Implosion de la plateforme : couru d’avance !

Un an après sa création, entre les deux tours des élections législatives, la plateforme Gomès-Frogier-Yanno a volé en éclats mercredi dernier. Le Rassemblement-Les Républicains, le Mouvement populaire calédonien et Tous Calédoniens ont décidé de la quitter avançant qu’elle « s’est vidée de sa substance ». Ce qui a entraîné la création d’un nouveau groupe loyaliste au Congrès.

L’implosion de la plateforme n’était pas une surprise depuis que Sonia Backes, Pierre Frogier et Thierry Santa avaient décidé de quitter, il y a une quinzaine de jours, le groupe de dialogue accusant Calédonie ensemble de négocier un accord politique avec les indépendantistes « dans le dos des Calédoniens ».

Suite logique de ces querelles, la plateforme loyaliste Gomès-Frogier-Yanno a ainsi volé en éclats, le Rassemblement-Les Républicains, le MPC et Tous Calédoniens décidant de la quitter pour s’engager pour un non massif à l’indépendance le 4 novembre, dans la perspective de la consultation référendaire.

Clarté et sincérité

Cette recomposition politique répond, comme l’avance Pierre Frogier, à « un impératif de clarté et de sincérité ». Le président du Rassemblement dénonce « une plateforme de l’enfumage » et conteste toute légitimité au G10. « Sa seule légitimité est d’avoir été choisi par l’État, ce même État qui ne veut pas se prononcer sur la question du référendum. Nous renonçons dé nitivement à participer à toutes négociations au sein du G10 qui visent à affaiblir la voix des Calédoniens qui s’exprimeront le 4 novembre prochain. »

Le Rassemblement, accompagné du MPC, s’est retiré donc du G10 et, dans la suite logique, de la plateforme qui avait été créée il y a un an avec Calédonie ensemble. « Une plateforme vidée de son sens », où « Calédonie ensemble s’est rapproché du Palika contre l’intérêt des Calédoniens », souligne Thierry Santa.

Le « non » massif

La motivation du Rassemblement, du MPC et de Tous Calédoniens est maintenant de développer leurs efforts pour un « non » massif au référendum. « C’est l’essentiel, souligne le vice-président du MPC, Gil Brial, car l’objectif aujourd’hui est d’avoir de la clarté. Il y a d’un côté les loyalistes, qui sont pour un petit non, et d’autres, qui sont pour un non massif à l’indépendance. Notre objectif est de créer une nouvelle dynamique pour obtenir un résultat le plus large possible contre l’indépendance le 4 novembre. »

Le MPC qui semble se scinder en deux avec, d’un côté, la grande majorité des adhérents du parti emmené par Gil Brial qui, lors d’un conseil politique, ont décidé de sortir de la plateforme, et de l’autre, seul contre tous, Gaël Yanno, qui a annoncé clairement son intention de maintenir sa participation au groupe de dialogue, en dépit des choix faits par le parti qu’il préside. À ce sujet, un congrès pourrait être organisé au sein du MPC, en juillet, où il pourrait être question du renouvellement du mandat du président du parti. Quelques jours seulement avant l’élection du président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie où Gaël Yanno, « par entente » plateformiste, devrait succéder à Thierry Santa. Mais la plateforme ayant volé en éclats, quid de l’avenir de Gaël Yanno au perchoir ?

Puisque l’on parle du Congrès, justement, la conséquence directe de l’implosion de la plateforme loyaliste est que l’intergroupe constitué boulevard Vauban est également dissous et un troisième groupe loyaliste a ainsi vu le jour. Il y a désormais Calédonie ensemble, Les Républicains calédoniens de Sonia Backes et, enfin, le nouveau groupe baptisé Rassemblement-Les Républicains-MPC, composé des cinq élus du Rassemblement-Les Républicains et de Gil Brial.

Les réactions du G7

Plus de G10, place au G7, et concernant la décision du Rassemblement-MPC-Tous Calédoniens, Calédonie ensemble a tenu a simplement s’effacer devant le texte fondateur de la plateforme, signé en 2017. Le président de Calédonie ensemble, Philippe Gomès, a insisté sur le paragraphe qui promettait un dialogue approfondi avec les indépendantistes comme pour se justifier : « Nous n’avons pas un mot à retirer à ce texte », a-t-il affirmé, accusant ceux qui « s’écartent du dialogue » et « flattent la radicalité de leur camp » de faire « peser un risque sur la paix civile ». Calédonie ensemble indiquant dans un communiqué, ce qui en a fait sourire plus d’un au regard du sérieux de cet éclatement : « Notre mouvement a une quille et un cap. Nous ne sommes pas, contrairement à d’autres, comme une noix de coco qui avance en fonction du vent et des vagues. » Calédonie ensemble : « Désormais, plus que jamais, le dialogue repose, chez les non indépendantistes, sur les épaules de Calédonie ensemble. »

Du côté des indépendantistes, Daniel Goa du groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès estime que « ce départ est la suite logique des événements qui se sont produits lors de la réunion du G10 » alors que pour le Palika, certains partis politiques sont déjà tournés vers l’après- référendum et les élections de 2019 : « C’est une fuite en avant, une opération de diversion orchestrée par le Rassemblement. »


« C’était écrit à l’avance »

Pour le parti de Sonia Backes, cet éclatement de la plateforme Gomès- Frogier-Yanno était annoncé : « Finalement incapables de se mettre d’accord entre eux, les membres de la plateforme ont divorcé avec pertes et fracas, après avoir fait le constat de leur échec mutuel. Au final, comme la majorité des Calédoniens l’avait compris dès le début, la plateforme n’aura été qu’une excuse pour se répartir des postes. »

Concernant Calédonie ensemble, les Républicains calédoniens précisent que « l’échec de cette entente intéressée montre aussi qu’il y a bien désormais à côté des loyalistes, qui veulent laisser les Calédoniens décider librement de rester dans la France le 4 novembre, un parti « nationaliste » qui cherche à signer à tout prix un deal avec ses alliés du FLNKS pour nous engager vers une forme de souveraineté qui nous éloigne de la France ».

Et de conclure : « Le bilan des errements de la plateforme et de ses acteurs, c’est d’avoir inutilement divisé le camp loyaliste et fait perdre du temps à la campagne contre l’indépendance dans la dernière année avant le référendum (…) Les Républicains calédoniens prennent acte de cette clarification et en sortent confortés dans leur conviction que c’est aux Calédoniens, et à eux seuls, de se prononcer le 4 novembre pour leur maintien dans la France. »

C.S