Le PRU de Saint-Quentin en stand-by

Le PRU, projet de rénovation urbaine de Saint-Quentin, entre dans une nouvelle phase avec le foudroyage de quatre nouvelles tours dimanche. Ce projet innovant connaît pourtant des difficultés avec la décision du syndicat intercommunal du Grand Nouméa de reporter certains crédits de l’opération. Le prochain comité de pilotage au mois de décembre devrait permettre d’y voir plus clair.

Pour les Calédoniens, Saint-Quentin évoque beaucoup plus que la grande famille originaire du sud-ouest de la France qui a lancé la production du Coca-Cola ou encore laissé son nom à des entreprises. Saint-Quentin est avant tout un quartier qui a vu grandir plusieurs générations de Calédoniens depuis la construction des tours en 1972. C’est cette même année, que l’on considère comme la dernière des trente glorieuses, période au cours de laquelle ces grands ensembles sont à la mode en métropole et répondent à d’énormes besoins en logements.

L’âge d’or aura duré moins longtemps pour les Calédoniens qui sortent du boom du nickel qui a commencé en 1968. Seul problème, lorsque le chantier s’achève et que l’on ouvre les barres à la location, le boom est fini et les populations venues de brousse ou de métropole sont reparties. La cité n’attire donc pas les foules jusqu’en 1980 où les tours permettent d’accueillir les migrants fuyant l’indépendance du Vanuatu. Quelques années plus tard, au plus fort des Événements, la cité se transforme en caserne pour les gendarmes. En 1989, Saint-Quentin affiche un taux d’occupation de 99 %.

Un projet de 30 milliards sur quinze ans

S’ensuit une période de calme dans le quartier. Les plus anciens habitants en gardent aujourd’hui un souvenir nostalgique dans lequel les enfants jouaient tranquillement aux pieds des tours pendant que les parents allaient jusqu’à partager leur nourriture. Ce temps béni est définitivement derrière eux. Aujourd’hui, le quartier souffre d’une image plutôt négative auprès de la population.

Mais cette zone de 17 hectares au carrefour de l’agglomération pourrait bien connaître une seconde vie avec le projet de rénovation urbaine engagé il y a près de dix ans. Un projet qui n’a pour l’instant pas eu d’équivalent sur l’ensemble du territoire. Pas moins de 30 milliards d’investissements sur 15 ans, 2 500 emplois directs et indirects, de la mixité sociale, l’intégration du projet Néobus, la prise en compte des modes de vie océaniens, du développement durable…

Décalage dans le temps

Bref, le projet parfait qui tranchera définitivement avec l’absence de véritable politique d’aménagement et d’urbanisme. Reste à passer outre les difficultés budgétaires du moment. Le SIGN a ainsi pris la décision de reporter certains crédits permettant de financer les premières opérations et notamment la station d’épuration de Yahoué. Lors de la présentation du foudroyage des tours qui se déroulera dimanche, pas un des maires de l’agglomération. Un mauvais présage auquel ne veut pas croire Philippe Michel, le président de la province Sud. Pour lui, il n’est pas concevable de remettre en cause cette dynamique engagée il y a une décennie et qui concerne les cinquante prochaines années.

« On ne peut être que d’accord sur la nécessité de créer des logements. Il y a 7 000 demandes enregistrées à la Maison de l’habitat, la moitié des salariés gagne moins de 200 000 francs… On ne peut pas faire ce constat et entraver la politique du logement », pointe le président de la province Sud qui appelle les maires du SIGN à rediscuter de leur décision, notamment au cours du prochain comité de pilotage qui devrait se tenir dans le courant du mois de décembre.

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Le foudroyage de quatre tours aura lieu dimanche

Après la démolition d’une première tour en 2009, quatre tours seront foudroyées ce dimanche. L’événement aura lieu à 11 heures précises et sera le résultat de 13 mois de travail pour un coût compris entre 1,2 et 1,3 milliard de francs. Afin de limiter une dispersion trop importante des poussières, 240 piscines ont été installées autour des bâtiments. Des explosifs, qui seront déclenchés en même temps que ceux des tours (en tout 436 kilos), projetteront un mur d’eau censé retenir la dispersion des poussières. L’effondrement des tours devrait prendre quatre secondes. Avant la destruction, l’ensemble des locaux a subi un désamiantage. Après l’opération, 24 000 tonnes de gravats devront être extraites et seront conduites dans la baie de Koutio Kouéta où la province Sud procède à un remblai. Pour permettre le tir, 250 familles ont été évacuées. Dans les trois dernières tours qui seront démolies en 2018, il restera 120 familles.

Un important dispositif de sécurité

L’ensemble des forces de l’ordre sera mobilisé pour l’opération. À partir de 16 h 30, le samedi 7 novembre, le stationnement sera interdit dans le quartier de Saint-Quentin. Le dimanche, le dispositif commencera à être mis en place à 6 h 30 du matin. À 10 heures, la rue Jacques Iékawé et la route de Yahoué seront fermées à la circulation. Le compte à rebours débutera à 10 h 30 pour s’achever à 11 heures, moment du tir des explosifs. À 11 h 15, la circulation sera rouverte sur les deux axes routiers. Des aires d’observation ont été prévues pour la population à proximité de la station d’épuration sur la route de Yahoué. À midi, l’opération sera totalement achevée.

M.D.