La Calédonie les deux pieds dans le Pacifique

Territoire français, la Nouvelle-Calédonie n’en n’est pas moins une île du Pacifique Sud. Depuis deux ans, son intégration au sein de son environnement géographique s’est accélérée. Cette année est un peu particulière puisque, après avoir accueilli la dixième conférence de la CPS à l’occasion de ses 70 ans, la Nouvelle-Calédonie en prend la présidence pour deux ans et devrait prochainement devenir membre à part entière du Forum des îles du Pacifique.

L’occasion d’échanger des mots aussi doux que des petits fours. Si les grands discours sont généralement dépourvus d’intérêt, trop édulcorés par les rabotages successifs de chaque membre, plus de quarante représentants étaient présents pour cet événement qui célébrait les 70 ans de la création de la CPS au travers de la dixième conférence de cette organisation internationale qui regroupe les pays du Pacifique. Les organisateurs ont pu compter sur la présence d’Annick Girardin, la ministre des Outre-mer, mais aussi Yukiya Amano, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique et Pascal Lamy, facilitateur de haut niveau des activités d’information sur l’après-Cotonou.
Un des points clefs de cette rencontre était précisément la discussion autour de la fin de l’accord de Cotonou, conclu en 2000 et qui encadre pour 20 ans les relations entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes, ainsi que du Pacifique. L’idée de cet accord est en quelque sorte d’apporter une aide au développement dans le but de réduire les déséquilibres entre le Nord et le Sud. S’il y a un volet social et environnemental, l’accord est également économique. Il prévoit l’abolition progressive des barrières aux échanges économiques. L’accord arrive donc à son terme et il convient de définir de nouveaux contours pour les relations à venir.

La Calédonie doit redéfinir ses relations économiques régionales
Les récentes visites de responsable européen en Nouvelle- Calédonie, comme celle de Stefano Manservis, le directeur général de la coopération internationale et du développement, au mois d’avril, allaient dans ce sens. L’enjeu est important, puisque l’Europe est le premier bailleur de fonds pour le développement dans le Paci que. En tant que tête de pont de l’Europe avec la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie est amenée à occuper une place stratégique au sein de sa région. C’est d’autant plus vrai que le territoire devrait bientôt déposer sa demande officielle d’adhésion auprès du Forum des îles du Pacifique, après l’approbation de son entrée par les Etats membres en septembre 2016.
Mais cette position de poste avancé n’a de sens que si l’on s’en sert. Après le travail diplomatique, il conviendra donc de passer à une phase plus concrète d’accords économiques – y compris avec les pays membres du groupe Fer de lance – bilatéraux ou multilatéraux. Les retards que prend la transition économique de la Nouvelle-Calédonie pourraient donc bien compliquer un peu l’ouverture des échanges qui découlent logiquement d’une plus grande intégration régionale. Mais en dehors de simples échanges commerciaux, les enjeux sont également culturels ou éducatifs via, notamment, une plus grande mobilité des étudiants dans le Pacifique.