La « JDC » pour évaluer le niveau de lecture des jeunes

L’Observatoire de la réussite éducative (Ore) du gouvernement mis en place en 2017 va pouvoir bénéficier des données recueillies par l’armée lors de la Journée défense et citoyenneté. Ce rendez- vous obligatoire rassemble chaque année environ 5 000 jeunes d’une même classe d’âge.

Une convention a été signée jeudi dernier entre le centre du service national en Nouvelle- Calédonie, représenté par son directeur, le lieutenant-colonel Éric Plantecoste, et Hélène Iekawé, membre du gouvernement en charge de l’enseignement. À ce jour, l’Observatoire, qui s’est notamment fixé pour objectif en 2018 d’estimer l’évolution des difficultés en lecture des jeunes Calédoniens, ne peut compter que sur les données de l’Isee récoltées en 2013. Les résultats des tests de lecture et de compréhension, menés systématiquement lors de la Journée défense et citoyenneté seront donc les bienvenus.

Des données précieuses

Si l’objectif premier de cette journée est bien d’asseoir le lien entre l’armée et la nation dans le cadre du parcours citoyen du jeune, ses actions sociales sont néanmoins essentielles. En effet, traditionnellement, elle implique le passage d’un test de lecture et de compréhension issu directement de l’Éducation nationale. Les fiches, remplies par les jeunes, permettent par ailleurs de détecter ceux qui sont en situation de décrochage (sans scolarité, sans diplôme, sans qualification, sans emploi). Quand le décrochage est avéré, ils sont reçus en entretien individuel et des solutions d’insertion ou de rescolarisation leurs sont proposées, dans l’armée ou non.

Toutes ces données nominatives sont communiquées aux organismes d’aide à l’insertion comme la MIJ ou encore à la Direction de l’enseignement catholique, de l’agriculture. Elles sont également transmises au vice-rectorat avec lequel une convention devrait très prochainement être passée. Depuis deux ans, le centre s’attelle en effet à décliner les protocoles nationaux dans le respect des lois en vigueur (loi informatique et libertés).

Pour ce qui est de l’Observatoire de la réussite éducative, l’armée transmettra des résultats non nominatifs. Seront spécifiées néanmoins des informations relatives au niveau d’études, la spécialité, le lieu de résidence, l’âge, le sexe, l’origine et l’établissement scolaire. Dans le cadre de la mise en œuvre du projet éducatif, l’Observatoire a pour mission de dresser un « état de l’école » en Nouvelle- Calédonie entre 2012 et 2016. Grâce au partenariat avec le CSN-NC, il prévoit précisément d’évaluer l’évolution des difficultés en lecture des jeunes selon le type de scolarité, le genre et le territoire de vie. Une enquête doit aussi venir se pencher sur leurs conditions de vie lors de leur scolarité au collège. Ce travail effectué, il s’agira ensuite de préconiser d’éventuelles adaptations de la politique éducative du pays.

Une situation préoccupante

Les informations dont on dispose déjà sont pour le moins révélatrices.
En 2017, les tests de la JDC ont permis de détecter 32,5 % de jeunes (1 683 personnes dont 60 % scolarisées) présentant des difficultés de lecture contre 10,5 % en Métropole et 626 élèves en situation de décrochage scolaire.

En 2013, l’enquête « Information et vie quotidienne » de l’Isee avait, quant à elle, révélé qu’un adulte sur quatre de 16 à 65 ans éprouvait des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit. 18 % des adultes, soit 29 000 personnes, ne maîtrisais pas ou plus la lecture et l’écriture. Le parcours scolaire était le principal facteur des carences en français. Et c’est aux îles Loyauté que les lacunes étaient les plus fréquentes.

Chez les jeunes, 12,9 % des 16-24 ans étaient en situation d’illettrisme, 21 % des 25-34 ans. Les performances aux tests étaient directement corrélées au niveau d’études : 55 % des illettrés, soit 16 000 personnes, avaient arrêté leur scolarité au niveau secondaire, les autres n’ayant fréquenté que l’école primaire. Souvent les personnes en difficulté cumulaient les handicaps entre la compréhension orale, l’écrit et le calcul…

C.M.


Obligatoire dès 17 ans

La Journée défense et citoyenneté est obligatoire. Les jeunes de chaque commune sont convoqués à l’issue du recensement, généralement à 17 ans. Ils ont jusqu’à 25 ans pour remplir cette obligation. Rappelons que la preuve de ce passage est nécessaire pour prétendre aux diplômes, permis de conduire, concours…

En 2017, près de 5 000 jeunes ont assisté à 121 sessions organisées sur 19 sites de Nouvelle-Calédonie.
Le taux d’absentéisme était de 20 %. Il a été sensiblement réduit cette année grâce à une communication renforcée et se situe autour de 10 %, soit la moyenne nationale.

Près de 94 % des jeunes ont été satisfaits à l’issue de la JDC et 97% ont estimé qu’elle leur avait donné une meilleure image de la Défense et des Armées.