L’Australia Day célébré

Chaque année, le 26 janvier, les Australiens célèbrent l’Australia Day, la fête nationale. À cette occasion, nos voisins mettent les petits plats dans les grands. Mais si la fête est partout, elle reste controversée.

Alors que les ressortissants australiens résidant en Nouvelle- Calédonie vont célébrer tranquillement, en famille, leur fête nationale, en Australie, elle battra son plein avec notamment les animations de Darling Harbour et sa traditionnelle grande course de ferries qui rassemble des milliers de personnes sur les quais de Sydney ou la fête de Laidley qui ramène chaque année la population à l’époque des pionniers. Pendant ce temps, Melbourne, ville cosmopolite par excellence, célèbrera le multiculturalisme et Adélaïde s’offrira de grandes parades, des matchs de cricket et des concerts.

Dans tout le pays des feux d’artifice illumineront le ciel pour commémorer l’arrivée de la première flotte européenne à Sydney Cove, en 1788, et la proclamation, à l’époque de la souveraineté britannique sur la côte est de la Nouvelle-Hollande, le deuxième nom européen de l’Australie.

Une fête encore controversée

Bien que l’Australia Day ne soit fêté officiellement sur tout le territoire national que depuis 1935 et enraciné culturellement qu’à la fin des années 1980, les premières célébrations remontent à 1808. Chaque année, on en profite pour organiser aussi des cérémonies citoyennes et des remises de médailles. Le Premier Ministre et les gouverneurs prononcent des discours.

Mais alors que la plupart des Australiens célèbrent volontiers ce jour national, l’Australia Day reste très controversé et est remis en cause par une partie de la population australienne, notamment par les Aborigènes, qui aiment à lui donner le nom d’Invasion Day. Pour cette communauté, l’Australia Day constitue davantage un jour de deuil qu’une fête joyeuse, puisque cette date coïncide avec le début de l’invasion de leurs terres. C’est ainsi qu’en parallèle des festivités nationales, quelques manifestations et des « contre-événements» ont lieu chaque 26 janvier, le plus connu d’entre eux étant le Survival Day Concert. Pour répondre à cela, les autorités australiennes ont depuis peu inclus aux festivités officielles certains événements mettant en lumière la culture autochtone.

L’interview de Paul Wilson, le consul général d’Australie à Nouméa

DNC : Que représente pour vous la commémoration de l’Australia Day ?

Paul Wilson : L’Australia Day commémore le 26 janvier 1788, jour où la première flotte d’immigrants britanniques est arrivée à Port Jackson et où la colonie de Nouvelle-Galles- du-Sud fut fondée. Bien que cette journée commémore un événement en particulier, la signification d’Australia Day a évolué avec le temps.

Aujourd’hui, c’est donc une journée où l’on récompense l’Australien ou l’Australienne de l’année, une éminente personnalité qui a contribué significativement à un secteur comme la science, la culture, le sport, les affaires… Ce jour-là, des cérémonies d’accès à la citoyenneté ont lieu dans tout le pays. Plusieurs milliers de nouveaux Australiens deviennent citoyens à l’occasion d’Australia Day. C’est une journée où nous célébrons les réussites de la démocratie et la société multiculturelle que nous avons construite. Enfin, et c’est important, c’est un jour où nous réfléchissons à notre histoire.

Un peu comme ici, en Nouvelle-Calédonie, il y a des ombres et des lumières. Pour beaucoup d’Australiens aborigènes ou originaires des îles du détroit de Torrès, l’Australia Day est un jour de chagrin et de deuil. Il marque le début de la colonisation et donc, pour les peuples autochtones d’Australie, le début d’une

longue période de violence, de souffrance et d’humiliation. Mais la date est aussi devenue une occasion de célébrer la résilience des cultures et traditions des Aborigènes et des peuples du détroit de Torrès.

La position du gouvernement australien est claire : malgré les propositions de changer de date, notre fête nationale devrait continuer à être célébrée le 26 janvier. Pour ma part, j’estime que le seul fait d’avoir un débat autour de cette date a des effets positifs : il permet d’attirer l’attention sur une partie très importante de notre histoire, mais également sur la notion, tout aussi importante, de réconciliation avec nos concitoyens autochtones. D’ailleurs, l’Australie marque aussi une Semaine de la réconciliation, tous les ans, du 27 mai au 3 juin.

Cette fête nationale est l’occasion de célébrer les valeurs australiennes. Pour vous quelles sont les plus importantes et pourquoi ?

Paul Wilson : Il y a d’abord les valeurs démocratiques, bien sûr. Notamment la liberté d’expression et j’irais même plus loin, le franc-parler. C’est quelque chose d’important pour les Australiens – y compris, d’ailleurs, au sujet d’Australia Day ! Je pense aussi à la notion de « fair go », qui ressemble à ce qu’on appelle en français l’égalité des chances. C’est l’idée que les opportunités, quelles qu’elles soient, soient ouvertes à toutes et tous, que chacun et chacune puisse tenter sa chance.

Enfin, il y a cette capacité à former une communauté solidaire, y compris en temps de crise. Nous sommes un pays d’immigrés et le pays de peuples autochtones. Nous mêlons différentes perspectives et différentes histoires personnelles pour former, au final, une société plutôt unie.

Comment allez-vous personnellement célébrer ce jour et que prévoit le consulat d’Australie en Nouvelle-Calédonie pour la fête nationale ?

Paul Wilson : Le consulat général d’Australie à Nouméa a pris l’habitude de célébrer l’Australia Day officiellement un peu plus tard avec une commémoration qui a lieu après la rentrée, lorsque nos invités sont revenus de vacances. Le jour même, le 26 janvier, j’ai prévu de me joindre à d’autres employés du consulat général. Nous allons faire un petit barbecue sur la plage… Quelque chose de très simple et détendu, comme le font la plupart des Australiens !

C.S.