Lumière bleue : un danger pour la santé et l’environnement

Dans un rapport publié dernièrement, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) alerte sur les risques de la lumière bleue émise par les écrans LED en s’appuyant sur les nouvelles connaissances scientifiques. Elle peut être toxique pour l’œil et conduire à une baisse de la vue, perturber nos rythmes biologiques et serait également nocive pour l’environnement.

Économe en énergie, la LED (diodes électroluminescentes) a été découverte en 1992 et depuis, a révolutionné notre éclairage. Elle a envahi notre quotidien sur les écrans d’ordinateur, tablettes, smartphones, jouets électroniques, phares des voitures ou encore ampoules.

Lors d’un premier avis publié en 2010, l’Anses avait déjà pointé les dangers pour la rétine et les récentes expertises scientifiques confirment la toxicité de ce type d’éclairage pour l’œil qui peut conduire à une baisse de la vue. « Les nouvelles données scientifiques […] permettent d’identifier des effets phototoxiques à court terme liés à une exposition aiguë à une lumière riche en bleu et des effets à long terme liés à une exposition chronique pendant plusieurs années, qui peuvent augmenter les risques de survenue d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)», écrit l’Anses dans son rapport.

L’organisme public rappelle que ni les éclairages portatifs, ni l’éclairage automobile, ni les jouets intégrant des LED ne sont concernés par la réglementation actuelle. Il suffit de se rendre en magasin pour le constater : si on achète une lampe où gurent des normes NF, une indication fait mention du groupe de risques auquel elle appartient (voir encadré). En revanche, aucune norme n’apparaît sur une lampe torche, une frontale, un smartphone, une tablette, une télévision ou des ampoules de phares pour voitures.

Par ailleurs, selon l’Anses, une exposition même « très faible à de la lumière riche en bleu le soir ou la nuit, perturbe les rythmes biologiques et donc le sommeil », en particulier des enfants et des adolescents dont les yeux filtrent moins bien la lumière. Une population aussi « plus sensible aux e ets potentiels induits par cette modulation de la lumière » qui peut engendrer des maux de tête et une fatigue visuelle.

Enfin, concernant l’environnement, l’Anses rappelle que l’éclairage LED participe à la pollution lumineuse nocturne et risque de causer un appauvrissement de la diversité des espèces végétales et animales. On peut ainsi lire dans le rapport : « Quel que soit l’écosystème étudié, les connaissances scientifiques montrent de façon convergente une augmentation de la mortalité et un appauvrissement de la diversité des espèces animales et végétales étudiées dans les milieux éclairés la nuit, y compris par des éclairages à LED » tels que les enseignes, les publicités lumineuses, l’éclairage des zones commerciales et industrielles…

Les recommandations

Face aux risques identifiés, le rapport de l’Anses contient toute une série de recommandations mises à jour grâce à l’analyse de 600 publications scientifiques. Ainsi, l’agence propose de faire évoluer le cadre réglementaire de tous les pays afin de « limiter la pollution lumineuse, tout en veillant à assurer la sécurité des personnes » en commençant, par exemple, par baisser l’intensité lumineuse des phares des véhicules automobiles. Une problématique que connaissent bien les taxis et autres professionnels de la route qui circulent la nuit.

L’Anses conseille aussi de limiter l’exposition des populations et en particulier celle des publics les plus à risque (enfants et adolescents) aux écrans la nuit et avant le coucher, mais aussi de privilégier les lumières chaudes dans l’espace domestique ou encore d’instaurer une réglementation européenne plus large adaptée à tous les dispositifs (smartphones, tablettes).

Enfin, elle tient à préciser que l’efficacité des moyens de protection contre cette phototoxicité, c’est-à-dire les ltres incorporés aux écrans d’ordinateur ou encore les verres teintés, « est très variable en fonction des dispositifs. […] Aucune efficacité n’est démontrée contre une exposition à long terme et contre les e ets de retard à l’endormissement ».

Protéger sa vision

Au-delà des dernières recommandations, il faut arriver à protéger sa vision contre les effets nocifs de la lumière bleue. Les professionnels de la vue, les scientifiques sont unanimes : vous pouvez utiliser des lunettes de protection spécialement étudiée pour l’intérieur, notamment lorsque la luminosité est faible ou le soir. Il s’agit de lunettes équipées de verres ophtalmiques protecteurs possédant un revêtement spécial conçu pour ré échir et bloquer la pénétration de la lumière bleue. Pour cela, il faut vous diriger vers un opticien et ne pas acheter n’importe quoi. C’est la même chose pour le jour, des lunettes de soleil spécialement teintées ou polarisées afin d’absorber les rayons bleus HEV sont idéales pour l’extérieur.

