Manuel Valls et les « nouvelles relations » dans le Pacifique

Après son passage en Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre a poursuivi son périple en Nouvelle-Zélande et finalement en Australie. De quoi entériner des relations d’une nouvelle envergure.

Manuel Valls a poursuivi son périple en Nouvelle- Zélande pour des entretiens largement axés sur la coopération bilatérale. Lors de cette première visite d’un Premier ministre français depuis 1991, chacun a pu apprécier la normalisation des relations entre les deux pays depuis la fameuse histoire du Rainbow Warrior (1985) et celle des essais nucléaires dans le Pacifique. « La France est un pays du Pacifique », a souligné Manuel Valls, ajoutant que « plus d’un million de Français vivent dans la région dont dix mille en Nouvelle-Zélande. »
Avec son homologue John Key, il a abordé la lutte contre le terrorisme ainsi que la coopération en matière de lutte contre le réchauffement climatique notamment pour les îles du Pacifique. Manuel Valls accompagné de la ministre de l’Outre-mer, George Pau-Langevin, du président du gouvernement, Philippe Germain, du député, Philippe Gomès et du président de la Polynésie française, Edouard Fritch, a été reçu au Musée de la guerre d’Auckland, décoré aux couleurs de la France où s’étaient réunis plus de 500 Français. Le réalisateur, Peter Jackson, et l’artiste, Fiona Paddington, ont été faits officier de l’ordre national des Arts et des Lettres. La journée du lendemain était consacrée au volet économique entre la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle- Zélande après des honneurs militaires et une cérémonie traditionnelle devant le musée.

Poignée de main

Le Premier ministre a finalement écourté sa visite en Nouvelle-Zélande pour pouvoir rencontrer, lundi, son homologue australien, Malcolm Turnbull, à Canberra au siège du gouvernement et saluer la signature du méga-contrat de 34 milliards d’euros pour la construction de douze sous-marins par DCNS, annoncée la semaine dernière. « Ces sous-marins sont les meilleurs », s’est réjoui Malcolm Turnbull, rappelant que l’Australie est « un pays insulaire » et doit, à ce titre, se doter des meilleurs équipements. « La relation stratégique entre la France et l’Australie est en train de changer de dimension », s’est félicité à son tour Manuel Valls, louant « un choix historique » qui « honore la France » et qui l’« oblige ».

Un choix historique entre la France et l’Australie qui méritait bien un déplacement et pour lequel Matignon aurait fait des pieds et des mains, selon la presse accompagnant le ministre. De quoi en effet symboliser la réussite française, cette France qui « va mieux », comme le martèle désormais l’exécutif dans une période pourtant plus que difficile. Mais aussi de symboliser sans doute le rôle qu’entend jouer le Premier ministre français dans la gestion de cet immense projet. « Sous l’autorité du président de la République, je superviserai personnellement le respect de nos engagements en lien avec le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian », a-t-il annoncé, sûrement ravi d’incarner la France dans cette poignée de main immortalisée à Canberra.

————————————

Et pour la Nouvelle-Calédonie ? 

Le voyage en Nouvelle-Zélande a été prolifique pour la délégation calédonienne, menée par le président, Philippe Germain, et le député, Philippe Gomès. Le ministre John Key a assuré de son soutien pour l’accession de la Nouvelle-Calédonie comme membre à part entière du Forum des îles du Pacifique lors de la prochaine réunion en septembre en Micronésie. Ce qui permettrait en particulier d’intégrer les accords commerciaux de la zone.
Le président du gouvernement a par ailleurs signé, en présence de Manuel Valls, un accord avec Simon Bridges, ministre des Transports, pour organiser des fréquences aériennes supplémentaires entre les deux pays (quatre rotations hebdomadaires en 2016 et cinq en 2017). Des tables rondes au ministère des Affaires étrangères et du Commerce avec des chefs d’entreprise devraient enfin permettre de lever un certain nombre de barrières pour l’export. Une feuille de route commerciale pourrait être signée en juin, alors que le gouvernement prévoit de revenir en Nouvelle-Zélande avec des chefs d’entreprise calédoniens.

C.M.

© AAP/Sam Mooy/via Reuters