le monde de la recherche est structuré, il y a de la matière grise, des laboratoires d’excellence, des prix Nobel régulièrement… Après, c’est vrai, qu’il y a un souci de visibilité sur la scène internationale. Pour être visible, par rapport à des pays comme les Etats-Unis, qui sont à une échelle différente, il faut de grands pôles. Depuis 2003, l’enseignement supérieur se structure autour d’un projet commun pour être lisible. Au niveau local, cela s’est traduit par la création du consortium de coopération pour la recherche, l’enseignement supérieur et l’innovation (CRESICA) qui regroupe l’Université, l’IRD, l’IAC, l’Institut Pasteur, l’aquarium, le BRGM ou encore l’Ifremer. Ce consortium regroupe les instituts de recherche autour de thématiques sur lesquelles ils veulent être visibles. La Nouvelle-Calédonie a un très bon potentiel de recherche et il y a de l’excellence. Le parc de la mer de Corail est une signature du territoire, beaucoup de choses vont tourner autour, en recherche fondamentale, mais aussi appliquée.

 Les débouchés sont-ils suffisamment attractifs pour les candidats à des carrières scientifiques ?

On pense souvent aux organismes publics, mais il ne faut pas oublier que le privé fait également de la recherche et du développement. Les doctorats sur les thématiques appliquées sont d’ailleurs de plus en plus recherchés. L’État finance, par exemple, des aides aux entreprises qui souhaitent recruter des doctorants sous couvert d’une école doctorale. Il y aura toujours de la recherche publique, mais on souhaite désormais ouvrir la porte au privé. Le privé ne souhaite plus uniquement des ingénieurs, il veut aussi des personnes qui peuvent aller au-delà de l’ingénierie et cherchent donc des doctorants. Il y a une ouverture même si les conventions ne sont pas encore totalement adaptées.

Vous venez de prendre votre poste au Haut-commissariat, avez-vous des projets particuliers ?

Nous avons plusieurs projets dont celui de mettre en place un forum des savoirs. Il y a probablement des choses qui se font, mais nous souhaitons inscrire ce forum dans un logique de vulgarisation de façon à ce que les savoirs soient mis à la portée de tous. Nous pensons également à la création d’un musée ou, plus simplement, à marquer un lieu où l’on recense l’évolution technologique, y compris les technologies les plus anciennes. Je suis certain que dans les différents organismes, il existe des machines ou des outils que nous pouvons valoriser et qui peuvent aider à comprendre la technologie actuelle ou son évolution. J’étais précédemment le directeur de l’IUT de Rouen et c’est ce que nous avons fait.


Le programme de la Fête de la science

Mercredi 27 septembre, de 17 h à 21 h

L’Université organise La Nuit de la science. Au menu de la soirée, des speed-conférences, ateliers scientifiques, manipulations, visites, conférence-débat autour de la physique, des maths, de la biologie ou encore de la géologie électronique.

Samedi 30 septembre, de 9 h à 16 h

Le collège de Boulari accueillera le Village des Sciences. Au programme : visite du Vaisseau des sciences biodiversité, animations scientifiques proposées par les organismes de recherche, des entreprises et des associations, concours des jeunes scientifiques.

Retrouvez l’ensemble du programme sur le site de l’association Symbiose (http://symbiose.nc/fete-de-la-science).