Macron en passe de réussir son OPA sur le Palais Bourbon

La dynamique Macron a fait exploser l’échiquier politique tel que nous le connaissions jusqu’alors. Comme après une crue de nouveaux paysages se dessinent en deux dimanches d’élections.

Majorité absolue mais sans expérience. – Selon les dernières projections, entre 400 et 440 députés La République en marche (LREM) s’apprêteraient à faire leur rentrée dans une Assemblée nationale qui en compte 577 au total. La moitié serait issue de la « société civile », c’est-à-dire sans expérience politique. Mais le Président Macron est en passe de gagner son pari : s’offrir une majorité absolue au Palais Bourbon, pour asseoir la politique de son quinquennat.

Record d’abstention. – Une performance électorale à tempérer néanmoins, puisque moins d’un Français sur deux est allé voter, dimanche dernier. Ce qui donnera à ce scrutin le triste privilège de rester dans les annales comme celui au plus fort taux d’abstention de la Ve République. Et comme en Calédonie chacun s’inquiète et s’interroge du divorce grandissant entre l’opinion publique et sa caste politique.

Souvenir de la vague rose de 1981. – Il n’empêche, depuis la « vague rose » des députés socialistes, qui avait suivi l’élection de François Mitterrand le 10 mai 1981, jamais aucun président de la République n’aura disposé d’une chambre qui lui soit aussi… redevable. Emmanuel Macron pourrait même se passer de l’aide du MoDem de François Bayrou, si nécessaire, pour voter ses réformes. Un confort rêvé. Qui peut vite s’apparenter à une « assemblée de godillots », jamais saine en démocratie. Mais Macron a su ressusciter le réflexe légitimiste des Français, que l’on croyait perdu.

Baroin appelle au sursaut républicain. – D’où l’appel « au sursaut » lancé par François Baroin aux électeurs de la droite et du centre, sitôt connus « les résultats décevants » de scrutin. Avec 21,56 % des suffrages et l’espoir de conserver entre 80 et 130 sièges (contre 199 dans l’assemblée sortante), Les Républicains conservent leur statut de première force d’opposition. Et, sauveraient les meubles, en appuyant entre les deux tours sur « les dangers d’une assemblée monochrome ».

Bérézina rue de Solferino. – C’est la Bérézina en revanche pour le parti socialiste crédité de 10 à 25 sièges dans la future Assemblée. Tous les caciques de la rue de Solferino ont été éliminés au premier tour, à commencer par le Secrétaire général du parti, Jean-Christophe Cambadélis. Idem pour le candidat à la présidentielle, Benoît Hamon ; pour Patrick Mennuci à Marseille ; Aurélie Filippetti en Moselle ; Najat Vallaud-Belkacem dans le Rhône… Le Point évoque cette semaine « l’hécatombe des socialistes » et l’Express nous parle du « cimetière des éléphants » qui déborde ! Dernière ironie pour le parti à la rose : le seul de l’équipe Hollande à se trouver en ballotage favorable est l’ancien Premier ministre, Manuel Valls. Mais il est exclu du PS !

Des Insoumis mieux lotis. – Jean-Luc Mélenchon s’en sort un peu mieux et devrait tabler sur quasiment autant d’élus « Insoumis » que le parti socialiste. Mais ce mouvement n’est qu’à l’aube de son histoire…

Douche froide au FN. – Mauvaise affaire aussi ce dimanche pour le Front national. En début de campagne, le parti de Marine Le Pen espérait encore placer « une centaine de députés frontistes ». Ils seraient moins d’une dizaine, selon les dernières projections ; et plus vraisemblablement entre deux et six. Autant l’électeur frontiste « y croyait à la Présidentielle, autant le cœur n’y était plus aux législatives », s’accordent les éditorialistes métropolitains.

Girardin sur la sellette. – À noter encore que si tous les ministres du gouvernement Philippe s’en sortent plutôt bien et sont en ballottage favorable, y compris Richard Ferrand malgré l’enquête préliminaire qui le vise dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Sauf, peut-être, Annick Girardin, la ministre de l’Outre-mer déjà fâchée avec les élus calédoniens, et qui se retrouve en mauvaise passe à Saint-Pierre et Miquelon…

M.Sp.

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