La Calédonie fait (brièvement) la une

Pas moins de 45 journalistes extérieurs ont été accrédités pour suivre le déroulement du référendum. La presse métropolitaine, d’outre-mer et de la région Pacifique, mais pas seulement, s’est emparée du sujet. Petit florilège.

Exit les attaques de requins, les croisiéristes, The Bachelor et les espèces endémiques. C’est par le biais de son référendum que la Nouvelle-Calédonie a occupé une place non négligeable dans le flot continu des informations.
Pour la presse écrite, l’AFP dispose d’une correspondante et la situation locale a souvent été relayée par les grands médias en 2018, mais elle a bénéficié pour l’occasion de renforts. Mediapart, Le Figaro ou encore Libération ont aussi fait appel à des correspondants locaux qui, pour certains, ont assuré un suivi de la préparation de l’échéance et la présentation de ses enjeux.

Avec les envoyés spéciaux, l’événement a pu être relayé par les différentes équipes de France Télévisions, France 24, RFI, France Inter, pour ne citer qu’eux. La venue du Premier ministre, toujours accompagné de la presse, a gonflé les effectifs.
Dans la région, TNTV de Polynésie française a envoyé une équipe tout comme SBS et ABC News d’Australie, RNZ de Nouvelle-Zélande. On a également eu un large relais international via l’Associated Press (USA) avec une correspondance rédactionnelle et photographique.

On a donc parlé du référendum en Métropole, en outre-mer via Les Premières et France Ô, dans la région et au-delà, en Europe, en Asie et aux États-Unis.

Large couverture en France

Pour la Métropole, les médias se sont intéressés aux sujets de fond sur la société calédonienne, l’histoire coloniale, les disparités sociales, ethniques, l’économie. Ils ont ensuite fait état de la bonne organisation du scrutin, de la mobilisation exceptionnelle de la population et ont listé les questions qui se posent à l’issue du scrutin.

Mediapart note que « la défaite » a un « goût de victoire pour les indépendantistes », France 24 nous dit que « Le rêve de Kanaky n’est pas mort » et que la question de l’autodétermination divise « jusqu’aux plus jeunes ». Le Monde juge que le référendum « rebat les cartes » et que les loyalistes, qui tablaient sur « un essoufflement de la revendication indépendantiste », ont « probablement négligé la force du sentiment identitaire dans la communauté mélanésienne ».

La Croix estime que le référendum a fait ressurgir « les tensions issues des divisions politiques, ethniques et territoriales ». L’Express évoque, de son côté, avec René Dosière et Alain Christnatch, ce qui peut être fait dans l’attente des deux autres scrutins qui semblent se profiler : la possibilité d’avancer sur le processus d’autonomisation, par exemple avec « le choix d’un drapeau commun » ou encore sur « un changement de nom ».

RFI s’est penché sur les enjeux économiques qui se profilent, tout comme Le Point qui écrit que la Nouvelle-Calédonie doit désormais en finir avec « l’économie de comptoir ». 20 minutes rappelle, de son côté, que le Caillou est loin d’être un territoire sans importance, « entre métal et stratégie ». BFMTV note en particulier la situation tendue « en banlieue de Nouméa ».

Parallèles

Pour la Polynésie française, TNTV a fait le point après le scrutin, avec le politologue Sémir Al Wardi. Alors que l’indépendantiste Oscar Temaru trouve que les Calédoniens ont bien de la chance de pouvoir ainsi s’exprimer, Sémir Al Wardi rappelle à Tahiti combien les situations sont différentes entre le Caillou et le Fenua où la population polynésienne est largement majoritaire et où il n’y a « pas ces divisions entre les communautés ».

France info Corse relève, de son côté, les (très) nombreuses réactions des politiques locaux. On trouve cette analyse de Paul Félix Benedetti (Core in Fronte) qui voit le résultat du référendum comme un « miroir de la société calédonienne ». Il ajoute qu’« en Calédonie, comme en Corse, la question d’un corps électoral légitime se pose sur une question aussi importante que celle des peuples à disposer d’eux-mêmes ».

Presse anglophone

Dans la région, les différents supports ont aussi bien relayé l’événement, le compte rendu des résultats, les problèmes de sécurité après le vote. « La Calédonie vote non au Frexit », écrit le New Zeland Herald. En Australie, The Herald Sun rappelle les enjeux qui se jouent dans la région, géostratégiques en particulier, face à la montée de la Chine, sur lesquels avait insisté le président Macron lors de sa visite sur le territoire.

Côté britannique, le Financial Times a fait écho de la satisfaction du milieu des affaires, au sujet du choix de ce territoire qui renferme 25 % des réserves mondiales de nickel et permet à la France d’asseoir la deuxième plus grande zone économique du monde.

Plus largement on a trouvé des articles en anglais sur la Nouvelle-Calédonie dans The Times, CNN,The Economist, The Washington Post, Euro News,Aljazeera, The Wall Street Journal, Fox News, The Malaysian Insight…

Contrairement aux médias francophones, les anglophones vont généralement droit au but et se contentent de titrer sur fait que la Nouvelle- Calédonie a dit « non » à l’indépendance de la France, voire « oui » à Emmanuel Macron.

C.M.