L’hôpital de demain, une réalité avec le Médipôle

Le CHT accueille depuis quinze jours le professeur Jean-Louis Vincent, un des plus grands spécialistes des soins intensifs et de réanimation du globe. L’occasion pour lui de livrer son point de vue sur le Médipôle, sa vision de l’hôpital. Le professeur donnera une conférence grand public ce soir.

Reconnu internationalement pour ses travaux, ses mémoires, ses conférences et ses publications sur les soins intensifs, le professeur Vincent intervient depuis deux semaines auprès de l’ensemble du personnel du Médipôle, médecins et infirmières, avec un soin particulier dans les services de réanimation et anesthésie. Pour Dominique Cheveau, le directeur du CHT : « La venue d’un grand spécialiste comme le professeur Vincent nous apporte beaucoup, car notre politique est résolument tournée vers le développement. Nous recevrons d’ailleurs prochainement d’autres équipes médicales en ce sens, en opératoire notamment. »
La réanimation a vu passer 1 700 patients l’année dernière au CHT. Il s’agit d’un service phare de l’établissement qui couvre l’ensemble du territoire, ainsi que Wallis-et- Futuna. « C’est une grosse équipe de soignants, soit 120 personnes, l’équivalent d’un bassin de 300 000 personnes, en comparaison, un hôpital comme celui Bayonne, en Métropole », précise Dominique Cheveau.

Une intervention primordiale

Tout au long de son passage au CHT, le professeur Jean-Louis Vincent a partagé des notions, les bonnes pratiques et ses approches de diagnostic pour aider et informer les équipes médicales dans leur travail quotidien. Au-delà des quelques conférences retransmises en direct sur les écrans de chaque service sur sa vision de l’hôpital, plusieurs thèmes ont également été abordés avec les soignants, comme les types de solution intraveineuse, les nouvelles stratégies thérapeutiques, les managements du traumatisme, les protocoles et l’implication intellectuelle ou encore la communication comme outil d’amélioration dans le fonctionnement des services hospitaliers. « J’ai pu échanger avec les médecins, mais aussi avec les infirmières lors de débats interactifs sur les soins intensifs et le traitement du patient, ajoute le professeur Jean-Louis Vincent. Que de bons contacts ! J’ai pu observer que les équipes étaient très motivées, bien plus qu’en France métropolitaine ou que chez moi, en Belgique. Souvent, on se dit que sous les tropiques, c’est plage et sieste : c’est tout le contraire ! Ce qui m’a grandement frappé, c’est un effectif de qualité, des comportements dévoués d’un personnel qui a vraiment envie de participer, d’apprendre. C’est étonnant et plaisant. Et pourtant, j’ai pu faire beaucoup de voyages à travers mes conférences, mes audits et ainsi découvrir beaucoup d’hôpitaux à travers le monde. »

Une visite pour évaluer

Au-delà de ses interventions au Médipôle, le spécialiste mondial en a profité, à la demande de la direction du CHT, pour faire un point, un bilan sur le niveau du Médipôle dans les soins intensifs et la réanimation. Comme le précise Dominique Cheveau, « le but était de pro ter de la visite du professeur dans nos services pour obtenir une évaluation sur nos pratiques professionnelles, que nous sommes bien dans les standards. Et d’après les premiers retours, nous sommes fiers des résultats. Le but étant bien évidemment de nous donner des recommandations, des orientations pour améliorer la prise en charge de nos patients ».

Et pour le professeur Jean-Louis Vincent, ce qu’il a pu observer au sein du CHT est très positif. « Ce qui m’a véritablement impressionné, c’est la qualité des soins. Et pour parler de qualité, il faut inévitablement qu’il y ait la conjugaison d’un personnel optimal et d’un matériel de pointe. Deux points que réunit le CHT. Cet établissement est impressionnant par ce caractère. Il y a une accessibilité des technologies de soins surprenante. L’imagerie et la résonance sont de qualité et la rapidité d’exécution pour les déclencher est remarquable. En toute franchise, je ne m’attendais pas à trouver un tel outil, ici, au beau milieu du Pacifique ! » Pour le professeur, tout est réuni au Médipôle pour une amélioration permanente et continue de la qualité des soins.

Sa vision de l’hôpital de l’avenir

Jean-Louis Vincent profitera de sa venue sur le territoire pour former et partager sa vision de l’hôpital de demain au grand public. Il animera ainsi, ce soir, une conférence sur « l’avenir de l’hôpital ». Le professeur réfléchit depuis de nombreuses années à ce thème. « L’hôpital de demain doit offrir un cadre agréable comme ici, au CHT, avec des jardins, des couleurs, une ambiance. Le patient doit se trouver comme dans un hôtel. Fini les odeurs d’éther ! Le patient sera au cœur de l’hôpital et de son parcours de soins ». Et de rajouter : « La communication doit avoir un rôle primordial dans les services, mais également avec le malade et les technologies vont dans ce sens. Pourquoi ne pas accepter également les animaux domestiques pour certains patients ou considérer l’utilisation de la télémédecine et des robots comme un atout quand ils sont bien contrôlés et utilisés ? On doit penser également à améliorer les conditions de fin de vie. » Autant de points, de thèmes qui seront débattus lors de sa conférence publique, ce jeudi soir à partir 19 h, à l’Université.


Le Professeur Jean-Louis Vincent : BIO EXPRESS

Chef du service de soins intensifs de l’hôpital Erasme, en Belgique, jusqu’en 2016, il est aujourd’hui un consultant renommé qui parcourt le monde pour évaluer et échanger ses connaissances avec les soignants. Le professeur a signé plus de 900 articles originaux, près de 400 chapitres de livres et plus de 1 000 résumés de congrès. Il a publié 102 livres, notamment sur l’hôpital de demain, les soins intensifs et la réanimation. Ses travaux ont été couronnés en Belgique en 2010 par le prix scienti que Joseph Maison en sciences biomédicales cliniques. Il est le premier non-américain à avoir reçu le « Distinguished Investigator Award », le College Medialist Award », la « Society Medal », de la European Society of Intensive Care Medecine, et le « Lifetime Achievement Award » de la Society of Critical Medecine en 2015. Il est aussi l’organisateur du plus grand symposium au monde en soins intensifs et médecine d’urgence (6 000 participants). En n, il a été président de la fédération belge, européenne, puis mondiale de réanimation et de soins intensifs.

C.S