Les réactions après le CA d’Eramet

Le conseil d’administration de la maison mère a décidé de ne pas déclencher de procédure de fermeture du site de Doniambo et de laisser à la société le temps de réussir son plan de sauvegarde. De quoi soulager, pour l’instant, les autorités locales.

Christel Bories et le conseil d’administration d’Eramet ont finalement décidé d’offrir du répit à la SLN, une marge pour mener à bien son plan de sauvetage. Les résultats de la société ont encore été mauvais en début d’année et les pertes se sont accrues à un rythme élevé (6,84 milliards de francs au premier semestre). Mais la PDG d’Eramet veut croire que le plan de sauvetage va porter ses fruits.

Ce plan prévoit, on le rappelle, le développement des exportations – une autorisation est désormais prévue pour 4 millions de tonnes par an – et de la productivité au sein de l’entreprise, déjà engagée par un certain nombre de mesures. Des discussions sont également en cours avec Enercal sur le prix de l’électricité, une question cruciale pour faire baisser les coûts de production. Eramet espère ici parvenir à un accord « dans les prochaines semaines ». Eramet espère enfin pouvoir travailler sans perturbation dans un climat social apaisé. Il a donc été décidé de laisser du temps au temps et de réévaluer la situation au mois d’octobre.

Soulagement

Cette décision a été saluée dans les rangs calédoniens. Pour Sonia Backes, récemment nommée par la STCPI administratrice d’Eramet (mais qui doit attendre le départ de Philippe Gomès), l’annonce du groupe est un « vrai soulagement ». « Cette décision constitue une étape importante, mais pas encore décisive, à tous les acteurs de poursuivre ce travail en commun pour donner un avenir à la société et à ses employés », a-t-elle déclaré. La présidente de la province Sud avait initié avec le président du gouvernement, Thierry Santa, et Sonia Lagarde, maire de Nouméa, la création d’un « comité de sauvetage » avec, espéraient-ils, Enercal, l’État et la SLN. Un outil « qui doit permettre de prendre rapidement et efficacement toutes les décisions qui permettront de maintenir les 1 800 emplois directs et 8 000 emplois induits ». Il a notamment été promis que la question centrale du prix de l’énergie serait traitée prioritairement par Christopher Gyges, membre du gouvernement en charge de l’énergie, et Thierry Santa, en charge de la mine.

Philippe Gomès, administrateur, a de son côté évoqué un conseil d’administration « constructif, serein, sérieux avec des débats un peu vifs, mais des décisions prises à l’unanimité ». Mais selon lui, si les réformes structurelles ont été menées, Eramet est le seul responsable de la facture d’électricité payée par la SLN puisque les deux projets de centrale électrique devant alimenter l’usine ont été abandonnés. Louis Mapou, autre administrateur, a lui aussi pointé du doigt les erreurs de gestion du groupe et les retards pris dans le lancement du projet de centrale.

Autre réaction, celle du jeune parti Générations NC, de Nicolas Metzdorf et Nina Julié. La formation s’est interrogée sur les propos tenus par Christel Bories dans Les Nouvelles calédoniennes. La PDG d’Eramet avait estimé que « ce n’est pas systématiquement aux actionnaires de remettre de l’argent dans une société qui n’est pas capable d’en générer elle- même ». Générations NC a tenu à rappeler que les Calédoniens ont régulièrement mis la main à la poche pour soutenir la SLN, en difficulté depuis de nombreuses années. Ils l’ont fait notamment par le biais de la taxe sur le gasoil « pour financer la centrale électrique qu’Eramet n’a jamais voulu construire ».

Ils l’ont fait également par la cession « d’une partie de leur sous-sol » avec l’autorisation octroyée à la SLN d’exporter 4 millions de tonnes de minerai brut pendant 10 ans, « ce qui n’est pas conforme aux principes du schéma de mise en valeur des richesses minières voté par les élus du Congrès en 2009 ». Ou encore par les « efforts significatifs » des employés et sous- traitants en termes d’organisation du travail après la suppression d’environ 500 emplois. Générations NC promet, pour sa part, de s’opposer à la baisse du prix de l’énergie facturé à la SLN, une solution qui, estime-t-il, « ne pourra se faire qu’au détriment des entreprises et des ménages calédoniens dont la facture d’électricité augmentera mécaniquement ». Tous suivront de très près la situation jusqu’à la nouvelle échéance du mois d’octobre.

C.M.