Le véritable poids du nickel

Que pèse réellement le nickel dans l’économie calédonienne ? C’est à cette question que la dernière étude Cérom tente de répondre. Le partenariat entre l’IEOM, l’Isee et l’AFD propose une autre grille de lecture, celle de l’emploi. Un poids important puisque directement et indirectement, le nickel génère 20 % de l’ensemble des emplois en Nouvelle-Calédonie.

Si l’on s’en tient aux chiffres des grands agrégats, le nickel pèse moins que la construction dans la production de valeur ajoutée. Selon l’étude Cérom1, regroupement de l’IEOM2, de l’Isee3 et de l’AFD4, le poids du nickel dans la création de richesse en 2012 était de 5 %, loin derrière les 42 % des services, des 18 % de l’administration ou encore des 13 % du commerce. En fait, seule l’agriculture, avec un petit 1 %, contribue moins que le nickel.

Il y a néanmoins une limite importante à cette manière de voir les choses. Si ces chiffres sont la traduction comptable de la richesse directement créée par les sociétés minières, ils ne montrent pas la richesse que l’activité minière permet de générer par des effets d’entraînement. Les experts en statistiques ont planché près de deux ans pour aboutir à un résultat qui ne surprendra personne mais qui donne une image plus juste du nickel en Calédonie.

Une image plus fidèle
du nickel

« L’idée est de mettre un chiffre incontestable de ce que représente le nickel, indique Alexandre Gautier, le directeur de l’Isee. Le prisme de l’emploi permet d’une certaine manière de s’affranchir de la volatilité du nickel. Avoir une meilleure vision de ce qu’est le nickel permet un meilleur cadrage et participe à la réflexion stratégique », note encore le directeur qui se garde bien d’interpréter les résultats.

Des résultats qui donnent une idée assez précise des emplois induits, notamment par les dépenses des salariés et sont conformes avec ce que l’on peut observer ailleurs dans le monde. Une étude similaire a été réalisée à Kourou, en Guyane, avec des résultats proches, à savoir d’un ratio de un pour un. Autrement dit, un emploi direct entraîne la création d’un emploi induit. De la même façon, l’impact des dépenses des salariés est estimé au travers d’un ratio de 0,7.

Près de 12 000 emplois

Cette étude permet également de différencier la mine de la métallurgie que l’on a tendance à prendre comme une entité unique. En réalité, les effets d’entraînement sont relativement différents selon qu’il s’agisse d’extraction ou de transformation. Pour 100 francs dépensés par la métallurgie, 64 francs sont versés à des prestataires locaux, contre 94 francs dans le cadre de la mine. Au total la mine-métallurgie a engagé près de 155 milliards de francs (dont 130 par la métallurgie hors KNS) en 2012. Et c’est sans compter sur la masse salariale de 22 milliards de francs ainsi que les impôts, taxes et autres redevances pour un montant d’environ sept milliards de francs.

Au final, la mine-métallurgie emploie (chiffres 2012) directement 4 520 personnes, indirectement 4 500 personnes et, de manière induite, 3 020 personnes au travers des dépenses des emplois directs et indirects. Des chiffres qui sous-estiment toutefois l’impact global sur l’emploi puisqu’il ne considère que l’impact sur l’emploi privé et pas le public. Secteur public qui est tout de même non négligeable, avec notamment une direction, la Dimenc5, qui lui est en partie dédiée. Tous ces éléments confirment la surreprésentation du nickel et les dangers que cela peut représenter pour l’économie dans son ensemble en cas de ralentissement de l’activité, comme c’est le cas aujourd’hui.

(1) Cérom : Comptes économiques
rapides pour l’Outre-Mer.

(2) Institut d’émission d’Outre-Mer.

(3) Institut de la statistique
et des études économiques.

(4) Agence française de développement.

(5) Direction de l’industrie des mines
et de l’énergie de Nouvelle-Calédonie.