Les rouleurs réfléchissent à leur avenir

Le syndicat des rouleurs, ContraKmine, a tenu une assemble générale, samedi 28 avril, à Boulouparis, sur la propriété de Max Foucher. En présence des mineurs, le syndicat a évoqué l’avenir du métier et sa nécessaire évolution. Ils ont notamment soulevé l’approvisionnement par camion, qui suscite de grosses interrogations.

Une bonne soixantaine de membres du syndicat de toute la Grande Terre ont répondu présent à l’assemblée générale organisée à Boulouparis, le 28 avril. L’objectif était d’aborder la question de l’avenir des rouleurs, dont les perspectives sont assombries en raison d’un problème de surcharge des camions sur lequel l’administration pourrait avoir fermé les yeux pendant trente ans.

Les camions, au même titre que n’importe quel autre véhicule, font l’objet de réglementations, en particulier en ce qui concerne leur chargement. Dans les faits, les rouleurs se sont aperçus que beaucoup de leurs engins n’étaient tout simplement adaptés pour rouler sur mine. Un texte de loi imposant le respect des fiches techniques a été publié en 1989, mais jamais véritablement appliqué par la Dimenc, souligne Max Foucher, le président du ContraKmine. Aucun courrier ni aucune mise en demeure de la Dimenc n’est jamais parvenue aux rouleurs.

Roulés par les concessionnaires

Mais le président du syndicat ne dénonce pas seulement l’administration. Il pointe également les concessionnaires, qui ont « berné » les rouleurs en leur vendant des camions inadaptés. Quant à leur propre responsabilité, les rouleurs plaident la naïveté. Pour faire simple, les transporteurs se présentaient chez un concessionnaire en lui demandant un camion capable de supporter un chargement de 30 tonnes et repartait avec un engin sans vraiment savoir s’il respectait la réglementation.

Et le changement de position du gouvernement n’intervient pas par hasard. Il fait suite à un accident mortel sur la mine de l’Étoile du Nord, fin 2017. Certains rouleurs, qui transportaient jusqu’à présent 24 tonnes, vont donc devoir passer à 11 tonnes pour se conformer à la réglementation. La NMC, qui vient d’acquérir de nouveaux camions, confirme qu’ils ne sont pas au niveau. Plus qu’un préjudice, pour certains professionnels, le respect de la réglementation implique un arrêt de l’activité.

Pour d’autres, impactés de seulement quelques tonnes par benne, l’équilibre financier est également remis en question. Comme le souligne Max Foucher, l’équilibre des entreprises repose pour la plupart sur des chargements de 30 tonnes. Pour sauver les entreprises, le syndicat a conclu un accord avec les mineurs qui s’engagent à faire l’avance de 30 % du préjudice des rouleurs, en attendant que le Fonds nickel soit déclenché et permette de rembourser ces avances.

Ça, c’est pour l’urgence, car le problème des préjudices va se poser dès ce mois-ci. Reste que cette solution nécessite l’activation du Fonds nickel. Sans cette condition, les mineurs ne pourront pas prendre en charge les avances de 30 % des préjudices. Seul problème, pour être activé, le conseil d’administration devra donner son aval. Un conseil d’administration composé de 16 personnes, dont quatre représentants des rouleurs et des mineurs et le reste de personnalités politiques.

À la question de savoir si les membres du syndicat sont prêts à se mobiliser en cas de refus des politiques, tous les bras se lèvent. Si les rouleurs ne tiennent pas particulièrement à revivre les blocages de 2015, ils n’en sont pas moins prêts à défendre leurs emplois.

Un cahier des charges pour cadrer la profession

Passé l’urgence, le syndicat travaille à un cahier des charges pour le roulage. Il aura notamment vocation à préciser le matériel nécessaire pour travailler sur mine. Ce cahier des charges s’imposera à l’ensemble des acteurs et sera également opposable aux concessionnaires. Car les rouleurs entendent bien que les concessionnaires reprennent les camions qui ne sont pas adaptés à l’activité et ont engagé une réflexion sur l’évolution des flottes. En dessous de 30 tonnes, les camions ne sont plus rentables. L’idée est donc de passer à des engins nettement plus grands, d’un poids total roulant de 56, 65 ou 75 tonnes.

Des changements qui permettront d’améliorer la rentabilité des rouleurs en réduisant les casses liées à la surcharge, mais qui ne sera pas sans conséquences puisque les routes de mines, par exemple, devront être réadaptées. De la même façon, ce type de camion ne peut rouler sur la voie publique qu’à vide alors que le roulage de certaines mines impose de franchir la voie publique. Et c’est sans parler de l’emploi. Plus de camions, même moins remplis, nécessitera moins de main d’œuvre. Cette question rappelle également la question de nouvelles exportations demandées par certains mineurs.

M.D.