L’affaire des yaourts ou comment Calédonie ensemble crée un nouveau monopole

Le gouvernement a arrêté le programme annuel des importations 2019 qui vise, selon lui, à soutenir la production locale. Si l’importation de certains matériaux de construction est suspendue quelle que soit l’origine et la provenance (Stop), un autre Stop concerne cette fois les yaourts et les fromages blancs, ce qui suscite la grogne des consommateurs. Le Congrès a adopté ce projet de loi du pays sur les protections de marché, mais sans les loyalistes.

Chaque année, le gouvernement arrête un programme de contrôle des importations avec pour objectif de faciliter la production et la vente de produits locaux en les protégeant de la concurrence de produits importés.

Soit les quantités importées sont restreintes, soit elles sont purement interdites : c’est ce que l’on appelle la mesure « Stop » (suspendu toute origine et provenance). Si pour 2019 le gouvernement a voulu protéger les matériaux de construction en mettant en place un Stop sur les profilés et les lambris PVC ou encore sur les élingues et les sangles d’arrimage, il s’est aussi penché sur les yaourts et autres produits laitiers.

Une mesure a donc été prise pour interdire l’importation de yaourts aromatisés ou additionnés de fruits, produits laitiers et fromages blancs, l’importation de yaourts aux laits végétaux restant libre, de même que les fromages frais et les crèmes dessert UHT. Cette mesure provoque aujourd’hui la colère des consommateurs qui commencent à voir clair dans le jeu de Calédonie ensemble.

Bafoués, mais pas que…

Les consommateurs ne sont pas dupes et les discussions vont bon train depuis sur les réseaux sociaux. Pourquoi obliger les ménages à acheter un produit qu’ils ne veulent pas et le payer généralement plus cher à qualité bien moindre ? Côté politique, par la voix de son membre du gouvernement, Christopher Gygès, les Républicains calédoniens avaient déjà voté contre cette interdiction soutenue par Calédonie ensemble. « Nous nous sommes opposés à cette décision scandaleuse pour plusieurs raisons : elle prive les consommateurs calédoniens de leur liberté de choix ; elle va à l’encontre des avis de l’Autorité de la concurrence et du Comité du commerce extérieur et surtout, elle consolide une situation de position dominante (une société détient près de 90% du marché) », disent-ils.

Un « système insupportable »

La plus crémeuse des protections de marché a du mal à passer, les Calédoniens n’arrivent pas à la digérer surtout quand on connaît la véritable raison de cette mesure : favoriser une société qui détient, à quelques pourcentages près, déjà la majeure partie du marché concerné et qui, par hasard, est très proche de Calédonie ensemble !

Sur sa page économique, Alain Descombels n’y est pas allé par quatre chemins : « Le plus grave est le principe même de vouloir protéger une industrie de transformation locale qui est un gouffre financier depuis 30 ans, qui ne répond à aucune logique économique et sans contrôle sérieux de la part de la DAE (…) Il est temps de nettoyer ce système tordu et coûteux afin de ne garder et protéger que les entreprises qui le nécessitent et le méritent. On parle de pouvoir d’achat et Calédonie ensemble fait tout pour appauvrir les Calédoniens avec des réglementations de protections abusives. » Il poursuit : « Ce système de protection devient insupportable pour les Calédoniens. Tous les pays qui ont cherché à protéger et financer leurs entreprises de transformation locale non rentables en ont payé l’addition. Seuls Cuba, le Venezuela, et quelques autres pays peu recommandables ont des systèmes de protections identiques aux nôtres. »

Un nouveau monopole

Alors que les responsables de Calédonie ensemble et du gouvernement Germain pensaient que cette mesure passerait comme une lettre à la poste, il en est tout autre et les consommateurs l’ont bien compris. Comme l’avait indiqué Sonia Backes des Républicains calédoniens : « Dans un marché restreint, certaines protections ont du sens et sont justifiées par des questions d’emploi, de qualité pour le consommateur, de choix, etc. Dans ce cas, nous ne sommes pas dans ces situations. Nous sommes avec une entreprise qui détient environ 90 % du marché et en prenant cette mesure Stop, le gouvernement et Calédonie ensemble confirment une création de monopole, et ce, à l’encontre de l’avis de l’Autorité de la concurrence, autorité qu’ils ont passée depuis des mois à défendre ! »

Les Républicains calédoniens en pro tent pour dire que « si les Calédoniens, nous font con ance en mai prochain, nous reviendrons sur cette décision inique. »

C.S

(voir aussi rubrique économie)