Le collectif de Gossanah appelle aussi au boycott

À un mois du référendum et après la réunion du FLNKS, ce week-end à Saint-Joseph, le collectif de Gossanah appelle à la non-participation à la consultation.

Sur la même longueur d’onde que le Parti travailliste (dont Macki Wéa, son porte-parole, est membre) et l’USTKE, le collectif entend passer un « signal fort » pour ce premier référendum. Il estime faire preuve de « cohérence » en ne participant pas au vote issu des accords auxquels les militants se sont opposés depuis le début. « Nous avons fait un boycott actif en 84, nous avons voulu faire échec à la loi Pons en 88, nous restons dans la même lignée », explique Macki Wéa, qui évoque également leur prise de position lors de la venue d’Emmanuel Macron pour qu’il ne s’incline pas sur la tombe des 19.

Conscient que le « non » va l’emporter, le collectif souhaite néanmoins rester actif en ne cautionnant pas l’échéance. Aujourd’hui, note-t-il, les Kanak sont minoritaires chez eux, sur la liste référendaire et les 30 ans des accords n’ont pas apporté la reconnaissance qu’il fallait au peuple premier. Le fait d’aller glisser son bulletin dans l’urne serait, à leurs yeux, la validation de cet échec.

« Même si nous sommes pas racistes et que nous avons démontré notre hospitalité depuis des années vis-à- vis des étrangers, c’est le peuple colonisé qui doit être interrogé. Nous ne voulons pas être considérés comme une communauté comme les autres. C’est ce que ce référendum veut dire et c’est ce qu’il se passera demain. »

Incohérence

Le collectif estime que le FLNKS continue de se soumettre « à la droite locale et à l’État colonial français » en acceptant de dériver par rapport à l’objectif principal fixé par les aînés et les martyrs : l’indépendance kanak socialiste. « Ils exposent leur Constitution, mais ne touchent pas le fond du problème ! », « Ils confirment qu’ils sont pour la notion du peuple calédonien, qu’ils sont pour un partenariat avec la France… », « Ils menacent ceux qui n’iront pas voter de ne plus les considérer comme des militants, comme des indépendantistes, comme des Kanak ». Une « incohérence totale ».

Selon Macki Wéa, l’important, au final, pour le collectif est de respecter la démocratie, mais de laisser « une parole pour nos enfants, pour nos descendants qui se demanderont ce que nous avons fait face à cet état de fait ». Et si les adeptes du boycott ne sont qu’une poignée, il ajoute, reprenant une phrase d’Eloi Machoro, que « la lutte ne doit pas cesser faute de combattants »… La lutte se matérialisera pour eux le 4 novembre en allant à la pêche ou au culte plutôt que dans les isoloirs. Le 5, la vie suivra son cours… mais l’ « esprit de l’endroit (Gossanah) aura été respecté. »

C.M.