L’Agence calédonienne de l’énergie présente son plan d’action

L’Agence calédonienne de l’énergie, chargée de la mise en œuvre du schéma de la transition énergétique, a présenté, mercredi 11 avril, sa feuille de route. Il décline les actions à venir sur tous les grands sujets dans les prochaines années.

La Nouvelle-Calédonie est l’un des plus gros émetteurs de CO2 par habitant. Les pouvoirs publics ont toutefois décidé de changer les choses, notamment au travers de l’adoption du schéma pour la transition énergétique, voté par le Congrès en juin 2016. Ce plan fixe différents objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, comme le fait de couvrir la totalité de la consommation électrique publique par la production d’énergies renouvelables à l’horizon 2030.

Afin de mettre en œuvre ce plan, les élus ont également validé, quelques mois plus tard, la création de l’Agence calédonienne de l’énergie. Cet établissement public aux missions assez diversifiées est géré par un conseil d’administration de quatorze membres dont six représentants du gouvernement, des membres de l’UFC-Que Choisir, du Centre d’initiation à l’environnement, du Sénat coutumier, des associations des maires ainsi que des trois provinces.

Après une phase de structuration, l’ACE dispose, depuis son conseil d’administration du 28 mars, d’une feuille de route pour les années à venir et d’un budget. Pour la première année, ce dernier sera de l’ordre de 740 millions de francs. Il devrait ensuite trouver son rythme de croisière, dans une fourchette de 500 à 600 millions de francs par an. Son financement est assuré par un prélèvement sur une taxe touchant les distributeurs d’électricité, ainsi que la réaffectation de la taxe sur l’essence qui servait jusque-là à financer le Comité territorial pour la maîtrise de l’énergie. Pour les premiers exercices, l’Agence bénéficiera des reports budgétaires du CTME en contrepartie de ses missions. Petite revue des différents axes de travail de l’ACE qui tourne autour de la réduction des consommations énergétiques, de l’augmentation de la part des énergies renouvelables ainsi que de la réduction des émissions des gaz à effet de serre.

La Centrale C

Il s’agit peut-être le plus gros dossier porté par l’Agence calédonienne de l’énergie. Le remplacement de la centrale au fuel lourd de Doniambo par une centrale au gaz représente un investissement de l’ordre de 60 milliards de francs. L’ACE devrait devenir l’actionnaire majoritaire de cet outil qui représente un point important dans la stratégie de modernisation et de réduction des coûts de la SLN. Pour devenir l’actionnaire à 51 % de Nouvelle-Calédonie  Energie, société chargée de développer le projet, l’ACE doit trouver six milliards de francs sur les 20 % de fonds propres (les autres six milliards seront essentiellement apportés par Enercal et dans une moindre mesure par la SLN, les deux autres actionnaires).

Le reste du financement sera assuré par emprunt. Cette somme devrait être prélevée sur les carburants, grâce à la réforme de la taxe sur les carburants et notamment une hausse de la taxation sur le gasoil. Directement concernée par le projet, la SLN, qui en était jusque-là exonérée, sera désormais concernée. L’impact devrait toutefois être limité pour l’industriel du fait qu’il recourt déjà de manière importante à des sous-traitants, notamment en ce qui concerne le roulage.

Dans le cadre de la construction du terminal gazier, des études devraient permettre de voir dans quelle mesure l’énergie dégagée lors du processus de regazéification pourrait être réutilisé, notamment par le port autonome. De la même façon, l’idée serait de voir comment développer des flottes de bus au gaz, non pas Néobus qui roulera au gasoil, mais ceux qui rayonneront autour du futur transport en commun en site propre.

Un travail réglementaire

Plusieurs projets sont déjà dans les cartons comme la réglementation sur l’étiquetage des produits en fonction de leur performance énergétique. Plus important, le gouvernement travaille maintenant depuis plusieurs années sur la RENC, la réglementation énergétique des constructions. Un projet qui vise notamment à envisager les coûts d’un bâtiment en prenant également en compte son coût d’utilisation et plus seulement celui de sa construction.

Autre dossier en cours, la révision de la grille tarifaire d’électricité. Il est notamment prévu que certains secteurs voient le prix de leur électricité augmenter. À noter que l’ACE n’a pas vocation à se substituer aux services du gouvernement comme la Dimenc, elle est là pour leur venir en appui et permettre notamment des financements d’études.

Une meilleure maîtrise de la demande en énergie

Une des pistes concrètes est de promouvoir la rénovation de l’éclairage public, notamment pour favoriser l’installation de LED, par exemple. L’Agence versera un aide correspondant à 70 % des études et des travaux dans une limite de 20 millions de francs par commune, à raison de cinq communes par an. De la même façon, une aide aux diagnostics et audits énergétiques est prévue à hauteur de 70 % du coût des études dans la limite de deux millions de francs par étude. Cette aide ne s’adresse pas seulement aux collectivités, mais également aux entreprises privées. Un soutien sera par ailleurs accordé pour des études et des travaux visant à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Dans un premier temps, l’ACE souhaite se concentrer sur les écoles, les crèches et les maisons de retraite. Une réflexion autour d’une prime à l’éco-construction est également engagée. L’objectif fixé est d’aider la création de 1 200 éco-constructions dans les trois ans à venir. Les entreprises ne sont pas oubliées. L’établissement public va mettre en place une aide spécifique pour qu’elles améliorent leur efficacité énergétique.

Transports et éco-mobilité

Une prime au vélo électrique va être mis en place pour un montant de 50 000 francs. Une aide qui concerne l’ensemble de la population et qui s’inscrit dans une dynamique de développement – encore à l’état de projet – des pistes cyclables, en particulier sur Nouméa. Toujours en matière de transport, l’ACE souhaite soutenir les initiatives en matière d’éco-mobilité. Un budget annuel devrait être consacré à soutenir des projets. Un appel à projets et un appel à manifestations d’intérêt devraient être lancés.

Energies renouvelables

Un plan d’action a été mis en place par le cluster Synergie afin de restructurer la filière des chauffe-eau solaires. Une dégradation avait été constatée ces dernières années. Si les choses se passent relativement bien pour les particuliers, c’est moins le cas pour les logements collectifs. Face à cette situation, la SIC envisageait notamment de ne plus s’équiper en chauffe-eau solaires. L’Agence va soutenir ce plan d’action en aidant les bailleurs sociaux au financement des études et des installations.

Une étude va par ailleurs être lancée sur la possibilité d’aide à l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits des particuliers. L’idée serait que tous les foyers puissent s’équiper et plus seulement les plus fortunés. L’idée de location de sa toiture va aussi être étudiée. Il s’agirait de louer sa toiture le temps d’amortir l’installation. Une fois amortie, le propriétaire récupérerait l’installation. Plus largement en matière d’énergies renouvelables, l’ACE aidera le financement d’études autour de la biomasse et les projets émergeants.

Ingénierie financière

L’ACE étudiera la possibilité de développer des financements innovations comme des avances remboursables, mais aussi du financement participatif, populaire ou encore green bonds, obligations environnementales.

M.D.