Les « vrais loyalistes » s’unissent

L’appel à l’unité a fonctionné. Les Républicains calédoniens, le Rassemblement et le MPC ont annoncé, ce mercredi, leur union sur la liste « L’Avenir en confiance » pour les provinciales. Les objectifs : redonner confiance aux Calédoniens et empêcher les indépendantistes de prendre la majorité au Congrès en allant chercher les sièges perdus en 2014.

Les responsables des trois partis loyalistes, Sonia Backes, Thierry Santa et Gil Brial, ont présenté mercredi les fondements et les objectifs d’une liste d’union, « L’Avenir en confiance » pour les prochaines provinciales.

Gil Brial a pris la parole le premier pour affirmer que ce choix était « dicté par notre sens des responsabilités face aux dangers qui pèsent sur la Nouvelle-Calédonie à l’approche des provinciales. Selon lui, « nos trois mouvements ont dressé le même constat : il y a une perte évidente de confiance alors il faut aujourd’hui redonner espoir, il faut stopper les dérives des indépendantistes et des nationalistes, retisser en n un lien entre les citoyens et la politique ». Les Républicains calédoniens, le Rassemblement et le Mouvement populaire calédonien ont donc fait le choix d’unir leurs troupes pour « offrir un nouvel élan politique, cohérent, équilibré et clair », ajoute Gil Brial, en proposant une liste commune, « une liste unique que la majorité des loyalistes demandaient. »

« En préparant la campagne du référendum, en faisant notre porte-à-porte, en tenant nos réunions publiques, nos trois mouvements se sont vite rendu compte que les Calédoniens voulaient une liste unique qui porte la voix, haut et fort, de ceux qui veulent rester dans la République française, a ajouté Sonia Backes et c’est pour cela que « nous répondons aujourd’hui à leur appel avec L’Avenir en confiance. C’est une union naturelle, constituée d’une nouvelle équipe et qui a vocation à durer dans le temps, a minima jusqu’à la fin des processus référendaire. »

Redonner confiance aux Calédoniens

Pour les représentants de L’Avenir en confiance, cette démarche est avant tout la conséquence « d’une triple perte de confiance » des Calédoniens, comme le détaille Gil Brial, « en l’avenir, dans l’économie et sur le plan social ».

Pour le représentant de l’Avenir en confiance, le référendum du 4 novembre a marqué la n d’un cycle : « Trente ans après l’accord de Matignon et vingt ans après celui de Nouméa, les résultats du scrutin ont confirmé que la majorité des Calédoniens plébiscitent encore et toujours le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France. » Pour Sonia Backes, Thierry Santa et Gil Brial : « C’est un fait sans appel unanimement reconnu. Mais les résultats du référendum ont aussi démontré que les clivages ethniques, géographiques et communautaires sont demeurés identiques, et ce, malgré 30 ans de paix et de rééquilibrage. Ces résultats ont entraîné chez de nombreux Calédoniens un sentiment de craintes et de perte de confiance en l’avenir. »

Concernant le premier point, Gil Brial indique que « la situation économique particulièrement dégradée a eu pour conséquence la destruction de nombreux emplois dans le secteur privé et la fermeture de nombreuses entreprises. Le niveau de confiance des entrepreneurs est aujourd’hui à son plus bas niveau et le risque de cessation de paiements de la SLN aggrave encore cette situation ». Pour les représentants de la nouvelle liste, si la conjoncture institutionnelle a joué un rôle dans cette crise, elle n’en constitue pas la seule explication. « En effet, la politique économique, menée par la coalition nationaliste Calédonie ensemble et les indépendantistes, de matraquage fiscal, de cadenassage de l’économie et de mesures idéologiques a eu pour e et une perte de pouvoir d’achat des Calédoniens et d’anesthésie de notre esprit pionnier. »

Enfin, concernant la perte de confiance sociale, Gil Brial explique que depuis quelques années « les forces vives de la société civile ne se sentent plus entendues, ce qui a entraîné une rupture de dialogue avec le pouvoir politique. Par ailleurs, la situation d’insécurité, la multiplication des actes de délinquance et la politique laxiste menée y ont également contribué ».

Une nouvelle page politique

Pour les représentants des Républicains calédoniens, du Rassemblement et du MPC, cette nouvelle liste est le résultat évident d’une « attente populaire forte », qui a pour ambition de redonner confiance aux Calédoniens, comme le souligne Thierry Santa : « Il fallait inverser la vapeur pour permettre aux Calédoniens de croire à nouveau qu’un avenir meilleur est possible. Face au choc du référendum, aux tentatives de mainmise des indépendantistes et des nationalistes, cette liste d’union est la seule réponse possible si nous souhaitons voir la Nouvelle-Calédonie demeurer au sein de la France. »

L’Avenir en confiance sera le produit d’échanges permanents, de travail en cohérence pour répondre aux attentes, mais aussi, et bien au-delà, pour construire un véritable projet de société. « Cette ambition dépasse la simple alternance, c’est une nouvelle image du rapport aux politiques qui est voulue. C’est une nouvelle page politique, cohérente, équilibrée et lisible que nous souhaitons. Elle permettra de refonder le lien social, libérer les énergies et restaurer l’autorité de l’État pour retrouver le chemin de la confiance », explique Sonia Backes.

Thierry Santa ajoute que cette nouvelle page « vient affirmer avec fierté que la majorité des Calédoniens souhaitent le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République » et qu’il « faut pour cela une majorité indiscutable au sein des collectivités. Nous voulons écrire une nouvelle page politique qui veut renouveler la manière de faire de la politique, une nouvelle génération qui va porter un projet neuf et transparent ».

Les axes de travail

Gil Brial, Thierry Santa et Sonia Backes, n’en sont pas restés là : après avoir fixé les fondements de L’Avenir en confiance, ils ont indiqué, hier, les priorités.

