IEOM : 2018, une année en demi-teinte

L’Institut d’émission d’outre-mer a publié une note de conjoncture sur l’année 2018. Le document distingue deux phases, l’une plutôt favorable, qui a précédé à une autre nettement moins en raison de fortes incertitudes.

La santé économique de la Nouvelle-Calédonie n’a pas fini de faire couler de l’encre. L’Institut d’émission d’outre-mer est le dernier à s’être penché sur la question avec la récente publication d’une note de conjoncture pour 2018. L’analyse distingue deux périodes assez nettes. La première s’étalant sur les deux premiers trimestres de l’année 2018 et plutôt favorable à l’activité. La deuxième l’est nettement moins en raison de nombreuses inquiétudes et incertitudes.

L’indicateur du climat des affaires s’établit à 87,5 $ en moyenne sur l’année, « un niveau éloigné de sa moyenne de longue période traduisant une conjoncture économique morose et fébrile », relève l’institut.

La note présente les différentes composantes du système économique calédonien et notamment le marché de l’emploi. Si le nombre de salariés a progressé dans la fonction publique ces dernières années, notamment en raison d’un plan d’intégration validé par le Congrès en 2014, ce n’est pas le cas dans le privé. En dehors du secteur des services qui gagne quelques emplois en 2018, du commerce ainsi que de l’industrie qui en reprend également quelques-uns, tous les autres secteurs voient rouge. C’est tout particulièrement le cas du BTP qui ne parvient à contenir l’hémorragie. En trois ans, le nombre de salariés a fondu de 9 %. Même l’emploi dans l’agriculture, qui avait connu un bond avec le lancement de la politique publique agricole de la province Sud en 2015, retrouve quasiment son niveau de 2015.

Incertitudes à long terme

L’IEOM relève également une certaine maîtrise de l’inflation mais, dans le même temps, une consommation des ménages plutôt morose. Un mauvais signe dans le sens où la consommation des Calédoniens est le principal moteur de la croissance du territoire. Selon l’IEOM, l’inflation relativement contenue et des taux de crédit relativement bas permettent de limiter le ralentissement de la consommation.

En matière de commerce extérieur, l’institut souligne que 2018 constitue un point haut du taux de couverture avec 69 %. Autrement dit, 69 % des importations ont été couvertes par les exportations. Cette réduction du déficit commercial marque une reprise d’activité économique essentiellement liée à l’activité minière et métallurgique.

En conclusion, l’IEOM donne quelques éléments quant aux perspectives pour 2019. Il estime que l’incertitude rencontrée fin 2018 risque de perdurer, notamment en raison des échéances électorales. Le calendrier électoral pourrait bien continuer de peser sur le marché de l’emploi, selon les analystes. Ils notent toutefois que le déblocage de grands chantiers, la remontée des cours du nickel ou les taux d’intérêt bas seraient de « nature à entraîner une certaine résilience de l’économie ». Mais au-delà des horizons de court terme, l’IEOM pointe le manque de relais de croissance. Au cas où le nickel ne serait pas au rendez- vous, l’économie calédonienne pourrait faire face à de profondes difficultés.

M.D.