Le Théâtre de l’île annonce la couleur

Les années à venir seront financièrement tendues pour la culture. Le Théâtre de l’île n’échappe pas à la règle mais en dépit d’une baisse de ses ressources et, par ricochet, du nombre de pièces présentées, il propose une saison qui s’annonce riche. Rendez-vous le 11 mars pour la première représentation.

Ce ne sera pas une saison intello explique Dominique Clément- Larosière, le directeur et programmateur du Théâtre de l’île. Cela ne signifie pas pour autant qu’elle ne fera pas réfléchir. « Elle sera très proche de l’actualité », souligne le directeur. Autant dire que les spectateurs ressortiront plus pensifs qu’hilares des représentations. Le programme fera une petite exception avec Elle voit des nains partout, pièce écrite par Philippe Bruneau en 1975 et notamment adaptée au cinéma avec la troupe du Splendid.
Le comédien et metteur en scène Dominique Jean proposera une nouvelle version de ce texte humoristique mettant en scène une Blanche-Neige ayant « de petits soucis… de nains et sexuels ». Drôle, l’équipe a tout de même préféré interdire aux moins de 16 ans la pièce qui sera jouée à la fin du mois d’avril. Mais pour ouvrir la saison, le TDI propose Tant qu’il y a les mains des hommes, un « moment humaniste exceptionnel », pour reprendre les mots de Dominique Clément- Larosière, autant qu’un exercice d’écriture réussi. Violaine Arsac, la metteuse en scène également comédienne, a composé une pièce à partir de textes de différents grands auteurs. Révélation du festival d’Avignon, cette pièce pleine d’énergie repose sur la rencontre de cinq personnages, chacun à un moment fort de leurs vies.

Restrictions budgétaires

Humaine et ouverte à tous, ce sont les qualificatifs qui pourraient plutôt bien coller à cette saison 2016 de manière plus générale. Les grands auteurs seront de la partie comme Victor Hugo avec autre version de L’Homme qui rit, déjà programmée l’année dernière, Pierre Racine et son Illusion comique, création calédonienne de Jean-Paul Smadja, ou encore l’immortel Molière dont Les Fourberies de Scapin seront présentées dans une version moderne décoiffante, une porte d’entrée au théâtre idéale pour un public néophyte. L’équipe du TDI aura tout de même quelques petits regrets pour cette saison 2016 un peu particulière puisque marquée par la disette budgétaire. Le premier effet sera de ne pas avoir de tête d’affiche, sorte de produit d’appel pour le public. La baisse des subventions, qui permettent pour une large part le fonctionnement du TDI, a par ailleurs imposé l’annulation de deux des 15 spectacles initialement prévus. Et, d’une certaine manière, la situation budgétaire a des effets collatéraux positifs dans le sens où elle pousse la création locale. Cette année, trois pièces sont mises en scène par des Calédoniens, Elle voit des nains partout et L’Illusion comique ainsi que Le Jour des meurtres dans l’histoire d’Hamlet, une adaptation de Bernard-Marie Koltès par Natalija Stefanovic. On retrouvera également Manon Allouch qui a commencé ses études de théâtre au lycée Lapérouse et poursuit aujourd’hui son chemin en métropole et viendra jouer Braises, une des révélations du dernier festival Off d’Avignon.

Soutenir la culture et la production locale

Le théâtre sera également coproducteur d’Après une si longue nuit dont la lecture du texte au théâtre La Luna, en métropole, a enchanté tout le monde. Le TDI s’est donc proposé de recevoir les artistes en résidence. Détail qui n’en est pas un, le texte de Michèle Laurence sera mis en scène par Laurent Natrella, un des sociétaires de la Comédie-Française. C’est cet engagement pour le théâtre et plus généralement la culture que le TDI souhaite promouvoir et défendre. Un combat qu’ils ont partagé en 2015 avec 26 000 spectateurs, représentant un taux de remplissage de près de 80 %. Parmi ces spectateurs on pouvait compter 1 791 abonnés qui suivent les saisons au fil des ans et sont une centaine de plus chaque année. Pour le Théâtre de l’île, plus qu’un abonnement, la carte Nomade est une adhésion à ses valeurs.

M.D.

Vous pouvez retrouver l’ensemble de la programmation du Théâtre de l’île sur www. theatredelile.nc.

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Une carte d’abonnement et des partenaires

La carte d’abonnement Nomade va bientôt fêter ses 16 ans d’existence. Elle offre une réduction de 1 000 francs sur chaque place achetée ainsi que des tarifs réduits au centre culturel Tjibaou, au Théâtre de poche, au centre culturel du Mont-Dore, au centre culturel de Dumbéa et au Mouv’. Il existe des formules individuelles, jeunes et familiales. Depuis l’année dernière, des partenaires proposent des réductions sur des produits et services aussi divers que variés comme un shooting photo en famille par exemple, des chocolats, une coupe de cheveux et de barbe ou encore des fleurs.

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Un important travail sur la jeunesse

Des représentations pour les scolaires sont systématiquement prévues pour peu que les pièces s’y prêtent. Un onglet spécifique (jeune public) est dédié aux scolaires sur le site Internet du TDI. Le théâtre accueille également les spectacles de l’OCCE pour trois représentations le 30 novembre et les 1er et 2 décembre. Un nouvel événement, Entre cour et jardin, va voir le jour au cours de cette saison. Il permet aux enseignants inscrits dans un projet théâtre d’être accompagné par une équipe artistique pour créer un spectacle dans des conditions professionnelles. Des formations sont également proposées. Contacter Laurent Rossini à enfanceetjeunesse@ mls.nc.