La BD dans un sale état ?

La Baie-des-Citrons est le haut lieu du tourisme en Calédonie. Au lendemain de chaque grosse pluie, il ne fait pourtant pas bon s’y baigner. Selon les associations EPLP et Point zéro, qui ont alerté la mairie de Nouméa, les pollutions sont beaucoup plus fréquentes qu’on le pensait. Le collectif attend davantage de transparence de la part de la collectivité et qu’elle prenne surtout ses responsabilités.

Les pollutions des baies font régulièrement la une de l’actualité. La fréquence de ces pollutions par des matières fécales est loin d’être une bonne chose, tant pour la santé des baigneurs, qui se risquent dans l’eau, que pour l’image de la Calédonie. Une image de petit paradis à l’environnement préservé qui n’est pourtant pas capable d’offrir une eau propre sur sa plage la plus fréquentée.

La raison est connue depuis longtemps. Après avoir accumulé les retards en matière d’épuration, la ville s’est rattrapée en construisant deux stations ultramodernes, à l’entrée de Nouméa et la seconde du côté de Magenta. Reste que ces stations, pour fonctionner, doivent recevoir les eaux usées des habitants. Pour cela, les propriétaires doivent se raccorder à leur frais au réseau. Et tôt ou tard, ils y seront contraints, malgré leur fosse septique.

Mais le manque d’entretien des fosses septiques n’est pas le seul facteur des pollutions. Le manque de réseau séparatif entraîne le mélange et le rejet en mer des eaux de pluie et des eaux non traitées en cas de fortes précipitations. La mise aux normes de l’assainissement nouméen est en cours mais prendra encore des années.

À qui appartient le tuyau ? 

Du côté de la Baie-des-Citrons, qui a attiré l’attention des associations EPLP et Point zéro, il semblerait que le problème ne soit pas lié au réseau. « Nous nous sommes aperçus qu’il y avait un émissaire cassé, détaille Martine Cornaille, la présidente d’EPLP. Nous avons donc considéré qu’il ne remplissait plus son office. Il était construit pour assurer une dilution suffisante à plusieurs dizaines de mètres des baigneurs, ce qui n’est plus le cas ».

La mairie, qui a accepté l’invitation des associations, s’est rendue sur place pour constater les dégâts. Elle oppose toutefois au collectif que le tuyau est privé et qu’elle ne peut donc pas intervenir. Un argument qui a laissé pantois Martine Cornaille et Jacky Mermoud, représentants les deux associations. Selon eux, s’il s’agit d’un émissaire privé, la mairie doit procéder aux mises en demeure nécessaires.

De la même manière, les associations s’interrogent sur la nature de l’émissaire. Selon la municipalité, il s’agirait d’une canalisation d’eau pluviale, sauf qu’après neuf jours sans pluie, le collectif a constaté l’écoulement continu d’un liquide « pestilentiel, probablement constitué d’eaux noires », autrement dit des eaux contenant des matières fécales. Les premières analyses réalisées indépendamment montrent une présence d’ammonium (une substance pas réellement dangereuse pour la santé mais qui, en contact avec la peau peut provoquer des rougeurs ou des nausées et des vomissements en cas d’ingestion) et une demande chimique en oxygène* (DCO) quatre à six fois supérieure aux normes, ce qui traduit une pollution par des matières organiques, estime Martine Cornaille.

Des pollutions fréquentes

C’était précisément l’objectif du nouveau prélèvement effectué mardi par les associations que de démontrer la présence de pollution bactériologique, une présence entraînant la fermeture de la plage. Car en parallèle, de ces actions, EPLP a demandé la communication des analyses réalisées par la Dass sur l’ensemble de l’année 2014. « Nous les avons demandées depuis des mois sans résultats. Nous attendons la fin des délais légaux avant de saisir la commission d’accès aux documents administratifs », prévient la présidente d’EPLP qui redoute que la plage ait dû être fermée la majeure partie de l’année.

On se souvient en 2013 de la présentation d’une étude d’un chercheur néo-zélandais sur la qualité des eaux de l’Anse-Vata. Il déconseillait très clairement de s’y baigner en raison de la présence récurrente de virus responsable de la gastro-entérite. On espère que ce n’est plus le cas et surtout que l’expertise demandée par la mairie de Nouméa sur l’origine des pollutions de la Baie-des-Citrons aboutisse rapidement.  

*La demande chimique en oxygène est une des principales mesures de la qualité de l’eau. Elle permet d’évaluer la charge polluante en mesurant la quantité de substances organiques restant dans l’eau.