Les appareils numériques

La technologie ne cessant d’évoluer, les tablettes deviennent encore plus pratiques, les téléphones ont plus d’applications et de nouveaux appareils numériques sont inventés. Tout ceci mène à ce que nos yeux passent encore plus de temps à regarder des écrans pour le travail, l’école et le jeu.

Le rapport 2012-2013 sur la fatigue visuelle numérique de l’association intitulé « Vision Council » donne les conseils suivants pour regarder les écrans de façon plus sûre.

• Réduisez l’éblouissement : adaptez la luminosité de votre écran en vérifiant le réglage de l’appareil. Pensez à changer la couleur blanc brillant de votre fond d’écran pour un gris froid. Des filtres de réduction de l’éblouissement pour écrans d’ordinateur sont également disponibles et des options de coupure de lumière bleue existent sur la majorité des smartphones ou tablettes. Pensez à les activer le soir.

• Nettoyez votre écran : un écran sans tache ni poussière aide à réduire l’éblouissement. • Diminuez l’éclairage environnant : réduisez la quantité de lumière en concurrence avec votre écran. Baissez l’éclairage intérieur et lorsque vous êtes à l’extérieur, évitez d’utiliser votre appareil en plein soleil.

• Ajustez votre écran : peu importe le type d’appareil, les écrans numériques doivent toujours être directement en face de votre visage et légèrement en dessous du niveau des yeux.

• Augmentez la taille du texte pour aider à mieux définir le contenu de l’écran et rendre la lecture plus confortable pour vos yeux.

• Clignez des yeux plus souvent : regarder un écran numérique peut influer sur le nombre de fois que vous clignez des yeux, ce qui provoque la sécheresse oculaire.

• Prenez une pause : toutes les 20 minutes, prenez une pause de 20 secondes et regardez quelque chose à plus de 5 mètres. Toutes les deux heures, faites une pause de 20 minutes.

• Limitez la quantité de temps passé devant l’écran : deux heures consécutives devant un écran numérique fatiguent les yeux. Les parents devraient surveiller et limiter le temps d’écran autorisé pour leurs enfants et réduire leur propre temps devant un écran pour montrer le bon exemple.

• Portez des lunettes pour ordinateur. Elles aident l’œil à s’adapter à des objets à distance intermédiaire tels que les écrans d’ordinateur et à réduire les effets de la fatigue visuelle.


Combien de temps devant les écrans ?

Même si les professionnels de santé recommandent de limiter à deux heures par jour le temps passé devant l’ordinateur, la plupart des travailleurs sont rivés à leurs écrans entre cinq et sept heures par jour. À cela, il faut ajouter les heures de loisir pour les jeux vidéo ou les films, les tablettes et autres smartphones.

A n d’éviter ces inconvénients, il est donc conseillé de prendre une pause d’écran de 20 secondes toutes les 20 minutes et de 20 minutes toutes les deux heures quand on est adulte et de porter des lunettes avec des verres spécifiques.


Veiller à la qualité de l’éclairage à LED

La qualité d’un système d’éclairage dépend de deux critères : la température de couleur et le niveau d’éclairement. Il est nécessaire d’adapter la température de couleur de l’éclairage au niveau d’éclairement. Le diagramme de Kruithof (ci-dessous) définit les zones de meilleur confort visuel. On peut aussi se référer aux normes NF EN 12464 et NF X 35-103 pour identifier les éclairages les mieux adaptés à
votre domicile, votre entreprise. En général, il convient de favoriser des températures de couleur inférieures à 4000 K (blanc chaud à blanc neutre).


Bien choisir son éclairage grâce à la norme NF 62471

Importante dans l’achat d’une ampoule ou d’un éclairage, elle dé nit quatre groupes de dangerosité pour les sources de rayonnements optiques liés à la durée d’exposition maximale admissible de l’œil à la lumière :

GR0 – groupe de risque 0 : pas de risque quel que soit le temps d’observation de la source

GR1 – groupe de risque 1 (risque faible) : temps d’exposition maximal de 10 000 s (3 heures)

GR2 – groupe de risque 2 (risque modéré) : temps d’exposition maximal de 100 s

GR3 – groupe de risque 3 (risque élevé) : temps d’exposition maximal de 0,25 s

Obligatoire à la vente, le marquage CE des lampes et luminaires impose d’afficher leur classement en termes de risques photobiologiques s’il dépasse GR1. Pour les dispositifs d’éclairage général des locaux appartenant aux groupes GR0 et GR1, il n’y a pas, a priori, de risque pour les yeux en conditions d’utilisation normale : pas de vision directe des lampes ou des LED, grâce notamment à des luminaires équipés de diffuseurs ou de grilles de défilement.

C.S