Pour eux, il faut avant tout affirmer la volonté de demeurer français. « Notre objectif est non seulement de défendre sans ambiguïté notre attachement à la France, mais de promouvoir et valoriser le soutien et l’accompagnement qu’elle nous apporte au quotidien. »

Deuxième objectif, ils veulent revoir le modèle économique en mettant un terme au modèle actuel « interventionniste et confiscatoire proposé par l‘actuelle coalition nationaliste/ indépendantiste. Il est en e et indispensable de remettre en cause entres autres, le matraquage fiscal, les cadeaux fiscaux fait aux amis indépendantistes, les atteintes permanentes à la liberté du commerce, le clientélisme et à l’absence de dialogue social. Il faut redonner du pouvoir d’achat aux Calédoniens. »

Ensuite, il faut arriver à restaurer la confiance. « Nous souhaitons créer les conditions d’un retour à la stabilité, à l’investissement et aux initiatives privées. » Cela passe inévitablement aussi par des actions contre l’insécurité, « en mettant un terme à l’impunité qui contribue à l’augmentation des incivilités, des cambriolages, des vols ou des agressions gratuites en instaurant un véritable plan de lutte contre la délinquance alliant à la fois prévention et répression inspiré du modèle Islandais. Ce plan devra s’appuyer notamment sur le tissu associatif calédonien. » Enfin, L’Avenir en confiance souhaite renouveler les pratiques politiques : « La révision des modes opératoires politiques locaux doit permettre la mise en œuvre de bonnes pratiques pour une moralisation de la vie publique. Assiduité, lutte contre la corruption, contre les emplois fictifs ou de proches, imposent une vigilance seront favoriser par la mise en place de procédures et de moyens de contrôle. »

Proposer un plan de relance

L’Avenir en confiance va donc se lancer dans la bataille des provinciales en province Sud pour ne porter qu’une seule voix, « celle des vrais loyalistes, celle de ceux qui veulent rester dans la France. » Des forces qui s’unissent pour proposer un plan de relance aux Calédoniens avec l’objectif d’empêcher les indépendantistes de prendre la majorité au Congrès en allant chercher les sièges perdus en 2014. Pour Sonia Backes : « Un tel scénario n’est pas acceptable, car notre Congrès ne serait plus à l’image de l’opinion majoritaire opposée à l’indépendance. La campagne du référendum nous a démontré que sans coordination, sans effort commun, nos forces sont dispersées et que nous ne pouvons donner le meilleur de nous-mêmes. Nous avons donc le devoir, sur ce constat, de défendre la majorité loyaliste en étant unis pour montrer notre légitimité dans les urnes » et de rajouter : « Par ailleurs, l’État n’a pas fait mystère du fait que ce sont les forces politiques qui émergeront en tête de ce scrutin avec lesquelles il engagera les discussions sur notre avenir statutaire. »

L’Avenir en confiance, qui a déjà mobilisé ses troupes pour travailler sur la campagne, annonce déjà une première action visible des Calédoniens avec la tenue d’un premier grand meeting « bleu blanc rouge, de tous ceux veulent rester dans la France » comme le précise Sonia Backes. Ce grand meeting se tiendra le samedi 2 mars à partir de 9 h à l’hippodrome Henry- Milliard de Nouméa, durant toute la matinée. Nous y reviendrons plus en détail dans notre prochain numéro.


La liste de L’Avenir en confiance

La liste est tirée par Sonia Backes avec Thierry Santa, il semblerai que Virginie Ruffenach puisse occuper la 3e place. Le reste n’a pas encore été défini, ont indiqué les représentants de L’Avenir en confiance, même si certaines personnalités étaient présentes au « lancement officiel », mercredi, comme Gil Brial, Christopher Gygès, Yoann Lecourieux, Philippe Blaise, Isabelle Champmoreau et quelques représentants des jeunes cadres des trois partis.

La liste sera dévoilée ultérieurement, comme l’a souligné Sonia Backes, précisant que « nous avons vraiment constitué une équipe capable d’offrir aux Calédoniens la possibilité d’écrire une nouvelle page de leur avenir. Une équipe qui est d’accord sur tout, l’avenir institutionnel, les questions économiques, les questions sociales, la sécurité. »

Concernant la question de futures alliances avec d’autres partis, les cadres de L’Avenir en confiance ne sont pas fermés à tous ceux qui partage leurs valeurs et leurs priorités.


Où se situe Calédonie ensemble ?

Thierry Santa a répondu : « Aujourd’hui, quand l’on regarde objectivement, les dirigeants de Calédonie ensemble ont prouvé depuis quelques années par leurs décisions leur caractère nationaliste, tout comme leur caractère encadrant et oppressant sur l’économie. Cela n’a rien à voir avec ce que l’on vient de présenter aujourd’hui, avec nos fondamentaux. Lorsqu’on a ce constat en tête, il est clair qu’il est difficile d’envisager un regroupement avec Calédonie ensemble. »

Néanmoins Sonia Backes a tenu à préciser que « dans le Nord et dans les Îles, la situation est différente. Les loyalistes y sont en minorité. Il faudra donc que Calédonie ensemble se positionne pour contrer les indépendantistes. » Et d’ajouter en ce sens : « Car le risque que le Congrès devienne indépendantiste est bien réel, cela peut se jouer à quelques sièges gagnés en province Nord, par exemple. Alors si Calédonie ensemble décide de ne pas répondre à notre main tendue et ne pas faire l’unité en province Nord et dans les Îles, ils auront démontré qu’ils servent réellement de marchepied aux indépendantistes. S’ils veulent démontrer qu’ils sont loyalistes aussi, ils choisiront de constituer avec nous une union. »

C.S