Les résidus d’hydrocarbures se multiplient : Le plan Orsec Polmar-Terre déclenché

Lifou, Ponérihouen, Yaté, peut-être Ouvéa et Houaïlou… Les sites pollués par les boulettes d’hydrocarbures sont de plus en plus nombreux et l’épisode dépasse désormais le simple cadre communal, tous les yeux restant rivés sur le Kea Trader
Le gouvernement a déclenché le plan Polmar-Terre et pris la direction des opérations.

Dimanche soir dernier, l’État annonçait que plus de 40 kg de boulettes d’hydrocarbures avaient été collectés en quatre jours sur l’ensemble de la bande côtière de Lifou, entre la baie de Chateaubriand jusqu’à Xodre. Depuis, d’autres résidus ont été retrouvés au nord, du côté de Nathalo, et ce serait donc la quasi-totalité de la côte est de l’île qui aurait été impactée avec environ 60 kg ramassés. Ces derniers jours, des traces de fioul ont également été repérées sur la Grande Terre, à Ponérihouen (Tchamba), à Yaté (Touaourou) et des signalements ont émané de Houaïlou (Waarai) et Ouvéa (Mouli, Hwaadrila). La pollution, qui reste « modérée » tant qu’elle ne constitue pas de marée noire, est néanmoins préoccupante et le gouvernement a pris le contrôle des opérations sur l’ensemble du territoire.

Mesures

Informées le 23 novembre de la présence de ces boulettes à Lifou sans que « la date exacte du début de l’épisode » ait été déterminée, les autorités communales, de l’État et du territoire ont alors rapidement pris des mesures : mise en place d’un PC communal, organisation des équipes antipollution pour la reconnaissance et le nettoyage à terre, opérations de reconnaissance en mer, suspension de la baignade et des activités nautiques.

Ces opérations vont se poursuivre ailleurs et la Gendarmerie nationale s’attèle, de son côté, à réaliser les constats d’usage et les prélèvements en les transmettant régulièrement au Cedre, le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux, pour analyses dans le cadre de l’information judiciaire en cours. Car il s’agit surtout maintenant de comprendre ce qu’il s’est passé et de mesurer l’impact de cette pollution plus que regrettable.

Questions

Sur les réseaux sociaux, photo à l’appui, les internautes ont rapporté ces « phénomènes bizarres » : des boulettes, quelques poissons, crustacés morts sur les plages. Du fioul aurait même été retrouvé dans des excréments de tortues. Pour beaucoup, l’origine de la pollution ne fait que peu de doute. « J’étais ce matin sur la baie de Chateaubriand avec mon grand frère et nous constatons les débuts d’impact du bateau échoué à Maré », écrit un habitant de Drehu Les autorités elles mêmes ne cachent pas que l’épave du Kea Trader, bloquée depuis le 12 juillet sur les récifs Durand, est le « principal suspect ».

La consistance, dure, du fioul, laisse par ailleurs penser qu’il pourrait s’agir d’hydrocarbures issus des fonds de cales et non rejetés lors d’un dégazage. Les résultats des analyses viendront prochainement confirmer ou infirmer cette théorie.

Boulettes d’hydrocarbure et sable imprégné à Lifou.

©DR FB


Mise au point

Cette affaire apporte, et c’est normal, son lot de mécontentements. On en parle dans les familles, on en parle à la radio.
Pour Ensemble pour la planète (EPLP) on s’approche du scandale. L’association, qui s’appuie sur ses membres à Drehu, affirme que l’échouage des boulettes aurait commencé « voici près d’un mois ».

Elle s’insurge par ailleurs sur le manque de transparence et de mesures de sécurité face à ce fioul toxique, un produit « notamment cancérogène et perturbateur du développement fœtal ». Elle affirme que les « nettoyeurs » observés sur les plages étaient « souvent pieds nus » et ne portaient que de « vulgaires gants en latex totalement inadaptés au risque chimique présenté par les hydrocarbures ». EPLP a appelé les îliens à refuser de participer aux opérations « sans équipement complet et sans validation de leur qualité ».

Piqué au vif, l’État a tenu à répondre à ces attaques soulignant que le traitement des boulettes d’hydrocarbures aux îles Loyauté était« une priorité » et que « toutes les actions nécessaires » avaient été réalisées et de manière encadrée. Concernant « les rumeurs d’opacité et d’informations cachées », l’État ajoute que « subissant lui- même un préjudice, il n’a aucun intérêt à cacher quoi que ce soit dans ce dossier et a communiqué activement ».

Il note au passage que les images du Kea Trader, diffusées par l’association sur Facebook (ci-dessous) et où l’on peut voir le porte-conteneurs entouré d’une pollution, datent du mois de juillet. À l’époque, est-il précisé, autour du navire qui n’était pas encore brisé, la présence d’irisations dues à une perte d’hydrocarbures sur la mer avait été notée et des moyens antipollution avaient été activés.


Sécurité

Les autorités rappellent qu’il ne faut pas respirer, toucher ou manipuler ces boulettes mais qu’il faut informer la gendarmerie (17) ou le centre d’incendie et de secours de la commune (18).