Hépatite B : un problème de santé publique

Afin de sensibiliser le grand public, ainsi que les professionnels de santé sur les risques et les évolutions de la maladie, la Journée mondiale contre l’hépatite a été relayée en Nouvelle-Calédonie fin juillet. Une initiative d’autant plus nécessaire que le virus est encore bel et bien présent sur le territoire malgré la vaccination obligatoire des bébés. Dix personnes en moyenne décèdent d’un cancer du foie lié à l’hépatite B chaque année.

L’ hépatite fait moins peur que d’autres maladies virales comme la tuberculose ou le sida. Et pourtant, en 2015, cette infection virale qui s’attaque au foie a provoqué 1,34 million de décès dans le monde, un chiffre comparable à celui de la tuberculose et qui dépasse celui du VIH. Car si le virus de l’hépatite disparaît seul dans 90 % des cas, sa forme aiguë peut être mortelle. La multiplication du virus dans le foie peut, en effet, provoquer une cirrhose ou un cancer du foie. En organisant une Journée mondiale contre l’hépatite le 28 juillet, l’Organisation mondiale de la santé a voulu ainsi braquer les projecteurs sur cette maladie en progression.

En Nouvelle-Calédonie, on trouve les trois formes d’hépatite, A, B et C, mais c’est l’hépatite B qui pose un problème de santé publique et dix personnes meurent en moyenne chaque année d’un cancer du foie. Le lien entre l’hépatite et le développement de ce cancer est inquiétant, en particulier aux îles Loyauté et en province Nord où environ 80 % des personnes atteintes d’un cancer du foie sont porteurs du virus de l’hépatite B (en province Sud, la proportion est de 55 %).

Pas une maladie honteuse

Pour enrayer la maladie, la vaccination contre l’hépatite B est devenue obligatoire pour les nourrissons depuis 1999, mais le virus n’a pas disparu pour autant. 4,5 % de la population sont touchés, selon les dernières estimations de 2013. Une persistance de la maladie qui s’explique par le fait que les plus de 27 ans n’ont pas été vaccinés et qu’entre 5 et 10 % des malades sont des porteurs sains qui peuvent transmettre la maladie .

« Ici, l’hépatite B n’est pas une maladie honteuse. Les gens ne doivent pas hésiter à se faire dépister », souligne Carole Forfait, du bureau épidémiologie et statistique de la Dass. En Nouvelle-Calédonie, les premières causes de contamination sont en effet différentes de la Métropole où les populations à risque sont les toxicomanes et les professionnels du sexe. Une étude épidémiologique menée en 2015 par la Direction des affaires sanitaires et sociales pointe du doigt les tatouages réalisés dans des mauvaises conditions d’hygiène et la transmission du virus de la mère au fœtus. Les relations sexuelles non protégées arrivent en troisième position.

Rechercher les risques d’exposition au virus

Aujourd’hui, seule une personne sur 20 sait qu’elle a une hépatite. Et les dépistages se font majoritairement au cours d’examens de routine (grossesse, médecine du travail). La Dass a donc profité de la Journée mondiale contre l’hépatite pour sensibiliser la population, mais aussi le corps médical. Ainsi, tous les médecins généralistes, les hospitaliers et les dispensaires ont été invités à évaluer avec les patients les risques de contamination. Et, le cas échéant, les inciter à faire un test. Un petit cœur tatoué grossièrement est un indice, un parent malade en est un autre. Rechercher les risques d’exposition au virus est ainsi plus fiable que d’attendre les symptômes. Car il n’y en a pas toujours et, lorsqu’ils sont présents, ils ne sont pas faciles à déceler. Il peut s’agir d’une grosse fatigue, d’un début de jaunisse ou de douleurs au foie. Pour les malades atteints de complications, un traitement antiviral existe.

Loin de la défiance contre les vaccins en Métropole, l’obligation vaccinale est bien suivie ici. En 2006, 99 % des enfants étaient vaccinés contre l’hépatite B. La polémique est née dans l’Hexagone suite à une grande campagne de vaccination, lancée en 1994. Un tiers de la population française fut vacciné, un record mondial, cependant parallèlement des scléroses en plaques ont été diagnostiquées chez les jeunes et les adultes. Était-ce à cause du vaccin ? Selon un hors-série de Science&vie, paru en décembre 2016, l’augmentation du risque de sclérose en plaques, ainsi les risques de complication d’une hépatite, liés au vaccin, sont finalement très faibles. La balance bénéfice- risque n’est donc pas forcément en faveur de la vaccination pour les personnes les moins à risque. Une situation différente en Nouvelle- Calédonie où les risques sont plus importants, selon Carole Forfait. Aujourd’hui, la vaccination systématique ne concerne que les nourrissons chez qui les déclarations d’effets secondaires sont beaucoup plus rares. Quant aux deux autres formes d’hépatite, elles sont marginales. La dernière épidémie d’hépatite À remonte à 2005. Et un seul cas d’hépatite C a été déclaré en 2014.

M.R.