Les coraux du Grand Sud réévalués par l’Oeil

Pour la cinquième année consécutive, et dans le cadre du programme de suivi participatif de l’état de santé des récifs coralliens Acropora, l’Oeil entame cette semaine avec des bénévoles ses observations sur des stations situées dans trois communes du Grand Sud : le Mont-Dore, Yaté et l’île des Pins.

Évaluer l’état de santé de quelques récifs choisis par les populations locales dans ces trois communes et revenir avec elles tous les ans en saison chaude (novembre à avril) pour constater les éventuelles évolutions : voilà en quelques mots en quoi consiste le projet Acropora (du nom de récifs qui poussent localement) initié en 2012 et mis en pratique l’année suivante par l’Observatoire de l’environnement en Nouvelle-Calédonie, en partenariat avec le Comité consultatif coutumier environnemental.

Évaluation par les bénévoles

Équipés de palmes, masques et tubas, évoluant à l’aide d’un fil plombé, les participants, des volontaires recrutés et formés chaque année, observent ces récifs et leur environnement selon un protocole scientifique standardisé, utilisé dans plus de 80 pays. Ils notent ce qu’ils voient tous les 50 cm le long d’un ruban métré. Les évaluations sous-marines concernent les habitats, les poissons, et les macro-invertébrés.

Afin de permettre cette participation du grand public et éviter les erreurs d’identification, les méthodes utilisées qui diffèrent selon les espèces observées, sont simples et accessibles à tous, tout en étant très efficaces : les évaluations sont basées sur des listes simplifiées d’espèces ou de groupes d’espèces. Les acanthasters, poissons papillons, corail vivant ou corail mort sont autant d’indicateurs de la condition du récif et sont également témoins de son exploitation tandis que les dawas, perroquets et autres trocas témoignent de l’exploitation du récif par les pêcheurs.

État stable

« De façon générale, il a déjà été possible d’observer des épisodes de blanchissement, des dégradations liées aux ancres ou à la pêche au bénitier, détaille Delphine Bossy, responsable de la communication scientifique à l’observatoire, mais sur les trois années d’observation les sites sont relativement stables. »

En 2016, et malgré le réchauffement anormal de l’eau qui a affecté l’ensemble des récifs calédoniens, sept stations étaient considérées en « bon état » et deux dans un état « satisfaisant ». Le recouvrement corallien vivant était en légère hausse, 49 % contre 43 % en 2013, une valeur considérée comme élevée à l’échelle du territoire. La couverture corallienne était même exceptionnelle (89 %) sur la station de suivi Menondja de l’île des Pins. Les densités moyennes en poissons et invertébrés cibles étaient élevées à l’échelle de la Calédonie, les poissons étant les plus nombreux à la station Paradis de Yaté et les invertébrés sur les récifs de Daa Kouguié et Daa Yetaii à l’île des Pins avec de considérables populations d’oursins perforants et crayons. Le niveau de perturbation était néanmoins jugé élevé sur cinq stations en raison du blanchissement en particulier sur des récifs de Yaté et du Mont-Dore.

Les résultats du suivi donneront donc des indications précieuses sur la capacité des récifs à se régénérer après un épisode de stress thermique. Les résultats de cette phase d’observation seront rendus publics autour du mois de juillet.


Calendrier d’observations

Après l’île Ouen les 15 et 16 mars, deux autres missions Acropora se dérouleront (sous réserves d’une bonne météo) à l’île des Pins, du 29 au 31 mars, ainsi qu’à Yaté, les 19 et 20 avril.

L’Oeil recrute six à huit bénévoles par commune et par an. Généralement une semaine avant la mission, ils suivent une journée de formation et procèdent à deux journées d’observation.
Des volontaires sont donc encore recherchés à l’île des Pins et Yaté.

Renseignements au 23 69 69


Un réseau global établi

Le projet Acropora concerne désormais neuf stations réparties sur les trois communes. Les sites comprenant une station côtière, une station lagonaire et une station de barrière récifale. Et ces stations complètent celles mises en œuvre par le Réseau d’observation des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie (Rorc), initié il y a tout juste dix ans par la province Sud à Nouméa, puis étendu à l’ensemble du territoire dès 2003 grâce au concours de l’Ifrecor (Initiative française pour les récifs coralliens) et la participation de l’association Pala Dalik : l’écho du récif.

De quoi suivre à grande échelle et à long terme l’état de santé de nos récifs face à des changement globaux (changement climatique, prolifération d’acanthasters, surexploitation de certaines ressources…), d’alerter en cas d’éventuelles dégradations et de sensibiliser également les populations mises à contribution.

C.M.

©M.Juncker/OEIL