La gestion des déchets s’organise aux îles Loyauté

Le 27 avril, les élus provinciaux voteront un projet de délibération pour réglementer la gestion des déchets. S’appuyant sur les textes en vigueur dans les provinces Sud et Nord, ce dernier va permettre d’organiser les différentes filières de tri et donc de limiter les décharges sauvages.

Le 6 avril 2016, après trois ans de travaux et une large concertation des coutumiers et de la population, la province des Îles adoptait la première phase de son Code de l’environnement, le Cepil, structuré selon la même architecture que ceux des deux autres provinces, Nord (2008) et Sud (2009), afin de garantir une certaine cohérence des règles environnementales en Nouvelle-Calédonie.

Outre les principes du code, structurels et de prise de décisions, le texte a acté des réglementations générales relatives à la protection des espaces et des espèces protégées (aires naturelles, lutte contre les espèces envahissantes, etc.) et à la gestion des ressources naturelles (encadrement de la chasse, de la pêche et des carrières).
En matière de prévention des pollutions, des risques et des nuisances, les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), telles que les garages, les stations-service, les laveries, etc ont été légiférées. Mais restaient trois autres thématiques : la conservation du littoral, la prévention des risques naturels et la gestion des déchets.

Gestion limitée

Sur ce dernier volet, pour être clair, il y a beaucoup à faire. Des centres d’enfouissement existent dans chaque île pour les déchets ménagers, dont la gestion est du ressort des communes, mais il n’y a qu’une seule déchetterie à Wé depuis 2013 et les décharges sauvages sont légion. Les collectivités organisent des évacuations ponctuelles par barges, environ une par an et par île, pour la ferraille, les véhicules hors d’usage et les équipements électriques. Mais « le coût est important (20 à 30 millions de francs par an) et il y a de grosses contraintes de transport terrestre et maritime dans les îles et la Grande Terre », souligne Ornella Kecine, chargée de la gestion des déchets au service de l’environnement de la province. « Nous sommes un peu démunis en particulier pour les objets volumineux », concède-t-elle.

Mais pour protéger la lentille d’eau douce, une « priorité absolue », trois réseaux de points d’apport volontaire (PAV) existent déjà pour les huiles usagées, les piles et les batteries à raison d’une trentaine par île, dans les écoles, les mairies ou les garages, grâce à une convention passée avec l’éco-organisme du territoire, Trecodec, et financée par la collectivité.

Responsabilité

La nouvelle réglementation va venir changer les responsabilités autour de la problématique globale des déchets et permettre l’encadrement et la mise en place de nouvelles filières et infrastructures de gestion. Dans une « vision pays », la province des Îles va, là aussi, s’aligner sur les réglementations en vigueur dans les deux autres collectivités, de sorte que les déchets, quelle que soit leur provenance, aient une destinée commune ou, à tout le moins, similaire.

La collectivité va adopter en premier lieu, la responsabilité élargie des producteurs (REP), selon le principe du « pollueur-payeur », par le biais duquel les importateurs et producteurs locaux sont responsables de la gestion de leurs produits en fin de vie. Le fonctionnement les incite à favoriser la prévention pour réduire le coût de collecte, ainsi qu’à valoriser et éliminer leurs produits. Et ils doivent aussi assurer individuellement la collecte et le traitement des déchets générés ou financer le système de gestion Trecodec conçu pour répondre collectivement aux obligations des entreprises et collectivités. Cette délibération et les textes d’application qui en découleront vont donc permettre à l’éco-organisme de prendre la main sur la gestion des déchets.

Habitudes

Le texte va aussi permettre la mise en place des six filières de déchets réglementées en Nouvelle- Calédonie : les batteries, les pneus, les piles, les huiles, les véhicules hors d’usage et les déchets d’équipement électriques et électroniques qui seront encadrés de la prévention, à la gestion en passant par le contrôle. Par ailleurs, de nouvelles infrastructures vont voir le jour : une déchetterie vient d’être finalisée à Ouvéa et sera opérationnelle cette année. Par ailleurs, le lancement des travaux pour une troisième déchetterie est imminent à Maré pour une mise en exploitation en 2018. Ces dernières permettront un regroupement final, avant Nouméa. Ensuite, l’objectif est, selon Ornella Kecine, « d’optimiser les containers d’envoi, de réguler les évacuations pour réduire le coût de ces opérations ».

La province a procédé à un inventaire de toutes les décharges sauvages et une dizaine d’entre elles ont pu être réhabilitées en 2016. Même si d’autres surviennent ailleurs, les autorités ont bon espoir que les mentalités évoluent. L’utilisation de la déchetterie de Wé, « très sollicitée », est un bon exemple comme les points d’apport volontaire, qui fonctionnent bien. La province comptera sur un gros travail de sensibilisation et de communication pour changer les mœurs. La concertation sur le sujet avec les communes et les coutumiers a déjà participé à faire connaître les différents projets.

C.Maingourd.

 

Déchetteries de Lifou et d’Ouvéa. 


Avis favorable du Cese

Le Conseil économique, social et environnemental de Nouvelle Calédonie (Cese) s’est prononcé favorablement, à l’unanimité, sur le projet de délibération ce mois-ci. Il a cependant émis diverses remarques et recommandations dont l’augmentation des points de collecte des déchets et leur ouverture les week-ends et jours féries, la nécessaire adoption d’outils mutualisés aux fins de contrôle des obligations des producteurs/importateurs/vendeurs ou encore la multiplication des approches ou actions de sensibilisation et éducation à ces différentes problématiques en s’appuyant notamment sur des notions culturelles à caractère environnemental dans des espaces de type résidence. Le texte sera présenté le 12 avril, normalement, au Comité consultatif de l’environnement (CCE).