La Calédonie veut un nouveau logement

Les derniers États généraux du logement remontent à douze ans. La volonté du gouvernement est de donner une nouvelle impulsion au secteur du logement et, plus généralement, de changer la vision trop étroite que l’on a pu en avoir jusque-là. Reste à savoir si les institutions, les collectivités et les partenaires privés seront à la hauteur des enjeux.

 Les politiques de l’habitat étaient jusqu’à présent à peu près inexistantes. De grandes lignes avaient bien été fixées, notamment en matière de logement social, mais aucune vision intégrée d’un logement dans son environnement n’était véritablement proposée. En caricaturant un peu mais à peine, on peut dire que le concept d’urbanisme était étranger aux politiques publiques calédoniennes. Une situation d’autant plus regrettable que le logement est le deuxième poste de dépense des ménages calédoniens, juste derrière l’alimentation. Les choses ont néanmoins doucement évolué ces dernières années et l’urbanisme fait désormais partie des questionnements indispensables à tout projet d’envergure. Il n’est plus seulement question de plans d’architecte mais bien d’envisager un logement dans son environnement, en prenant en compte de multiples facteurs tels que les transports ou encore les équipements publics. Signe que les temps change, le Code de l’urbanisme est en cours d’écriture, même si cela fait déjà un bon moment. Sur un autre dossier important, le gouvernement a engagé un travail pour mettre en place une réglementation sur la performance énergétique des bâtiments (RENC).

De nombreux dossiers en souffrance

Reste à connaître les détails de cette réglementation qui pourrait permettre au gouvernement de revenir par la fenêtre après que son projet de transition énergétique a été reporté sine die par le Congrès, au mois de décembre 2015. La RENC vise notamment à réduire l’utilisation de la climatisation. Sans réels moyens ni incitations, la transition énergétique devra se contenter des discours. Il en est de même pour les transports où la voiture reste reine. En dehors de Néobus, un projet qui aura mis plus de 10 ans à se concrétiser, la promotion des transports en commun ou alternatifs est plutôt molle. Mais les enjeux portent également sur une meilleure gestion du foncier, un élément essentiel dans les coûts de construction. Entre 2006 et 2015, ils ont augmenté de 67 % alors que l’indice des prix de la construction n’a augmenté que de 28 %. Une différence importante qui s’explique en partie par la pression sur le foncier. L’intervention très limitée des pouvoirs publics pour « détendre » le marché du foncier a permis de laisser filer les prix.

Pour le secteur privé comme public, les conséquences sont lourdes. Le ralentissement des constructions a impacté fortement l’emploi dans le BTP et plus généralement la croissance économique du territoire. L’idée est donc de pouvoir relancer la construction de logements sociaux. Le développement sur terres coutumières, plus précisément la construction de logements, est également un enjeu central de ces Etats généraux. Des outils existent mais restent sous-utilisés alors que le potentiel et la superficie des terres coutumières sont très importants. Bien d’autres sujets seront également sur la table comme la fiscalité locale ou encore la répartition des compétences. Après la journée d’ouverture du 27 avril à Nouméa, les acteurs se retrouveront à Koné le 12 mai puis, à Dumbéa le 19 mai avant de se donner rendez-vous à Nouméa le 23 juin pour la présentation du plan d’actions et des orientations stratégiques.

M.D.