La contraception, encore taboue

Women have a lot of birth control options

Pour célébrer la Journée mondiale de la contraception, le 26 septembre, le Comité de promotion de la santé sexuelle (CP2S) organise une exposition-concours et une conférence. Pilule, stérilet, préservatif, gel, l’occasion de faire un point sur ce que les Calédoniens préfèrent et dans quelle mesure ils utilisent les moyens de contraception.

Selon le Comité de promotion de la santé sexuelle, aucun chiffre n’a été livré, ni aucune étude menée depuis 2008 sur la contraception en Nouvelle-Calédonie.  Seules des tendances sur les moyens contraceptifs employés sont connues. Tous les professionnels de santé sont pourtant unanimes, comme le docteur Brigitte Lèques responsable du CCF, Centre de conseil familial : « Ici, c’est l’implant qui arrive en tête des moyens de contraception, devant le stérilet et la pilule. Les contraceptifs locaux ou mécaniques, préservatifs et spermicides, sont également utilisés. » Une tendance qui suit celle de métropole, cependant dans une moindre mesure.

Pour Marie Prouchandy, la responsable du CP2S, « si les moyens et les méthodes contraceptives sont connus et utilisés à l’identique de la métropole, ils le sont beaucoup moins chez les jeunes qui préfèrent encore privilégier la méthode naturelle du retrait. Et chez beaucoup de jeunes Mélanésiens et Océaniens, il faut cacher la pilule ou le préservatif, on ne parle pas contraception, c’est tabou !  »

La peur de parler

Au-delà de la « nonchalance bien connue des jeunes », comme le souligne Marie Prouchandy, « beaucoup de parents interdisent tout rapport sexuel à leurs enfants tant qu’ils sont chez eux plutôt que de les informer sur les moyens de contraception et les risques qu’ils encourent s’ils ne se protègent pas et qui peuvent déboucher sur une IVG, interruption volontaire de grossesse, ou sur une IST, infection sexuellement transmissible. » Conséquence, les jeunes parlent entres eux, les filles échangent sur la contraception et la grossesse en se fiant à de fausses idées. Tara Schubert de CP2S indique qu’en ce moment le bruit circule entre jeunes que « si on fume du cannabis, on n’a pas d’enfant ou bien que si on prend la pilule, on va se dessécher de l’intérieur, on n’aura plus ses règles ».

évolution

du comportement

Sur cette situation, la responsable du Comité de promotion de la santé sexuelle note, en revanche, une certaine évolution depuis ces trois dernières années : « Si pour les jeunes femmes la contraception reste taboue, dorénavant ce sont les garçons qui se renseignent pour leurs copines, ils s’impliquent beaucoup plus en raison du risque de grossesse dont ils ont bien compris les conséquences. » L’association dirige donc aujourd’hui ses actions dans les lycées et les maisons de quartier sur la valorisation du comportement entres jeunes, la notion de respect de son partenaire, donc de protection. Les institutions accompagnent ce type de démarche en facilitant l’accès aux moyens de contraception, depuis un mois la contraception d’urgence, appelé plus communément pilule du lendemain, est désormais disponible sans ordonnance en pharmacie et dans les infirmeries scolaires.