Le 7 décembre les Républicains calédoniens deviendront un parti politique

Un groupe politique à la province Sud et au Congrès de la Nouvelle- Calédonie, quelques beaux résultats électoraux aux législatives, une participation aux sénatoriales qui n’est pas passée inaperçue, un élu au gouvernement : depuis six mois, les Calédoniens attendaient que les élus du groupe Les Républicains calédoniens franchissent le pas et s’organisent en parti politique. Ce sera chose faite dans une semaine. Candidate à la présidence de ce mouvement, Sonia Backes répond en exclusivité à nos questions.

Le groupe Les Républicains calédoniens s’érige en parti politique. Pourquoi avoir choisi ce timing à un an précisément du référendum d’autodétermination ?

Comme vous l’indiquez, jusqu’à présent les Républicains calédoniens n’étaient qu’un groupe au Congrès et à la province Sud qui regroupait différentes personnalités. Nous partageons tous les mêmes valeurs et la même vision de ce que nous souhaitons pour la Nouvelle-Calédonie, il était devenu évident pour nous de mettre de côté de nos ego pour constituer une véritable force politique qui défendra le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France et sera en capacité de proposer un projet d’avenir aux Calédoniens.

Que répondez-vous à ceux qui diront : « Un parti loyaliste de plus au moment où les indépendantistes durcissent le ton et se rapprochent » ?

Il ne s’agit pas « d’un parti de plus », pas plus qu’un énième conglomérat ou plateforme avec des personnes qui ont des visions différentes de l’avenir. Il s’agit d’un parti politique moderne, composé d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques accompagnés par des personnalités d’expérience qui ont fait le choix de mettre de côté leur ego et leurs partis politiques (RPC, LMD, MRC, AE,…) pour constituer une structure importante avec une ligne politique claire.

Quels rendez-vous fixez-vous aux Calédoniens ?

Le premier rendez-vous sera le jeudi 7 décembre à 18h à la salle Venezia du Park Royal, où les nouveaux adhérents pourront se prononcer sur la présidence du parti, ainsi que sur des statuts et une charte provisoire. J’insiste sur le provisoire, car nous souhaitons au cours de l’année 2018 associer nos adhérents à la construction de ces documents. Les personnes qui souhaitent simplement s’informer et pas forcément adhérer sont également les bienvenues, il est important de voir ce que chacun propose.

Serez-vous candidate à la présidence du parti ?

Je serai en effet candidate pour assurer la présidence de ce parti, et si les adhérents me font confiance, je proposerai un secrétariat général qui incarne le renouvellement de la classe politique, composé de Philippe Blaise, Grégoire Bernut et Willy Gatuhau. Je souhaite également m’appuyer sur des personnalités qui disposent de l’expérience pour nous accompagner dans cette période, comme je souhaite que nous fassions une place plus importante à la société civile.

Votre objectif est « de gagner et gagner largement » le référendum de 2018 ?

Gagner pour gagner ça n’a aucun sens. Je considère que l’objectif de la période qui s’ouvre est triple si nous souhaitons réussir la sortie de l’Accord de Nouméa. Ne pas voler leur choix aux Calédoniens ! Nous sommes favorables à une question la plus simple et claire possible, du type « Êtes- vous pour le maintien dans la France ou pour l’indépendance ». Nous n’accepterons pas une modification de la question qui guiderait les Calédoniens vers une indépendance qui ne dirait pas son nom.

Démontrer l’intérêt de la Nouvelle-Calédonie à rester au sein de la République, c’est à cette condition que nous serons en capacité d’obtenir un vote important en faveur du maintien dans la France. Cet objectif constituera un des points majeurs de notre calendrier pour 2018.

Enfin, proposer un véritable projet porteur de perspectives pour l’après référendum afin de ne pas se réveiller le lendemain avec une feuille blanche. Quel est le projet de société que souhaitons nous offrir aux Calédoniens ?

Quand et comment voyez-vous le dialogue avec les indépendantistes ?

Le dialogue avec les indépendantistes est essentiel en Nouvelle-Calédonie, néanmoins il y a différentes méthodes. Celle qui consiste à faire des concessions perpétuelles, comme a pu le faire Pierre Frogier avec le résultat que l’on connaît, une autre où on tente de les manipuler afin d’obtenir des postes, comme le fait Philippe Gomès avec au final un coût pour les Calédoniens très élevé. Enfin, il y a une troisième méthode à laquelle j’adhère pleinement, celle de Jacques Lafleur, qui consiste à entretenir un dialogue respectueux, mais ferme avec les indépendantistes, sans que chacun renie ses convictions. C’est cette méthode qui nous a apporté trente ans de paix en Nouvelle-Calédonie.

Vous insistez sur la nécessité de proposer un projet aux Calédoniens, pouvez-vous nous en dire plus ?

Au cours de l’année 2018, nous souhaitons mettre notre énergie à convaincre de l’intérêt pour les Calédoniens de rester dans la France, mais nous souhaitons également être en capacité de proposer un projet de société qui sera participatif. C’est pour cela que, dès le début de l’année, nous irons à la rencontre des Calédoniens sur le terrain, mais aussi sur internet, pour qu’ainsi nous construisions ensemble ce projet d’avenir dont la Nouvelle- Calédonie a besoin.

Autre sujet d’actualité, le gouvernement de la Nouvelle- Calédonie n’a pas de président depuis plus de trois mois, est-ce qu’avant la venue du Premier ministre la situation peut se débloquer ?

Comme vous le savez, nous sommes en profond désaccord avec Calédonie ensemble sur la politique qui a été menée depuis deux ans et qui a conduit à une hausse de 10 % des demandeurs d’emplois, 12 milliards de hausse de la pression fiscale et à la recrudescence des actes de délinquance. Néanmoins, nous avons toujours été ouverts au dialogue afin de trouver une feuille de route commune qui permette d’améliorer le quotidien des Calédoniens. La plateforme a jusqu’à présent refusé ce dialogue et, aujourd’hui, nous constatons que des discussions sont en cours dans le dos des Calédoniens avec les indépendantistes. Si la plateforme accepte de nouvelles concessions afin de remettre Philippe Germain comme président du gouvernement, ils porteront une très lourde responsabilité…

J’ai entendu Paul Néaoutyine dire qu’il débloquerait le gouvernement en cas d’avancée sur l’indépendance- association ; quelques jours après, Philippe Gomès indiquait qu’il souhaitait transférer le contrôle de légalité et associer la Nouvelle-Calédonie aux compétences régaliennes. Ces déclarations sont plus qu’inquiétantes et je ne comprends pas le silence des autres membres de la plateforme (Rassemblement et MPC) sur ce sujet.

Qu’attendez-vous de la venue du Premier ministre ?

Qu’il garantisse que la question du référendum soit la plus claire possible pour ne pas priver les Calédoniens d’effectuer librement leur choix. Je souhaite également qu’il confirme que toutes les conditions seront prises afin de garantir la sincérité du scrutin et qu’au final chacune des sensibilités soient respectées.

Propos receuillis par M.Sp.

Le logo des Républicains Calédoniens.