Les professionnels de santé et le collectif INM dans l’attente

La visite du président de la République aura quelque peu monopolisé l’actualité la semaine dernière. Pourtant sur le plan social, la mobilisation du collectif Île Nou-Magnin et celle des professionnels de santé continue. La grève a été suspendue, mais les préavis courent toujours.

Le collectif Île Nou-Magnin (INM) a donc décidé de suspendre son mouvement de grève depuis lundi midi, tout comme les professionnels de santé libéraux. Concernant le collectif tout d’abord, après plusieurs jours de discussions, une déclaration commune a été signée dimanche avec le gouvernement. « Ce document est un réel infléchissement de la position de l’exécutif qui, dans son courrier du 16 mars dernier, fermait la porte à toute discussion », précise-t-il. Le gouvernement y réaffirme l’importance des cliniques dans l’offre de soins, reconnaît que l’ouverture du nouveau site à Nouville est attendue et nécessaire et affirme soutenir ce projet qu’il a autorisé en son temps. Il insiste par ailleurs sur l’importance de préserver les emplois des salariés aussi bien que des praticiens libéraux exerçant à la clinique, dont l’expertise contribue à la bonne marche de l’établissement.

Par ailleurs, le gouvernement s’engage, avec la clinique, « à régler les divergences subsistantes à savoir le niveau de tarification, l’aide à l’investissement médical, la date et les modalités d’ouverture des urgences, de l’unité d’hospitalisation de courte durée et du service de soins de suite et de réadaptation dans un délai n’excédant pas le 20 mai, date de n de mission du médiateur ». Le gouvernement a indiqué qu’il s’engagerait à l’application stricto sensu des décisions de la médiation auprès de l’Agence sanitaire et sociale, de la Cafat et des autorités compétentes. Le collectif INM, qui participera pleinement à la médiation, reste cependant sur ses gardes et peut, du jour au lendemain, redémarrer sa grève, le préavis courant toujours.

Les libéraux toujours mobilisés

Du côté des médecins, infirmiers, dentistes, orthophonistes et sages-femmes libéraux, si l’on soutient le mouvement du collectif INM, les revendications sont tout autres. En grève la semaine dernière, ils ont repris le travail lundi aussi pour assurer « leur gagne-pain. » Pour Géraldine Mellin, médecin et membre d’un collectif de professionnels de santé qui est en train de se former en sus de l’intersyndicale existante : « Nous ne sommes pas du tout d’accord avec les mesures d’urgences proposés par le gouvernement Germain pour sauver le RUAMM. Ce rapport tombe sur la table comme une liste de course, alors qu’il n’y a eu aucune réelle discussion, aucune négociation avec l’ensemble des libéraux ».

Les mesures « Germain » portent notamment, rappelons-le, sur une baisse des honoraires, sur une diminution du coefficient des actes techniques médicaux, une baisse des tarifs infirmiers et kinésithérapeutes, l’instauration d’un ticket modérateur à 10 % sur les consultations et tous les risques, l’instauration de quotas de patients, d’une réduction de frais de déplacements, sans parler au niveau des ressources de l’harmonisation de l’assiette de cotisations de travailleurs indépendants, une augmentation de la CCS et de la TSS etc. « Nous aurions voulu être concertés, ne pas attendre que le RUAMM soit au bord du gouffre pour tenter de trouver ensemble des solutions. Aujourd’hui le gouvernement nous pose sur la table une liste de mesures et qui, pour s’en débarrasser, est transmise au Congrès qui va devoir se débrouiller avec. Incroyable ! »

Le Congrès, a d’ailleurs reçu la semaine dernière ce collectif et des membres de l’intersyndicale des professionnels de santé libéraux, avançant par la voix de son président Thierry Santa : « qu’aucune mesure urgente destinée à sauver le RUAMM ne serait prise sans un diagnostic transparent et indépendant des difficultés du système de santé », indiquent les professionnels de santé.

Les échanges promettent d’être vifs en commission santé au Congrès, sans parler de ceux de l’hémicycle si le gouvernement ne revoit pas d’ici là sa copie…

C.S