L’accès aux soins plus compliqué qu’en Métropole

Alors qu’en Métropole le virage ambulatoire du système hospitalier est en place, en Nouvelle-Calédonie, la question est tout autre. Sachant que le temps de transport vers une structure hospitalière peut aller jusqu’à quatre heures, peut-on éviter l’hospitalisation de longue durée et avoir des soins à la maison ?

Éviter l’hospitalisation lorsqu’il est possible de faire autrement est une proposition qui peut recueillir un large consensus. Lorsqu’on est malade ou alité après un traumatisme, on se sent mieux chez soi, entouré des siens.
Pour les responsables hospitaliers, ce « virage ambulatoire » est tout aussi intéressant. Tout ce qui peut réduire la durée moyenne de séjour dans un établissement contribue à l’équilibre budgétaire des hôpitaux. Cette baisse est pratiquée dans la plupart des pays européens et est aussi la volonté du nouveau Médipôle de Koutio qui est de « privilégier l’ambulatoire », comme l’avait indiqué son conseil d’administration lors de l’ouverture de l’hôpital, fin 2016. Mais avant de parler de virage ambulatoire ne faut-il pas se demander si les Calédoniens peuvent béné cient de soins adaptés à domicile ? En regard à la répartition médicale du territoire et des économies demandées par le plan de santé Do Kamo, cela semble di cile.

À quatre heures de l’hôpital
Pour bénéficier de soins adaptés à domicile, la question de l’éloignement est primordiale. Si l’on trouve un médecin ou un infirmier dans chaque agglomération, en brousse, il faut s’orienter vers le dispensaire pour bénéficier de soins médicaux et paramédicaux adaptés. La répartition médicale est différente de la Métropole, la densité de la population expliquant cela, 14 habitants par km2, contre 61. En Nouvelle-Calédonie, en milieu reculé comme en tribu, un malade peut se trouver jusqu’à quatre heures d’un service ou d’un professionnel de santé. L’accès aux soins est donc différent de celui de Métropole et il paraît difficile d’entrevoir un virage ambulatoire sans inévitablement parler de fracture sociale. Plus on vit loin d’un hôpital, plus les soins à domicile coûtent cher au malade, à la Cafat et à la société civile. Un constat confirmé par le dernier Baromètre santé qui indique qu’un « quart des Calédoniens limite ses visites auprès des professionnels de santé en raison des difficultés d’accès (transport, éloignement) et le coût des consultations ».

L’accès aux soins des Calédoniens
Si parler de virage ambulatoire semble prématuré sur le territoire, l’accès aux soins est d’un bon niveau, même si les patients ont des di cultés à consulter en raison de l’éloignement. En regardant les chiffres du dernier Baromètre santé, « parmi les personnes malades au cours des douze derniers mois, huit sur dix ont consulté quelqu’un, principalement les médecins généralistes privés (75 %), les médecins spécialistes (22 %) et
les médecins généralistes de dispensaire (18 %). Les femmes sont plus nombreuses (88 %) à déclarer avoir consulté en cas de maladie que les hommes ». Mais il est intéressant de voir aussi que, comparativement à la Métropole, les Calédoniens utilisent surtout les médicaments traditionnels. « Ils sont 53 % à utiliser des hyariks, décoctions, cataplasmes, purges, fumigations… et 23 % l’homéopathie et les plantes. 83 % ont déclaré également acheter des médicaments de pharmacie avec principe actif (ex : Doliprane) pour se protéger et se soigner. »