La méthode Gygès : «On ne fait pas de la politique contre les gens»

Christopher Gygès ne cesse de multiplier les actions depuis le début de son mandat au sein du gouvernement Germain. Celui qui faisait figure de petit nouveau, il y a quelques mois, a su pousser les portes pour imposer son style et a cher des résultats dans une institution qui semble plutôt à l’arrêt. Comment expliquer cette réussite ? Peut-on parler de méthode Gygès ? En quoi est-elle différente de celle du gouvernement ? Nous avons voulu en savoir plus en rencontrant l’élu.

Christopher Gygès, membre du gouvernement depuis décembre 2017, est en charge d’animer et de contrôler le secteur de la protection sociale, de la famille, de la solidarité et du handicap et de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse. Nouvel entrant du XVe gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, il s’est cependant rapidement saisi de dossiers importants en produisant du concret, comme la mise en place de l’indexation du complément retraite de solidarité sur l’inflation, la carte seniors, du portail handicap.nc, du Conseil de la famille, mais encore en créant un poste d’ambassadeur du handicap ou en débloquant 300 millions pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap.
Pour lui, l’explication est simple : « Je n’ai pas menti aux gens. Au début de mon mandat, j’ai annoncé aux interlocuteurs de mon secteur ce que je pouvais faire ou non. Je ne leur ai jamais dit, par exemple, que j’allais baisser de 15 % les prix alors que je ne pouvais pas le faire. Dès lors que l’on est honnête, cela fonctionne. Après, il suffit de travailler main dans la main pour avancer et produire. »

Une méthode

Au regard des résultats obtenus en si peu de temps, on peut se demander s’il y a une méthode Gygès. Une méthode qui est saluée par les partenaires sociaux, salariés et représentants du patronat. « Au-delà, comme je le disais de l’honnêteté, il faut dialoguer avec les gens et se déplacer sur le terrain pour proposer, précise l’élu. Je me déplace beaucoup. Je veux être à l’écoute de la population, discuter pour aboutir à des décisions conjointes, concrètes et réalisables. Il faut aller sur le terrain pour voir le quotidien des gens, des associations, des entreprises et pour l’améliorer. » En exemple, Christophe Gygès met en avant la question de l’insertion professionnelle pour les personnes en situation du handicap ou les contrats pour les sportifs qui étaient dans les tiroirs depuis des années. « Nous avons travaillé avec tous les partenaires de ces dossiers, main dans la main, et notre travail a abouti en seulement deux mois, alors que rien n’avait été fait depuis des années. Il faut dorénavant que les politiques se concentrent sur des objectifs qui servent vraiment aux gens. »

En opposition avec le gouvernement

Au fil des mois, une opposition de style et de résultat est née entre la méthode Gygès et le gouvernement. Du moins, et nul ne peut le nier, avec le président même de l’institution. Les dossiers tels que le plan de santé Do Kamo, la situation du Ruamm ou la TGC en sont les plus beaux exemples. La méthode de Christopher Gygès est donc en totale opposition avec le gouvernement en place. Elle passe par le dialogue social au pied de la lettre. Pour l’élu, il ne faut pas de passage en force. « Je prends l’exemple de la réforme de la gouvernance sociale. Elle est indispensable, mais aller contre les partenaires sociaux, c’est faire perdre du temps à la réforme. C’est une question de respect avec les interlocuteurs. On ne fait pas de la politique contre les gens. »

L’objectif, selon lui, est de faire de la politique « pour améliorer le quotidien de la population et la situation de la Calédonie. Le pouvoir en place fait de la politique contre la population et détruit ainsi toutes les valeurs qui ont construit un jour la Calédonie. On peut avoir des désaccords avec ses interlocuteurs, mais c’est ensemble que l’on trouve les solutions. Je suis dans l’opposition de la méthode Germain. » Et quand on demande si c’est une méthode Gygès, l’élu répond sans hésiter : « Non, c’est la méthode des Républicains calédoniens. C’est celle du changement, celle où ensemble, on trouve les solutions pour le bien de tous !»

L’heure du changement

Quand on demande à l’élu si cet appel au changement, à l’écoute, la réflexion, la consultation et cette méthode des Républicains calédoniens sont une question de génération ou d’éthique, il répond : « Je pense que l’on est arrivé à la n d’une génération d’hommes politiques. Une génération qui a tout connu, mais qui est au bout de l’Accord de Nouméa. On est arrivé au temps du changement pour avancer. Et pour cela, il y a la nécessité d’une nouvelle génération. Ce sont des cycles, car je suis certain qu’il ne faut rester trop longtemps en politique parce que l’on perd l’envie de faire. »

Ses priorités

Concernant ses secteurs, l’élu, comme il l’avait annoncé en début de mandat, souhaite aller au bout du schéma handicap. « Il sera terminé en fin d’année », précise-t-il. En ce qui concerne la retraite, le dossier des complémentaires est aussi à l’étude. Sur la question de la famille, Christopher Gygès s’est exprimé récemment en invoquant la piste de la suspension des allocations familiales en cas de récidive d’actes de délinquance des enfants. « Je multiplie les échanges avec les acteurs du Conseil de la famille pour, ensemble, faire des propositions concrètes et efficientes et construire un projet de loi équilibré qui sera déposé en janvier. » Avant de préciser : « Il faudra que cela soit une épée de Damoclès pour justement éviter d’y arriver. Aujourd’hui, nous avons des suspensions d’allocations familiales pour des enfants qui ne vont pas en cours. Moi, je souhaite le même principe pour les enfants qui commettent des délits. Ce n’est pas normal que des enfants de 12, 13, 14 ou 15 ans soient dans les rues, passé 22 heures. Bien entendu, nous joindrons cette mesure d’un renforcement d’accompagnement des parents. »

De véritables convictions

Christopher Gygès est un homme de conviction et il a toujours su qu’il allait entrer en politique. : « Quand j’étais en 3e, j’ai fait un exposé sur la sortie de l’Accord de Nouméa et je me souviens d’avoir indiqué que je n’allais pas subir ce qui allait se passer, mais être acteur de ce futur. C’est cela qui a guidé mon engagement politique. » Et puis l’homme tient à préciser que c’est sa rencontre avec Sonia Backes qui lui a permis de siéger au gouvernement, de montrer ce dont il était capable et en quoi il était différent. « Avec Sonia Backes, nous avons dû enfoncer beaucoup de portes car aucun cadeau ne nous a été fait. Et il en reste tout autant pour y arriver. Mais c’est grâce à elle que je suis au gouvernement aujourd’hui avec la mission qu’elle m’a confiée : que les Républicains calédoniens sont en capacité d’assumer les responsabilités si nous remportons les prochaines élections. »

Concernant l’avenir, l’homme avoue ne pas avoir de crainte sur le référendum, mais il redoute une explosion sociale, parce que « le pouvoir actuel prend des mesures qui opposent les Calédoniens, qui opposent les salariés au patronat, les syndicats. Entre-deux, il joue la division en permanence pour garder le pouvoir. Ce gouvernement a créé un désordre social extrêmement inquiétant qui a abouti à l’angoisse. Après cinq ans au pouvoir de Calédonie ensemble, on en est arrivé au doute, la peur, la division. » Et de conclure : « J’avais prévenu, il ne faut en aucun cas que Philippe Germain soit à la tête du gouvernement parce que le risque social est énorme et Calédonie ensemble est en train de mener le pays à sa perte. La Nouvelle-Calédonie a besoin d’unité et de sérénité. Calédonie ensemble apporte du désordre et de la division. C’est ma conviction et c’est celle des Républicains calédoniens ! »

C.S