Le tourisme en plein boom ?

Le tourisme calédonien est sensiblement orienté à la hausse. Les derniers chiffres ont de quoi rendre optimiste l’ensemble des acteurs d’une industrie qui peine encore à décoller. Le GIE Nouvelle- Calédonie tourisme point Sud estime que la nouvelle stratégie prévue pour les dix prochaines années commence à porter ses fruits.

Les chiffres sont en progression, mais il est encore prématuré pour parler de boom. La tendance a beau être à la hausse, notre industrie touristique reste plus proche de celle du Vanuatu ou des îles Cook que celle de Fidji ou même de la Polynésie française. Il semble toutefois que les efforts en matière de développement commencent à porter leurs fruits. C’est ce que le GIE Nouvelle-Calédonie tourisme point Sud a tenté de démontrer au travers d’une conférence de presse et avec force chiffres à l’appui.

Selon les statistiques de l’Isee, tous les voyants sont au vert, qu’il s’agisse du nombre de touristes, qui est passé de 107 753 en 2013 à 120 699 en 2017, ou des recettes, estimées à 23,489 milliards de francs en 2013 contre 26,619 milliards de francs en 2017. Seul bémol, le nombre de croisiéristes a connu un trou d’air en 2017 avec une petite baisse de 3,2 % par rapport à 2016, mais, selon le directeur du GIE, Jean-Marc Mocellin, la fréquentation devrait repartir à la hausse dès cette année.

Une tendance à la hausse

S’il est difficile d’avoir des certitudes, il paraît très probable que cette embellie soit due à une reprise en main de NCTPS qui assure la commercialisation à l’extérieur du territoire. La gestion calamiteuse et dispendieuse de cet organisme avait été épinglée par un rapport de la Chambre territoriale des comptes. Les nouvelles stratégies de communication, les partenariats multiples et le travail de terrain réalisé depuis 2013 se sont traduits concrètement avec un record de fréquentation en 2017 puisque le territoire a accueilli 120 699 touristes, hors croisière.

Un travail qui se poursuit avec l’arrivée des premiers touristes chinois ou encore la signature, vendredi, de contrats multi- partenariaux impliquant une dizaine d’acteurs et notamment des institutions, l’Union des hôteliers, les compagnies aériennes calédoniennes et les agences s’occupant des touristes chinois et japonais.

Mais si l’on peut se réjouir, il faut tout de même garder la tête sur les épaules. Les chiffres présentés peuvent être discutés. C’est notamment le cas des retombées. Si les estimations par passager n’ont pas été revues à la hausse depuis des années, il faut bien voir que les 26 milliards de francs comprennent le transport aérien, plutôt élevé. Selon Jean- Marc Mocellin, cette part pourrait représenter de 20 à 25 % de l’ensemble du montant. En effectuant une analyse plus fine en fonction de la provenance des passagers, il se pourrait que le pourcentage soit un peu plus important. Les retombées directes pour l’économie calédonienne hors aérien pourraient donc être légèrement inférieures aux annonces, d’autant qu’Aircalin reçoit chaque année d’importantes subventions de la Nouvelle-Calédonie et que les hôteliers ne voient pas leur fréquentation exploser.

Nécessité d’un observatoire

Sur la fréquentation en elle-même, les chiffres surestiment probablement le nombre de véritables touristes. Les chiffres du tourisme affinitaires, en particulier de Wallis-et-Futuna, de Polynésie française ou encore du Vanuatu et même de Métropole, dans une moindre mesure, consomment probablement moins que les touristes allant à l’hôtel, louant des voitures et fréquentant les restaurants. Ce chiffre est loin d’être négligeable puisqu’il représente presque la moitié des visiteurs en Nouvelle-Calédonie. Afin d’avoir une meilleure connaissance de l’industrie touristique et les manières de l’améliorer, la création d’un observatoire est indispensable. A plus court terme, un travail a déjà été entrepris avec l’Isee afin de réactualiser les estimations de dépenses par touriste.

Au-delà des chiffres, le GIE, en partenariat avec ses homologues du Nord et des Îles, souhaite poursuivre sur sa lancée et se fixe comme objectif d’atteindre les 125 000 touristes en 2018. Pour y parvenir, le GIE a prévu une liste d’actions assez importantes, qu’il s’agisse d’un nouveau workshop les pieds dans le sable à l’île aux Canards, de vente flash de billets à prix cassés par Air France, mais aussi de voyages de presse ou encore d’une stratégie de grande ampleur sur internet et les réseaux sociaux. Le site du GIE va en particulier subir des transformations afin de se rapprocher de l’ergonomie d’une application.

M.D.